Fils d'un avocat au parlement, il conserva le titre « seigneur de Porchères » dont il avait hérité. Cela lui valut d'être souvent confondu avec un autre académicien, François d'Arbaud de Porchères, avec lequel il n'avait aucun lien de parenté. « Chacun d'eux traitait l'autre de bâtard, écrit Tallement des Réaux, et soutenait qu'il n'était pas de la maison de Porchères[3]. » Ce quiproquo venait du fait qu'un aïeul de François d'Arbaud de Porchères, nommé Jacques d'Arbaud, avait acheté le fief de Porchères à un aïeul d'Honorat de Porchères Laugier, nommé Esprit Laugier[4].
Honorat de Porchères Laugier débuta en littérature par un ouvrage en prose, Le Camp de la Place-Royale, qu'il publia en 1612. Ses poésies galantes, insérées dans les recueils du temps, le firent remarquer par Valentin Conrart et son cercle d'amis, qui l'invitèrent à faire partie de l'académie qu'ils formaient. Le , il fut reçu dans la toute nouvelle Académie française, où il prononça peu après le huitième discours, À la louange de l'Académie, de son Protecteur et de ceux qui la composent, suivi du treizième, Des différences et des conformités qui sont entre l'amour et l'amitié. C'est à la suite de son admission que le cardinal Richelieu, qui se méfiait de lui, imposa à l'Académie deux nouveaux réglements : les futurs académiciens ne pourraient être nommés sans son consentement et seraient désormais élus par billets et non plus à haute voix[5].
« Il était grand et bien fait », écrit Tallemant des Réaux, mais aussi « le plus extravagant homme du monde après M. Des Yveteaux, et le plus vain » quant à son habillement. « Jamais on ne lui vit un habit neuf, qu'il n'eût un vieux chapeau, de vieux bas ou de vieux souliers ; il y avait toujours quelque pièce de son harnois qui n'alloit pas bien. La maréchale de Thémines disoit qu'il étoit « comme le diable qui a beau se faire agréable aux yeux de ceux qu'il veut tenter : il y a toujours quelque griffe crochue qui gâte tout »[6]. » Le poète Voiture fit sur lui cette chanson satirique :
Il était cependant apprécié de la princesse de Conti, qui le recevait tous les jours et pour laquelle il composait des ballets. De cet emploi, il fit une charge qui lui rapporta une pension de douze cents écus ainsi que le titre d' « intendant des plaisirs nocturnes »[8] Son plus célèbre sonnet fut composé à la gloire de la marquise de Monceaux, qui n'était autre que la maîtresse du roi Henri IV, Gabrielle d'Estrées.
Le Camp de la Place-Royale, ou relation de ce qui s'y est passé les cinquième, sixième et septième jour d'avril, mil six cent douze, pour la publication des mariages du roi et de Madame, avec l'infante et le prince d'Espagne, le tout recueilli par le commandement de Sa Majesté (1612)
Cent lettres d'amour écrites d'Érandre à Cléanthe (1646)
↑Date et lieu de naissance établis par Léon de Berluc-Pérussis, Laugier de Porchères et Arbaud de Porchères, deux des quarante premiers de l'Académie française, lu le 19 janvier 1878, au Congrès scientifique de France, session de Nice, et le 16 avril 1879, en Sorbonne, à la réunion annuelle des Sociétés savantes, A. Masson, Forcalquier, 1880. Cité dans la Revue critique d'histoire et de littérature, nouvelle série, t. 10, 1880, p. 251-253. Son nom de baptême était Honoré de Laugier.
↑Date donnée par l'Académie française. Léon de Berluc-Pérussis indique octobre 1655. Ses contemporains le faisaient naître beaucoup plus tôt et le qualifiaient à tort de centenaire ou de quasi-centenaire.
↑Sonnet paru entre autres dans Le Parnasse des plus excellents poètes de ce temps, Guillemot, Paris, t. 1, 1607, fol. 286, et dans Le Séjour des Muses, ou la Crème des beaux vers, Rouen, 1627, p. 372. Cité par Tallemant des Réaux qui le qualifie de « sonnet ridicule ».
Gédéon Tallemant des Réaux, Les historiettes de Tallemant des Réaux : Mémoires pour servir à l'histoire du 17e siècle, publiés sur le manuscrit inédit et autographe, avec des éclaircissements et des notes, par Monmerqué, de Chateaugiron et Taschereau, vol. III, Paris, Alphonse Levasseur,