Henri Bles[c], aussi connu sous les noms de Herri met de Bles, Herri de Dinant, Herry de Patinir, est un peintre né à Bouvignes-sur-Meuse vers 1500 et mort après 1550[b]. Son œuvre constitue un maillon important entre les maniéristes anversois, Brueghel l'Ancien et les paysagistes de la fin du XVIe siècle[2].
« J'ai peu de renseignements sur Henri, si ce n'est que ses œuvres, que l'on trouve en maint endroit chez les amateurs, témoignent de la patience et du soin avec lesquels il procédait. »
Cette information garde encore aujourd'hui toute sa valeur, car aucune source écrite mentionnant ce peintre de son vivant n'est connue à ce jour[5].
Comme Joachim Patinier, dont il est un des nombreux continuateurs, Henri Bles est un peintre d'histoire spécialisé dans le paysage.
Il utilise une chouette cachée dans ses tableaux en guise de signature[6], d'où le nom de Civetta (« chouette ») qu'on lui donne en Italie[7].
Il collabora avec de nombreux peintres parmi lesquels on peut citer : Pieter Coecke van Aelst, le Monogrammiste de Brunswick, Pieter Aertsen, le Maître de Paul et Barnabé et Lambert van Noort[8]. Avec ce dernier, il réalisa peut-être le paysage d'arrière plan du Saint Jérôme pénitent de Namur (ill. A), qui porte le monogramme LvN. Gillet et Toussaint[9], proposent de voir dans les traits du saint le portrait de Bles lui-même[10].
Sans le doute qui plane sur la participation effective de Bles dans la réalisation de ce tableau, cette proposition serait assez convaincante à la vue de son portrait (voir l'estampe plus haut) qui fut publié à Anvers en 1572 dans Les effigies des peintres célèbres des Pays-Bas de Dominique Lampson.
Son style, qui évoque Joachim Patinier, est caractérisé par un traitement plus vaporeux que ce dernier dans l'exécution des paysages. Les lointains plus flous se fondent dans la brume et les contours sont moins marqués. En outre, la vision panoramique en plongée de ses tableaux semble, avec une ligne d'horizon plus basse, moins accentuée que celle de son devancier (ill. B-C)[11].
Par ailleurs, on note une production artistique très abondante avec une iconographie stéréotypée (ill. D-E), souvent empruntée à ses contemporains[12]. Ainsi, par exemple, les personnages du premier plan de la Prédication de Jean Baptiste conservée à Dortmund[13] se retrouvent dans le tableau de Barcelone (Galerie : 7) et le Saint Jérôme pénitent de Namur (ill. B), doit beaucoup au tableau de Joachim Patinier conservé à la Kunsthaus de Zürich (ill. C). De même, les motifs qui composent les différentes scènes évoquant les épisodes bibliques d'Adam et Ève dans le tondo d'Amsterdam intitulé Paradis (Galerie : 14), sont empruntés à des estampes d'Albrecht Dürer et de Heinrich Aldegrever (ill. F, G, H et I).
Influences de Joachim Patinier et production stéréotypée.
●Paysage avec activité industrielle et fuite en Égypte, huile sur bois, 39, 2 × 73 cm, Alte Galerie des Steiermärkischen Landesmuseum Joanneum, Graz, inv. 58 (ou 101 selon RKD)[29],[30]
●Isaac bénissant Jacob, huile sur bois, 81,5 × 111 cm, Tiroler Landesmuseum Ferdinandeum, Innsbruck, inv. 958[31],[32].
●Bon Samaritain, huile sur bois, 29 × 42 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne, inv. GG_1005[33],[34].
●Enfer, huile sur bois, Ø 29,5 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne, inv. 5691[35],[36].
●Montée au Calvaire, huile sur bois, 57 × 72 cm, Gemäldegalerie der Akademie der bildenden Kunst, Vienne, inv. 548 (ill. D)[37],[38],[39].
●Prédication de Jean-Baptiste, huile sur bois, 29 × 39 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne, inv. 1004[40],[41].
●Tentation de saint Antoine, huile sur bois, Ø 16 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne[42],[43].
En collaboration :
● Henri Bles et artiste anonyme ou Marcellus Coffermans, Triptyque avec Annonciation (à gauche), Crucifixion (au milieu) et Résurrection (à droite)[g], Kunsthistorisches Museum, Vienne, inv. GG 916-918[44]
●Pèlerins d'Emmaüs, huile sur bois, 34,1 × 50,5 cm, Musée Mayer Van den Bergh, Anvers, inv. MMB 003-1 (Galerie : 3)[45],[46],[47].
●Saint Jean à Patmos, huile sur bois, 33 × 47 cm, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Anvers, inv. 5042[48],[49].
●Prédication de Jean Baptiste, huile sur bois, 86 × 120 cm, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles, inv. 3363 (Galerie : 4)[50],[51],[52].
●Paysage avec fermes et un pigeonnier[e], huile sur bois, 20,5 × 27,5 cm, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles, inv. 4704[53].
●Galères et bâtiments de guerre dans un estuaire[h], huile sur bois, 22,5 × 36 cm, Musée de l’Art wallon, Liège[54].
●Paysage, huile sur bois, 57 x 84 cm, Musée de l’Art wallon, Liège[55].
●Paysage avec la rencontre sur le chemin d’Emmaüs, 1533-1550, huile sur bois, 13,9 × 18,2 cm, Musée de l’Art wallon, Liège, inv. 608 (Galerie : 5)[56].
