Hubert Lagardelle amorce une carrière de journaliste en créant à Toulouse la revue marxiste La Jeunesse socialiste (1895). Il adhère en 1896 au Parti ouvrier français (marxiste) de Jules Guesde. Puis il fonde Le Mouvement socialiste (1899-1914), revue théorique du socialisme, puis du syndicalisme révolutionnaire qui reste une référence dans l'histoire du socialisme français. Lagardelle est influencé par les théories de Proudhon, de Marx et de Georges Sorel. Militant socialiste, il fréquente les dirigeants de la CGT et contribue à la constitution de l'idéologie syndicaliste révolutionnaire dans les années 1904-1908.
Dans les années 1910, déçu par l'évolution de la CGT, il se retire à Toulouse dans son domaine arboricole et s'occupe de la chambre de commerce locale. Comme d'autres ex-syndicalistes révolutionnaires ou ex-membres de l'aile gauche du mouvement ouvrier (Gustave Hervé et Georges Valois en France, Mussolini en Italie), Hubert Lagardelle est tenté par un certain fascisme. En 1926, il adhère à la section de Toulouse du Faisceau de Georges Valois, le premier parti fasciste français. Benito Mussolini s'en approprie l'héritage en écrivant dans sa Doctrine du fascisme (1932) : « Dans le grand fleuve du fascisme, vous trouverez les filons qui remontent à Sorel, à Péguy, à Lagardelle du Mouvement socialiste et à ce groupe de syndicalistes italiens qui, de 1904 à 1914, portèrent une note nouvelle dans les milieux socialistes avec les Pagine libere d’Olivetti, La Lupa d’Orano, Il Divenire sociale d’E. Leone. »
Fasciné par le fascisme italien, Hubert Lagardelle assiste de 1932 à 1937 l'ambassadeur de France à Rome Henry de Jouvenel dans la tentative d'établir une alliance franco-italienne pour faire barrage à l'expansionnisme allemand. Ce sera peine perdue.
Après la défaite de 1940, Lagardelle participe à l’Institut d’études corporatives et sociales et au Centre international de synthèse. Hubert Lagardelle devient ministre du Travail du régime de Vichy dans le gouvernement Pierre Laval (avril 1942-novembre 1943). Il est à ce titre l'organisateur du STO. En 1943, il est contraint à la démission du gouvernement et devient rédacteur en chef du journal collaborateur de gauche La France socialiste. En 1946, il est condamné à la prison à perpétuité mais libéré en raison de son âge en 1949.
Christine Bouneau, Hubert Lagardelle : un bourgeois révolutionnaire et son époque, 1996, thèse.
Christine Bouneau, "Hubert Lagardelle, acteur et témoin du régionalisme dans le Sud-Ouest", Annales du Midi, Editions Privat, 1992, pp.195-218 ⟨hal-02299494⟩
Christine Bouneau, Hubert Lagardelle, un bourgeois révolutionnaire et son époque (1874-1958), Eurédit, 2000 ⟨hal-02299473⟩
Christine Bouneau, "Fascination italienne et mission à Rome d'Hubert Lagardelle, un intellectuel français dans son siècle", in Nicolas Champ, Claire Laux et Jean-Pierre Moisset (dir.), Contributions à une histoire du catholicisme. Papauté, Aquitaine, France et Outre-Mer. Mélanges offerts à Marc Agostino, Karthala, 2013, pp.331-356 (hal-02306447)
Zeev Sternhell, La droite révolutionnaire, 1885-1914, Seuil, 1978.