Effectuant son service militaire en 1900, il décide de déserter au bout de sept mois et s'enfuit à Bruxelles, puis il obtient sur intervention de Madame Simone, du ministre de la guerre, le Général André, le droit de rentrer en France, ainsi qu'une dispense d'effectuer les dix-sept mois de service militaire qu'il lui restait à accomplir[3].
En 1911, Henri Bernstein donne à la Comédie-Française la pièce controversée Après moi, dénoncée comme une œuvre « juive » et qui plus est d'un « juif déserteur », par ses détracteurs qui jugeaient qu'elle ne devait pas avoir sa place au théâtre. Cette représentation lui vaudra ainsi des manifestations tant antisémites que nationalistes comme celle organisée par Léon Daudet de l'Action française qui s'insurge moins contre la pièce que contre son auteur, à la fois en raison de ses origines juives et de son passé de déserteur.
Par la suite, Bernstein fut directeur du théâtre du Gymnase à Paris de 1926 à 1939 et y créa plusieurs de ses œuvres et des plus remarquables telles que Samson, La Rafale, La Galerie des glaces, Mélo, Le Bonheur, Le Messager… La Galerie des glaces fait l'objet en 1926 d'une publication assortie en frontispice d'un portrait de Henri Bernstein par Raymonde Heudebert (Arthème Fayard & Cie Éditeurs). Dans Elvire (1939), il dévoile au public parisien l'existence des camps de concentration à travers le personnage d'une réfugiée autrichienne (rôle créé par Elvire Popesco). Les représentations de la pièce sont interrompues par l'entrée en guerre de la France.
Avant la Seconde Guerre mondiale, il connut un regain de célébrité grâce à un duel contre Édouard Bourdet, son rival dans le même genre théâtral. Bien que marié avec Claire Martin, il vécut avec Eve Curie de 1932 à 1940.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il s'exile aux États-Unis. Il y écrivit Portrait d'un défaitiste, un portrait implacable de Pétain qui connut un grand écho dans la presse américaine. En 1941, il est déchu de la nationalité française[5]. Il vivait alors à New York au Waldorf-Astoria. Dans son ouvrage Le Soleil et les Ombres (Robert Laffont, 1976), Jean-Pierre Aumont s'est montré choqué du désintérêt manifesté par Bernstein pour la guerre et du luxe dans lequel il vivait.
Il se marie le à Boulogne-Billancourt avec Claire Marie Antoinette Martin ; leur divorce est prononcé par jugement du tribunal civil de la Seine le [7].
↑France-Soir, 1er septembre 1946, p. 3 : "Le même avion ramenait à Paris le célèbre auteur dramatique Henry Bernstein. (...) Henry Bernstein reprend, à la rentrée, la direction du théâtre des Ambassadeurs avec une reprise de sa pièce, Le Secret."
↑Mentions en marge de son acte de naissance numéro 915, registre de l'état civil de la mairie de Paris 8e arrondissement, année 1876.
Chantal Meyer Plantureux, Les Enfants de Shylock ou l'Antisémitisme sur scène, notamment L'Affaire Bernstein, Le Traité de théâtre, p. 29 et suivantes, Éditions Complexe, Bruxelles, 2005, (ISBN9782804800246).