●Tobie et l’archange Raphaël[57], huile sur bois, 98 x 75 cm, Musée de l’Art wallon, Liège[58].
●Tentation de saint Antoine, d’après Jérôme Bosch, huile sur bois, 31,5 × 47,5 cm, Musée de l’Art wallon, Liège[59].
●Conversion de Paul, huile sur bois, 111 × 142 cm, Musée provincial des Arts anciens du Namurois, Namur[62].
●Incendie de Sodome, huile sur bois, 26 × 40 cm, Musée provincial des Arts anciens du Namurois, Namur[63],[64].
●Incendie de Sodome, huile sur bois, 25,5 × 39 cm, Musée provincial des Arts anciens du Namurois, Namur (Galerie : 6)[65],[66].
●Montée au Calvaire, huile sur bois, 5,2 × 82,3 cm, Musée provincial des Arts anciens du Namurois, Namur[10],[67].
●Multiplication des pains et des poissons, huile sur bois, 96,5 × 137 cm, Musée provincial des Arts anciens du Namurois, Namur, inv. 161[68].
●Saint Jérôme pénitent, huile sur bois, 116,7 × 81,6 cm, Musée provincial des Arts anciens du Namurois, Namur[8].
●Saint Jérôme pénitent, huile sur bois, 75,7 × 105,8 cm, Musée provincial des Arts anciens du Namurois, Namur, inv. 158 (ill. B)[69],[70],[71].
En collaboration :
● Henri Bles et Lucas Van Valckenborch, Paysage avec attaque de bandits, huile sur bois, 53,5 × 83,5 cm, banque Artésia, collection Verzameling, Liège, inv. 1243[72].
● Henri Bles (attribué à) et Lambert Van Noort, Saint Jérôme pénitent, huile sur bois, 116,7 x 81,6 cm, Musée provincial des Arts anciens du Namurois, Namur, inv. 318 (ill. A)[73].
●Paysage avec mines ou La Mine de cuivre, 1525-1527, huile sur toile, 83 × 114 cm, musée des Offices, Florence, inv. 1890 n.1051 (Galerie : 12)[108],[109],[110].
↑ a et bL'année de mort d'Henri Bles est inconnue. Les sources (voir #Liens externes) divergent mais indiquent généralement une dernière activité entre 1551 et 1566.
↑Le nom de Henri Bles peut aussi se trouver sous les graphies suivantes : Blès, de Bles, Hendrik Bles, Herri met de Bles, Blesius, Henrico Blesio, Blesij, Il Civetta, Uyl[1],[2].
↑Selon Karel Van Mander, il devait son surnom « à la touffe (bles) de cheveux blancs qu'il avait sur le front »[4].
↑Mina Gregori (trad. de l'italien), Le Musée des Offices et le Palais Pitti : La Peinture à Florence, Paris, Editions Place des Victoires, , 685 p. (ISBN2-84459-006-3), p. 304
↑Exemplaire au Rijksmuseum, Amsterdam, inv. RP-P-OB-1322.
↑Exemplaire au Rijksmuseum, Amsterdam, inv. RP-P-OB-2753.
↑Exemplaire au Rijksmuseum, Amsterdam, inv. RP-P-OB-2607.
↑Exemplaire au Rijksmuseum, Amsterdam, inv. RP-P-OB-2608.
↑Très abondantes, dispersées et parfois mal documentées, les peintures de Bles forment un corpus encore hypothétique. Celui-ci a été constitué à partir des ouvrages Weemans 2013 et Tapié 2012, des bases de données de différents musées, de la base nationale Joconde et des bases à vocation internationales (BALaT et RKD).
↑Ce tableau qui illustre un passage du chapitre 21 de l'Évangile selon saint Jean est aussi intitulé Ultime apparition du Christ à ses disciples (musée) ou Pierre marchant dans l'eau vers le Christ sur la plage (notice RKD).
C. Guillet et J. Toussaint, « Les portraits de Henri Bles et de Lambert van Noort retrouvés sous les traits d'un saint Jérôme et de son lion », Annales de la Société archéologique de Namur, t. 81, , p. 12-29.
Karel Van Mander et Henri Hymans (trad. notes et commentaires de Henri Hymans), « Henri de Bles, peintre de Bouvignes, près de Dinant », dans Le livre des peintres de Carel van Mander : vie des peintres flamands, hollandais et allemands (1604), Tome 1, Paris, (lire en ligne), p. 197-202.
(en) James H. Marron (oui), Betsy J. Rosasco (oui) et Norman E. Muller (eds) (oui), Herri Met De Bles : Studies and Explorations of the World Landscape Tradition, Art Museum, Princeton University / Brepols, , 181 p. (ISBN978-2-503-50582-4)
Alain Tapié (dir.), Fables du paysage flamand : Bosch, Bles, Brueghel, Bril, Paris, Somogy éditions d'art, , 368 p. (ISBN978-2-7572-0582-2).
Jacques Toussaint (dir.), Autour de Henri Bles, Namur, Musée des Arts anciens du Namurois, , 288 p..
Michel Weemans, Herri met de Bles : les ruses du paysage au temps de Bruegel et d'Érasme, Paris, Hazan, , 319 p. (ISBN978-2-7541-0689-4)
Luc Serck, « Le château de Montaigle et le peintre Henri Bles », dans Demeures Historiques & Jardins, n° 188, 4e trimestre 2015, p. 14-23.
Gaston Hénuzet, Civetta, l'égérie du peintre, roman historique, éd. Memogrames 2019, en partenariat avec Musée des Arts anciens de Namur (ISBN978-2-930698-70-0).