Irina Ionesco, née Irène Ionesco le à Paris et morte le dans la même ville, est une photographefrançaise.
Considérée comme une « icône gothique et grande dame de la photographie érotique[1] », elle est connue pour avoir utilisé sa fille Eva, alors prépubère, comme modèle[2] et avoir été condamnée par la cour d'appel de Paris pour « sexualisation malsaine » d’une « très jeune enfant »[3].
Ses parents, des immigrés roumains venus de Constanța, en Roumanie, s'installent à Paris où Irène Ionesco naît le [4],[5]. Son père est violoniste et sa mère trapéziste l'abandonne à quatre ans, elle est donc renvoyée en Roumanie où elle est élevée dans le monde du cirque par sa grand-mère et ses oncles.
Victime d'un accident lors d'un numéro de danse à Damas, elle commence à dessiner, à peindre. Elle est, pendant quelques années, la compagne du peintre d'avant-garde néerlandais Corneille, fondateur du mouvement Cobra[6].
Elle suit des études d'art à Paris, où elle découvre la photographie en 1964, lorsque Corneille lui offre un reflex[1]. Le , son exposition à la Nikon Gallery (Paris) attire fortement l'attention[3].
Bientôt, elle est publiée dans de nombreux magazines grand public et artistiques comme L'Œil, Connaissance des arts, mais également dans certains autres magazines érotiques ou pornographiques comme Photo, Playboy, Playmen,Penthouse[7] et Normal, et recueils aujourd'hui très prisés des collectionneurs et expose dans les galeries d'art du monde entier.
L'œuvre d'Irina Ionesco est surtout connue pour ses théâtralisations de femmes savamment habillées, parées de bijoux, gants et autres atours, accompagnées d'objets symboliques comme des foulards et parfois d'autres symboles fétichistes, posant quelquefois d'une manière provocante ou érotique.
Certaines de ses photographies mettant en scène sa fille Eva, entre l'âge de 4 et 12 ans, ont d'ailleurs été qualifiées par les juges pour certaines d'entre elles « comme appartenant habituellement au registre de l'érotisme ou de la pornographie »[8]. Elle fait jouer sa fille dans deux films érotiques, Spermula et Jeux interdits de l'adolescence, dont les scènes érotiques dans laquelle elle apparaît sont par la suite censurées dans les VHS mais dont les collectionneurs recherchent les versions uncut[9].
Au cours des années 1970 et au début des années 1980, elle photographie de nombreuses personnalités, notamment Sylvia Kristel (héroïne du film Emmanuelle) ou Élisabeth Huppert pour l'édition française du magazine érotique Playboy[10], parmi d'autres modèles peu ou pas connus du tout mais qui ont contribué à l'essentiel du corpus de son œuvre photographique : Fafa, Vivianne, Maroussia, Sacha, etc.
Entre 2000 et 2012, Irina Ionesco réalise un important travail de photographie de mode pour la presse, notamment pour Vogue[3] ou Stiletto[11].
En 2011, Eva Ionesco réalise My Little Princess, un film où elle montre une enfant érotisée à l'occasion de mises en scène photographiques. Le personnage d'Irina Ionesco est interprété par Isabelle Huppert.
À la sortie du film, Eva Ionesco déclare : « My Little Princess est très en dessous de ce que j’ai vécu[12]. »
Dans le même temps, Eva Ionesco engage à nouveau un procès contre sa mère. Celle-ci est condamnée par le tribunal de grande instance de Paris le à verser 10 000 euros de dommages et intérêts[13] au lieu des 200 000 euros demandés pour atteinte au droit à l’image et à la vie privée de sa fille Eva[14] pour ces photos prises durant les années 1970 alors qu’Eva était âgée de 4 à 12 ans[13]. En revanche, le TGI de Paris déboute Eva Ionesco de sa demande de récupérer la propriété des négatifs de sa mère où elle figure et il la déboute également de sa demande de destruction de négatifs relatifs à sa personne.
Irina Ionesco a rappelé au cours de l'audience qu'aucune juridiction dans le monde n'avait jamais censuré ses photographies et qu'Eva Ionesco, elle-même, a participé, adulte, à la diffusion et à la commercialisation de ces photographies en signant des contrats d'édition sur lesquels elle touchait des redevances. Le tribunal a ainsi octroyé à Irina Ionesco le droit de conservation de l'ensemble des négatifs des photographies sur lesquelles apparaît Eva Ionesco. Celle-ci a fait appel de ce jugement.
