Certaines espèces du genre Ixodes s'attaquent à l'homme[1]. En particulier Ixodes ricinus comptent parmi les quelques tiques qui en Europe véhiculent le plus fréquemment certaines maladies (parasitoses) transmissibles à l'Homme, dont la maladie de Lyme, les babésioses, les bartonelloses, la méningo-encéphalite à tique (ou Méningo-encéphalite verno-estivale)[2], et l'encéphalite virale ovine chez le mouton[3].
Ces acariens parasites sont dépourvus d'yeux, mais ils sont pourvus de cellules jouant un rôle similaire à celui de l'odorat (sur une patte) et de cellules photosensibles mises en évidence par Peter-Allan Diehl et Michèle Vlimant (Laboratoire de Physiologie animale, Neuchâtel, Suisse) sur les deux flancs de l'animal. L'animal sait ainsi s'il fait jour ou nuit, et peut détecter des mouvements d'animaux s'ils interceptent la lumière qui arrive à lui.
Tous les Ixodes vivent sur le sol ou près du sol (souvent dans les 50 à 60 premiers centimètres et dans la litière quand ils ne sont pas en attente d'un hôte, figés sur des herbacées, parfois sur les basses branches d'arbres ou buissons). Les milieux sont le plus souvent des forêts et bois, mais on en trouve dans les haies et zones boisées ou là où elle a pu être transportée par des animaux tels que cervidés ou sangliers. Ils sont plus nombreux dans les vallées et plus rare puis absents en altitude.
Les Ixodes, comme toutes les tiques, se développent en passant par plusieurs stades. Elles doivent se nourrir de sang. Les individus de chaque stade partent donc en quête d'un hôte à parasiter. La quête se fait durant la belle saison, de mai à septembre avec des variations selon la latitude et l'altitude. Les Ixodes semblent très sensibles au climat, en particulier à la douceur des températures hivernales et aux températures nocturnes de la belle saison.
Les déplacements des nymphes d'Ixodes ricinus sont essentiellement nocturnes et sont fortement influencés par les conditions thermohygrométriques (Perret J.-L., 2000) avec deux précisions écoépidémiologiquement importantes :
En laboratoire, ces déplacements doublent (en moyenne) quand la température augmente de 10 °C, ce à partir de 15 °C
De plus, quand l'atmosphère est plus sèche et plus chaude, les déplacements de cet arthropode sont plus nombreux et se font sur une distance qui peut doubler.
Le drainage des forêts et leur déshydratation par les routes qui les traversent et par les coupes rases, combinés au réchauffement climatique pourraient donc exacerber la circulation de tiques telles qu'I. ricinus, et fortement augmenter le risque qu'elles piquent de nouvelles espèces réservoir, et étendent ainsi les zones endémiques de la maladie.
La maladie de Lyme semble émergente et en forte voie d'augmentation, ce qui semble pouvoir être expliqué par une prolifération des tiques dans de nombreuses régions boisées ou forestières de l'hémisphère nord. Cette prolifération pourrait être facilitée par un réchauffement climatique et par certaines modifications environnementales :
augmentation d'espèces porteuses de borrélies pathogènes (espèces-gibier dont cervidés et sangliers qui peuvent rapidement les véhiculer sur de grandes distances) favorisées par l'agrainage et par le recul ou la disparition de leurs prédateurs sauvages qui n'éliminent donc plus les animaux malades ou les plus parasités.
Des études montrent que la prévalence des borrélies chez les tiques Ixodes est importante, bien qu'avec de fortes variations régionales et altitudinales[5], le taux de tiques infectées et le nombre de tiques varient sensiblement selon les années et selon le gradient altitudinal, mais (à titre d'exemple et pour cette zone et période d'étude) :
Les ixodes peuvent véhiculer et inoculer plusieurs espèces de borrelia : B. garinii, B. burgdorferi (sensu stricto), B. afzelii, B. valaisiana, et B. lusitaniae. Les nymphes sont généralement bien moins infectées que les adultes.
Le nom « Ixodes » vient du grec ixodès qui signifie « gluant »; la glu était une colle naturelle issue des baies du gui (appelé « ixos » par les grecs) ; et certaines tiques blanches gonflées ressemblent effectivement à une baie de gui allongée, par ailleurs fortement accrochée à la peau, comme si elle y était parfaitement collée.
Latreille, 1795 : Observations sur la variété des organes de la bouche des Tiques, et distribution méthodique des insectes de cette famille d'après des caractères établis sur la conformation de ces organes. Revue Encyclopédique, vol. 4, p. 15-20.
↑Mangold AJ, Bargues MD, Mas-Coma S, « 18S rRNA gene sequences and phylogenetic relationships of European hard-tick species (Acari: Ixodidae) », Parasitol. Res., vol. 84, no 1, , p. 31–7 (PMID9491423, DOI10.1007/s004360050352)
↑Lindgren E, Tälleklint L, Polfeldt T, « Impact of climatic change on the northern latitude limit and population density of the disease-transmitting European tick Ixodes ricinus », Environ. Health Perspect., vol. 108, no 2, , p. 119–23 (PMID10656851, DOI10.2307/3454509)
↑[PDF] « Louping ill », Center for Food Security and Public Health, College of Veterinary Medicine, Iowa State University,
↑Guglielmone, Robbins, Apanaskevich, Petney, Estrada-Pena, Horak, Shao & Barker, 2010 : The Argasidae, Ixodidae and Nuttalliellidae (Acari: Ixodida) of the world: a list of valid species names Zootaxa, n. 2528, p. 1–28.