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Hermann Møller ou Hermann Möller, né le dans le hameau de Hjerpsted (commune de Tonder au Danemark) et mort le à Copenhague, est un linguiste danois spécialiste en linguistique comparée et sur la théorie des laryngales.
Hermann Møller est né en Frise-du-Nord, conquise ensuite par l'Allemagne lors de la guerre des Duchés en 1864 et il fréquenta des universités en Allemagne[1]. Il enseigna la philologie à l'université de Copenhague pendant une trentaine d'années[1].
En 1883, il publia Das altenglische Volksepos in der ursprünglichen strophischen Form, « la poésie épique populaire en vieil anglais sous sa forme strophique originelle », ouvrage dans lequel il propose, notamment, que Beowulf aurait été composé selon une versification qui a été corrompue par les poètes tardifs[1].
Hermann Møller étudia la linguistique comparée entre les langues indo-européennes et les langues sémitiques. Il étudia notamment les liens entre les langues chamito-sémitiques et les langues nostratiques. Les linguistes Louis Hjelmslev et Holger Pedersen lui apportèrent une certaine reconnaissance en soutenant ses hypothèses de travail. Le linguiste français Albert Cuny rendit hommage à son confrère danois et reprit ses recherches en les approfondissant[2].
Hermann Møller reprit les travaux du linguiste suisse, Ferdinand de Saussure, sur la théorie des laryngales afin d'expliquer certains traits de la phonétique indo-européenne.
En 1878, Ferdinand de Saussure, étudiant à l'université de Leipzig, alors âgé de 21 ans, publia son Mémoire sur le système primitif des voyelles dans les langues indo-européennes. Selon Saussure, l'indo-européen aurait possédé deux coefficents sonantiques qui ont disparu en produisant deux effets : l'allongement de la voyelle précédente et un effet de coloration sur le timbre celle-ci (l'un changeant le e en a, le second le transformant en o). Il expliqua en 1892 que la chute d'un coefficent sonantique placé après la lette t explique la correspondance entre la dentale sourde aspirée du sanskrit (th) et la dentale simple des autres langues indo-européennes[3].
Aucun des néogrammairiens de l'université de Leipzig, qui étaient alors le fer de lance des études indo-européennes, n'accepta ces hypothèses de Saussure. Les critiques d'Hermann Osthoff allèrent jusqu'aux insultes envers la personne de Saussure[4]. Møller fut quasiment le seul chercheur à defendre cette théorie, il écrivit un article en ce sens en 1880 qui l'exposa lui aussi à la colère d'Osthoff[5].
Møller perfectionna nettement la théorie de Saussure :
Pendant une cinquantaine d'années, la théorie des laryngales a été largement considérée comme une « distraction pour dandy excentrique »[7]. Elle était totalement rejetée en Allemagne[9]. Mais en 1927, le linguiste polonais Jerzy Kuryłowicz annonça que la lettre ḫ en hittite apparaissait aux positions prédites par la théorie des laryngales de Møller et Saussure. Cette preuve décisive a entrainé l'acceptation générale, à notre époque, de la théorie des laryngales, selon différentes variantes, en particulier sur le nombre des laryngales : l'hypothèse de trois laryngales soutenue par Møller est la plus largement acceptée, mais selon les chercheurs, elle pourrait aller d'une seule[10] jusqu'à treize[11].
Oswald Szemerényi[12] considère que, bien que Saussure soit le fondateur des vues modernes sur le système des voyelles indo-européennes, la paternité de la théorie des laryngales revient à Møller.