Isabelle Rommée (agenouillée et vêtue de noir) et ses deux fils devant le grand inquisiteur de France, Jean Bréhal (de dos, au premier plan). Inspiré par la Trinité (représentée dans le coin supérieur droit), le pape Calixte III (assis sur le trône pontifical) autorise le procès en nullité de la condamnation de Jeanne d'Arc, miniature du Manuscrit de Diane de Poitiers, XVIe siècle, coll. privée[1],[2].
Isabelle Rommée (ou Isabeau Rommée[3] ou Isabelle Romée selon les sources), née Isabelle de Vouthon (ou Isabelle Devouton) en 1377 et morte le , est la mère de Jeanne d'Arc.
Isabelle est originaire de Vouthon-Bas, en Lorraine, département de la Meuse, proche du village de Domrémy. Son père s'appelait Jean de Vouthon et sa sœur Aveline Rommée[A 1].
Son surnom de « Rommée » ou « Romée » proviendrait d'un pèlerinage qu'elle effectua à Rome (mais les pèlerins pour cette ville sont plutôt des « romels » ou des « romieux »), à moins que par substitution, il tienne de son pèlerinage au Puy-en-Velay (ou au Puy-Notre-Dame, une interrogation demeure) en [4]. Il peut aussi s'agir d'un sobriquet géographique, un lieu-dit[5] : il existe un étang Romé au nord de Toul, à 40 km de Domrémy[A 1].
Elle épouse Jacques d'Arc en 1405, et le couple s'installe à Domrémy. Ils y possèdent une maison et 20 hectares de terres.
De cette union naissent plusieurs enfants : Jeannette (Jeanne d'Arc), Catherine, Jacques, Pierre et Jean. En 1428, Isabelle a donc cinq enfants vivants[A 1] : eu égard à la mortalité infantile médiévale (environ 50%), on peut supposer qu'elle avait connu une dizaine d'accouchements, séparés l'un de l'autre par environ deux ans, ce qui correspondrait à la période d'allaitement. On ne sait pas si Jeanne est la dernière enfant, mais elle est la dernière survivante d'une nombreuse famille dont l'étendue est inconnue[A 1]. Isabelle donne à ses enfants une éducation catholique.
Isabelle se rend en pèlerinage « au Puy » en . Une incertitude demeure : s'agit-il du Puy-en-Velay, qui fête le jubilé de Notre-Dame à ce moment le 25, ou s'agit-il du Puy-Notre-Dame, à 34 km à vol d'oiseau de Chinon, ou elle rend visite à sa fille Jeanne le ?
De son côté, Jeanne, qui du 11 au se trouvait à Poitiers, délégua « au Puy » deux de ses compagnons d'armes, Bertrand de Poulengy et Jean de Metz, qui s'y trouvèrent le [6].
Jeanne est anoblie, comme le reste de sa famille, en décembre 1429. Isabelle déménage à Sandillon, près d'Orléans après le décès de son mari en 1440, et vit d'une pension que lui verse la ville d'Orléans[A 2]. Elle passe le reste de sa vie à œuvrer à la réhabilitation de sa fille. Elle demande et obtient du pape Nicolas V la révision du procès en hérésie : une enquête est ouverte en 1449, puis le , après le début du règne du pape Calixte III, elle se rend à Paris dans la grande salle de l'évêché, pour se présenter devant la délégation du Saint-Siège, à laquelle elle s'adresse de manière émouvante, à plus de soixante-dix ans[A 3]. La cour d'appel casse le procès en hérésie de Jeanne le .
↑Walter Sidney Scott, « Le manuscrit de Diane de Poitiers (source probable de Shakespeare pour la figure de la Pucelle) », Bulletin des Amis du Vieux Chinon, t. VI, no 6, Société des amis du vieux Chinon, 1961-62, p. 277, [lire en ligne].
↑Olivier Bouzy, « La famille de Jeanne d'Arc, ascension sociale d'un lignage roturier du XIVe au XVIe siècle », dans Guyon et Delavenne 2013, p. 38, fig. 3.
↑Bernard Mugnier, La basilique Sainte-Jeanne-d'Arc de Domrémy-la-Pucelle : monument national de la reconnaissance française à Jeanne d'Arc, Langres, Dominique Guéniot éditeur, , 483 p. (ISBN2-87825-216-0, présentation en ligne), p. 87.
Ernest de Bouteiller ( éd.) et Gabriel de Braux ( éd.), La famille de Jeanne d'Arc : documents inédits, généalogie, lettres de J. Hordal et de Cl. du Lys à Ch. du Lys / publiées pour la première fois, par E. de Bouteiller et G. de Braux, Paris / Orléans, A. Claudin / Herluison, , IV-293 p. (lire en ligne).
Pierre Tisset ( éd.) et Yvonne Lanhers ( éd.), Procès de condamnation de Jeanne d'Arc, t. II : Traduction et notes, Paris, C. Klincksieck (Société de l'histoire de France), , XXIV-435 p.
Rémi Boucher de Molandon, « La famille de Jeanne d'Arc. Son séjour dans l'Orléanais. D'après des titres authentiques récemment découverts », Mémoires de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, Paris / Orléans, Société bibliographique / Herluison, t. 17, , p. 1-166 (lire en ligne).
Rémi Boucher de Molandon, « Jacques d'Arc, père de la Pucelle. Sa notabilité personnelle. D'après les textes déjà connus et des documents récemment découverts », Mémoires de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, Paris / Orléans, Société bibliographique / Herluison, t. 20, , p. 301-326 (lire en ligne).
Rémi Boucher de Molandon, « Un oncle de Jeanne d'Arc depuis quatre siècles oubliés : Mangin (de Vouthon). Frère d'Isabelle, mère de la Pucelle », Mémoires de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, Orléans, Herluison, t. 23, , p. 241-257 (présentation en ligne, lire en ligne).
Olivier Bouzy, « La famille de Jeanne d'Arc, ascension sociale d'un lignage roturier du XIVe au XVIe siècle », dans Catherine Guyon et Magali Delavenne (dir.), De Domrémy... à Tokyo. Jeanne d'Arc et la Lorraine : actes du colloque universitaire international, Domrémy et Vaucouleurs, 24-26 mai 2012, Nancy, Presses universitaires de Nancy - Éditions universitaires de Lorraine, coll. « Archéologie, espaces, patrimoines », , 408 p. (ISBN978-2-8143-0154-2, présentation en ligne), p. 33-44.