Le , la 7e chambre du pôle 2 de la cour d'appel de Paris a rendu un arrêt[15] condamnant Irina Ionesco. La Cour, rejetant l’argument d'Irina Ionesco fondé sur la prescription de l’action, a relevé qu’à supposer même qu’il ait existé, a considéré qu'Eva Ionesco n’a pas pu donner un consentement éclairé sur l’utilisation des photographies d'elle prises par sa mère. Écartant le débat de la qualité artistique ou non des photographies visées dans l’instance, la Cour a estimé que les photographies étaient « incontestablement attentatoires à la dignité d'Eva Ionesco ». Elle a précisé que « dénudée ou non, la fixation photographique de l’image sexualisée de façon malsaine, d’une très jeune enfant ou d’une toute jeune fille ne peut qu’être dégradante pour celle-ci, quelle que soit l’intention de l’auteur ou la subjectivité du public auquel elle est destinée. »
En conséquence, la cour d'appel a prononcé une interdiction à Irina Ionesco « concernant la diffusion de toute image de sa fille sans le consentement exprès de celle-ci, toute infraction à cette prohibition l’exposant à de nouvelles saisies et demandes d’indemnisation [...]. ».
Elle désigne son petit-fils l'artiste Lukas Ionesco comme légataire universel et désigne son dernier avocat Emmanuel Pierrat comme exécuteur testamentaire.
1979 – Women on Women (Twelve Photographic Portfolio, A&W Publication, Deborah Turbeville, Karin Szekessy, Alice Springs, Sacha, Marcia Resnick, Christa Peters, Sarah Moon, Linda Benedict/Jones, Irina Ionesco, Jo alison Feiler, Shirley Beljon, Caroline Arber
1979 – La Photographie et le Charme Féminin, Éditeur Christophe Collomb, 144 p. Photographies de : Michael Boys, John Kelly, Robert Farber, John Swannell, Alan Kaplan, James Wedge, Irina Ionesco, Ray Garcia, Hideki Fujii, Uwe Omner
1982 – Le Nu Français - Éditions Jannink, 1982, Paris . Texte de Jacques Laurent, photos de Jeanloup Sieff, Edouard Boubat, Henri Cartier Bresson, Jean-Philippe Charbonnier, Lucien Clergue, Jean Dieuzaide, Robert Doisneau, Anne Garde, Irina Ionesco, J.H. Lartigue, Man Ray, Meerson, Michaud et Willy Ronis
1984 – Passions - Irina Ionesco, Michael Lonsdale & Pierre Bourgeade (Le Club Du Livre Secret & Pink Star Éditions). 69 photographies d'Irina Ionesco. 31 × 24,4 cm. Couverture souple
1991 – Méditerranéennes - Éditions Contrejour, 1991. Elysabeth Foch, préface Jean-Marie Dallet. La Méditerranée en images avec notamment : Irina Ionesco, Werner Bischof, Edouard Boubat, Jean Dieuzaide, Alberto Garcia Alix, Agnès Vard, William Klein, etc. (ISBN2-85949-124-4)
2014 – Black Forest, 50 photographes contemporains (Roger Ballen, Arthur Tress, Jœl-Peter Witkin…), Russell Joslin, Candela Books, New York
1980 – Galerie Aspects, Bruxelles • Hansen Gallery, New York (USA) • Galerie Jade, Colmar
1982 – Les Carnets d'Aryan, Galerie Créatis, Paris • Galerie Bijam Alam, Paris
1983 – Galerie Aspects, Bruxelles
1984 – Zeit Photo Salon, Tokyo
1987 – Galerie Interform, Japon
1989 – Photographies 1969-1969, Espace Photographique, Paris Audiovisuel • Rêve d’Égypte, Centre Culturel Français, Le Caire & Alexandrie
1991 – Les Immortelles, Galerie Contrejour, Paris • Kafka ou le Cercle de Prague et Le Château de Mucha à Prague, Galerie Nationale, Prague • Bursary Léonard de Vinci : Institut français de Prague
1992 – Baby Jane, Galerie Turbulence, New York
1992-1995 – Galerie De Zwarte Man, Bruxelles et Knocke-Le-Zoute