Cet article présente les faits saillants de l’histoire des Maldives, un pays d'Asie du Sud-Ouest constitué de 1 199 îles, dont 202 habitées, situées à environ 451 kilomètres au sud de l'Inde : 298 km2 pour environ 400 000 habitants en 2020 (pour 200 000 en 1987), Maldiviens, parlant principalement le maldivien .
L'extraordinaire disposition des îles et leur nombre véritablement impressionnant sont directement liés à l'origine même de l'archipel, dans une grande mesure due à l'action des polypes corallifères. Il s'agit en effet de véritables bancs et récifs de corail, qui pour la plupart se sont développés selon la caractéristique structure en atoll. Ce terme, qui désigne une typique disposition en anneau de la ligne côtière, dérive d'un mot d'origine maldivienne (atholhu).
Les premiers témoignages d'habitats remontent aux VIe et Ve siècles av. J.-C. mais différentes légendes et théories scientifiques, en partie appuyées par des vestiges archéologiques, avancent l'hypothèse que les îles pourraient avoir été habitées un millénaire plus tôt. L'on trouve des témoignages écrits dignes de foi ayant trait à ces îles, laissés au Ier siècle apr. J.-C. par Ptolémée (qui dénombre 1378 îles[1]) IVe siècle apr. J.-C., par Pappus d'Alexandrie et Scholastique de Thèbes, et au VIe siècle apr. J.-C. par un autre Alexandrin, Cosme Indicopleuste.
L'histoire des îles Maldives (Divehi Rajje) remonte à plus de 2000 ans, avec une longue période bouddhiste[2]. Le pays compte plus de mille îles et atolls de corail distribués comme un collier de perles au milieu de l'Océan Indien, au sud-ouest du Sri Lanka. Malé, l'île du roi, étant une escale pratique, elle est très tôt connue des marchands arabes et selon les sources, le voyageur marocain Abu Barakaat Yusuf al-Barbari ou Sheikh Yusuf Shamsuddin, un érudit de Tabriz, sont crédités pour la conversion de l'archipel. Des liens culturels et commerciaux de plus en plus étroits avec le monde arabe ont comme conséquence l'établissement d'un sultanat le . Cependant, il faudra encore plusieurs siècles avant que l'islam devienne prépondérant sur les nombreuses îles et dans toute la société maldivienne[3].
Durant une longue période difficile à dater, les Maldives servent de banque à tous les pays de l'océan Indien utilisant le cauri (coquilles du mollusque Monetaria moneta) comme monnaie, encore aujourd'hui symbole du Rufiya maldivien. Il faudra attendre l'arrivée des Portugais au XVIe siècle et des monnaies métalliques pour que cet usage tombe en désuétude.
L'explorateur chinois musulman Zheng He, dans son expédition de 1413-1415, visite la région.
Des mesures vigoureuses sont alors prises par les sultans afin de supprimer les croyances et les pratiques non musulmanes, mesures qui vont jusqu'à la réécriture de l'histoire et le désaveu de l'héritage pré-islamique des îles. Néanmoins, les sultans continuent à employer des titres antiques en sanskrit jusqu'au milieu du XXe siècle.
Au cours des siècles, les îles ont été visitées et leur développement a été influencé par les marins des pays de la mer d'Arabie et du littoral de l'océan Indien. Les pirates Mopla de la côte de Malabar - actuellement l'État du Kerala en Inde - en firent un théâtre de leurs actions.
L'archipel est abordé pour la première fois par un européen en 1506 : l'explorateur portugais Lourenço de Almeida[1].
Le sultanat est attaqué par les Portugais en 1558 qui y bâtissent un comptoir à Malé. L'occupation portugaise, particulièrement dure et violente selon certaines sources, provoque plusieurs tentatives de rébellion, qui réussissent enfin grâce aux héroïques hauts-faits des trois frères Thakurufaan ; tandis que l'aîné est capturé et mis à mort, les deux autres mettent en œuvre une sorte de guérilla qui contraint les envahisseurs à se rendre, et Mohammed Thakurufaan est couronné sultan. Le sultanat regagne son indépendance en 1573.
En 1751, Louis de Jaucourt est l'auteur d'un article assez détaillé sur les Maldives dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert :
« [...] Il est certain que le nombre [d'îles] est grand, quoiqu’il diminue tous les jours par les courans & les grandes marées. Le tout même semble n’avoir autrefois formé qu’une seule île, qui a été partagée en plusieurs. La mer y est pacifique, & a peu de profondeur.
Entre ces îles, il y en a beaucoup d’inhabitées, & qui ne sont couvertes que de gros crabes, & d’oiseaux qu’on nomme pinguy. [...]
Le miel, le riz, & plusieurs sortes de racines croissent aux Maldives en abondance. Le coco y est plus commun qu’en aucun lieu du monde, & la banane y est délicieuse.
La religion des Maldivois est celle de Mahomet ; le gouvernement y est monarchique & absolu[1]. »
Bien que des relations commerciales étroites aient été établies avec les Hollandais après qu'ils ont mis la main sur Ceylan, les Maldives restent hors de l'influence des puissances occidentales pendant encore deux siècles, jusqu'à ce que les Britanniques se mettent à craindre que les îles ne tombent sous l'influence d'une autre puissance étrangère comme les Allemands et les Italiens qui développent leurs intérêts sur le littoral oriental de l'Afrique ou les Français sur les îles au large de la côte du sud-est.
