Hubert Latham (Arthur Charles Hubert Latham) est un pionnier de l'aviation, titulaire du brevet de pilote no 9 en 1909, né à Paris8e le [1] et mort près de Fort-Archambault, actuel Sarh (Tchad), le [2].
Son premier exploit aérien est une traversée de la Manche en ballon, avec son cousin Jacques Faure les 11 et . Tous deux s'envolent du Crystal Palace à Londres le à 18 h 45, installés dans la nacelle de l'Aéro-Club II, pour rejoindre la région parisienne le à 1 h 15, se posant entre Saint-Denis et Aubervilliers, soit un trajet de 344 kilomètres[4].
En 1906-1907, il mena ensuite une expédition d’exploration accompagné d’amis en Abyssinie (Éthiopie), au cours de laquelle il collecta pour le Muséum national d'histoire naturelle à Paris et entreprit un travail de repérage géographique pour l’Office colonial français. Ses voyages se prolongèrent en 1908 lorsqu’il partit pour l’Extrême-Orient avant de retourner en France.
En 1908, il assiste à l’un des vols de Wilbur Wright et décide d'apprendre à piloter sur monoplan Antoinette.
En 1909, il est employé comme pilote d'essai de la société Antoinette et il remporte plusieurs trophées : endurance, distance, vitesse, hauteur, empochant 50 000 francs au meeting de Reims-Bétheny. Il tente la traversée de la Manche le 19 puis le , échouant à cause de pannes moteur, à une quinzaine de kilomètres des côtes anglaises la première fois et tout proche des falaises de Douvres la deuxième fois[5].
Sa carrière d’aviateur (d’après des journaux de l’époque)
Elle commença en 1909 par une double tentative de la traversée de la Manche. Ces tentatives firent de lui quelqu’un de très populaire. Deux fois, il essaya le difficile exploit, deux fois il échoua.
Lors de sa première traversée, le le moteur Antoinette, très avancé techniquement (un des premiers systèmes d'injection fonctionnels), tomba en panne au tiers de la distance, obligeant Latham (qui ne savait guère nager) à se poser sur l'eau... Tiré au fond par le poids du moteur, l'appareil coulait cependant suffisamment lentement pour que le torpilleur Harpon, de la Marine nationale, qui l'escortait, puisse rejoindre Latham (perché sur la queue, il grillait flegmatiquement une cigarette) et élinguer son appareil. La seconde fois, il échoua au port, si l’on peut dire, à moins de 500 mètres de la côte anglaise. C'était le . Le 25 de ce même mois, Louis Blériot avait réussi cet exploit et recevait le prix du Daily Mail pour cette traversée de Sangatte à Douvres. Voir la stèle retraçant l'échec de Latham et la réussite de Blériot dans le parc Clément-Ader, à Muret (Haute-Garonne).
Le premier, il survola une grande ville d’un bout à l’autre, en allant de Johannisthal à un autre faubourg de Berlin, passant ainsi au-dessus de la capitale prussienne.
C’est à lui que, lors de la Grande Semaine d'aviation de la Champagne, fameux meeting de Reims, fut offerte, le , la somme de 10 000 F constituant le Grand Prix décerné par Le Petit Journal, attribué à celui des aviateurs ayant accompli avec des aéroplanes les performances les plus remarquables.
Le , Hubert Latham établit le nouveau record du monde de hauteur : 475 mètres avec son monoplan Antoinette[6].
Hubert Latham se signala encore à l’admiration de la foule de Blackpool, en Angleterre, en volant pendant une tempête terrible. Enfin, le , à Mourmelon-le-Grand, il continuait la série de ses vols en hauteur, battant encore ses précédents records en atteignant 1 100 m d’altitude.
Le , Hubert Latham remporte la course Nice – Cap Ferrat et retour en 16 min, 46 s, 3/5 dans le cadre du meeting d'aviation de Nice[7].
Le , Hubert Latham est l'auteur à Bétheny du nouveau record de hauteur, ayant atteint officiellement 1 384 mètres avec un monoplan Antoinette (son baromètre indiquait pour sa part 66 mètres de plus !)[8]
Enfin, les Parisiens assistaient à une nouvelle prouesse de leur aviateur préféré. Hubert Latham suivit les rives de la Seine et doubla la tour Eiffel, en passant au-dessus du Grand Palais.
Une magnifique randonnée lui valut le prix de 25 000 F du Daily Mail, destiné à l’aviateur ayant parcouru la plus grande distance à travers champs.
Il devient instructeur et aura Marie Marvingt parmi d’autres femmes comme élèves.
Le , Latham réalise un bel exploit qui peut prêter à sourire mais qui est tout ce qui a de plus sérieux et qui est d'ailleurs une de ses plus grandes fiertés : c'est ainsi qu'il devient en ce jour le premier aviateur à avoir tué un oiseau en vol (canard) aux commandes de son aéroplane, ce dernier utilisant un fusil calibre 20. Canard qui sera d'ailleurs empaillé par le comte Jaro Von Schmidt en souvenir de cette performance ô combien insolite[10].
Latham réalisait des vols et surtout des virages d’une audace incroyable. Il n’en prenait nulle vanité et disait avec une insouciance où se mêlait quelque tristesse : « ma témérité n’est que de l’indifférence. Je sais que les médecins m’ont condamné ; je mourrai jeune. Mourir pour mourir, j’aime autant finir dans une chute d’aéroplane ! »
Il est mort jeune, en effet, le courageux sportif, mais non point comme il croyait et comme il eût voulu mourir.
Il meurt en 1912 en Afrique-Équatoriale française à 29 ans. Le journal que Latham a tenu au cours des dernières semaines de sa vie dans le bush africain montre son malaise quant au manque de discipline au sein de son équipe de porteurs, et son inquiétude face à la violence et aux conflits qui dominaient cette région administrée par les militaires. L’enquête officielle sur la mort de Latham n’a pris aucun compte ni de ses avis ni de doutes, et a rapporté l’incident comme étant un tragique accident de chasse. Un auteur anonyme a néanmoins rapporté, un an après, que les militaires ayant retrouvé le corps ont fait état d'une seule blessure à la tête et d'aucunes traces d'animal sauvage autour du cadavre, remettant en cause la thèse de l'accident. Le commandant du camp militaire le plus proche, qui a enquêté et interrogé les porteurs, estimait plus probable la version du meurtre de l'aviateur par l'un de ses nombreux porteurs, vraisemblablement pour lui voler son équipement, sans toutefois pouvoir le prouver.
Son buste est érigé dans la rue principale, face à la place de l'hôtel de ville, à Maillebois (Eure-et-Loir). Ses parents y possédaient le château qui est toujours propriété de la famille.
Il existe aussi une statue de Latham, haute de près de 3 mètres, œuvre du sculpteur Georges Vergez, plantée non loin de la route touristique entre Calais et Boulogne-sur-Mer. La statue est inaugurée le en présence de la mère et la sœur de l'aviateur. Louis Blériot prononce à cette occasion un discours émouvant.
Il figure au musée du lien transmanche au Mont Saint-Hubert.
Barbara Walsh (trad. Marie Monique Léoutre), Hubert Latham : un pilote méconnu, 1883-1912, Paris, Les éditions de l’officine, , 436 p. (ISBN978-2-35551-151-6)
(en) Barbara Walsh, Hubert Latham, 1883-1912, forgotten aviator : a man of his time, Dublin, Odyssey Pictures Publishing, (ISBN978-0-9547359-3-7)