En 1867, les îles deviennent un protectorat britannique et dépendent directement de la colonie de Sri Lanka. Les Anglais alimentent à leur profit le souvenir négatif de la courte tentative de colonisation portugaise de manière à se présenter comme une alternative préférable.
Les révolutions de palais se suivent, les sultans sont renversés plusieurs fois, et une quasi-république est établie en 1953, sans aucune réaction des autorités de protectorat. L'expérience républicaine n'est pas couronnée de succès et en 1954 le sultanat est rétabli.
Le pays connaît une pleine indépendance le en vertu d'un accord signé avec le Royaume-Uni et le sultan Muhammad Fareed Didi est proclamé roi dans le cadre d'une monarchie constitutionnelle. Les Maldives ont été admises aux Nations unies quelques mois plus tard.
Le pays devient une république dès le à la suite d'un référendum populaire du 15 mars au cours duquel 93,34 % des participants votèrent en faveur de l'établissement d'une république[4]. Ibrahim Nasir, l'ancien premier ministre, accède à la Présidence. Le roi meurt six mois plus tard. Cependant, le nouveau régime conserve des tendances monarchistes, le nouveau président est d'ailleurs de famille noble et le régime, non seulement continue à respecter le système en place des pairs, mais attribue lui-même des nouveaux pairages.
Par la suite, en revanche, la république devient très anti-monarchiste, à tel point que la recherche historique, qui pourrait établir une légitimité de descendance royale à certains maldiviens, est « fortement découragée ».
Ibrahim Nasir nomme Ahmed Zaki comme nouveau Premier ministre. En 1973, Nasir est réélu pour un second mandat et Zaki est de son côté confirmé au poste de Premier ministre par le Conseil du Peuple. En mars 1975, Zaki a été arrêté à la suite d'un coup d'état sans effusion de sang et a été banni dans un atoll isolé. Les observateurs ont suggéré que Zaki devenait trop populaire et donc une menace à la faction de Nasir. La popularité du gouvernement Nasir souffre également d'un déclin commercial dû au retrait la même année des britanniques de l'Aéroport international de Gan dont ils s'étaient réservés jusque là l'usage.
Le pouvoir autoritaire de Nasir prend fin brusquement en 1978 lorsqu'il s'enfuit à Singapour. Une enquête ultérieure a prétendu qu'il s'était enfui avec des millions de dollars du Trésor public. Cependant, il n'y a eu aucune preuve jusqu'ici et cette accusation passe pour un acte de propagande du nouveau gouvernement dans le but d'obtenir la popularité et le soutien des citoyens.
Maumoon Abdul Gayoom a été élu président des Maldives en 1978 avec 92,96 % des voix (il sera plus tard réélu cinq fois comme candidat unique). L'élection pacifique a été considérée comme marquant le début d'une période de développement économique compte tenu de la priorité accordée par Gayoom au développement des îles les plus pauvres. Malgré tout, il a dû faire face à trois tentatives de coups d'État (en 1980, 1983 et 1988), les dernières ayant pour auteurs les séparatistes tamouls du Sri Lanka (lors de la tentative de coup d'État de 1988 l'Inde vint en renfort avec 1 500 soldats).
Aujourd'hui, l'archipel bénéficie d'une certaine stabilité politique fondée sur le tourisme et l'industrie de la pêche qui sont très importants, mais les Maldives doivent porter un intérêt tout particulier aux problèmes de l'environnement, comme le réchauffement climatique de la planète, qui provoque une élévation inquiétante du niveau des mers, ce qui est alarmant pour cet archipel en raison de la très faible altitude du territoire (quelques mètres).
Lors du séisme du 26 décembre 2004 dans l'océan Indien, 187 des environ 200 îles habitées des Maldives, comptant au moment du drame 188 450 habitants et environ 17 000 touristes, ont été au moins partiellement envahies par les eaux, dont 29 % sur plus du tiers de leur surface et 35 % dans leur intégralité. Au total, 57 % de la surface habitée du pays ont été plus ou moins submergés. On a compté 82 morts et 22 disparus, 15 % de la population a été affectée par ce désastre. 12 802 personnes ont dû être déplacés. 3 997 des 29 135 bâtiments du pays, soit 14 % du total, ont été affectés par le tsunami dont 1 850 entièrement détruits. Cet État a perdu près de 60 % de son PNB, qui dépend essentiellement de la pêche et du tourisme. Au mois de mars 2005, 17 îles-hôtels étaient fermées, soit 25 % du potentiel d’accueil (17 618 lits avant le tsunami) et fin 2005, plusieurs établissements n'avaient pas rouvert[5].
Lors de l'élection présidentielle de 2008, Mohamed Nasheed est élu président de la République et Mohammed Waheed Hassan vice-président. Le , ce dernier succède au président Nasheed à la suite d’une mutinerie de l’armée et le 15, nomme Mohammed Waheed Deen au poste de vice-président.
Protectorat britannique de 1887 à 1965
Indépendance le 26 juillet 1965.