Reçu en 1675 membre de l’Académie de peinture, dont il devient directeur en 1705 et recteur perpétuel en 1707, il peut à peine, à partir de cette époque suffire aux nombreux travaux dont il est chargé et le roi, de plus en plus satisfait de ses ouvrages, augmente considérablement la pension de 1 200 livres dont il le gratifiait depuis longtemps.
Mais en 1713, il a la main droite paralysée à la suite d’une attaque d’apoplexie. Se désolant d’« être privé de travailler dans un temps que je ne fais que commencer à connaître les difficultés de mon art », il réussit à se rendre assez habile de la main gauche pour peindre, de cette main, plusieurs toiles dont Le Magnificat ou L'Innocence poursuivie par le mensonge et cherchant un refuge dans les bras de la Justice et le plafond du Parlement de Rouen.
Jean Jouvenet meurt le à Paris, dans son logement, quai Malaquais[1] et est enterré le , en présence de François Jouvenet, « peintre du Roy, son frère et de Bernard-Claude Lordelot, avocat au parlement, son gendre »[2].
Ses premières œuvres sont dans le style de son maître et d'Eustache Le Sueur, mais durant la querelle du coloris, il se range du côté des coloristes tout en gardant une certaine fermeté du trait dans ses œuvres. S’éloignant du classicisme plus tard dans sa carrière, il incorpore dans son style l’influence du baroque et un traitement réaliste des détails, allant par exemple jusqu'à observer les pêcheurs au travail à Dieppe pour sa Pêche miraculeuse en 1706.
Apollon et char du soleil[4], entre 1680 et 1690, Reims, musée des Beaux-Arts
Académie : deux hommes assis, l'un tenant la tête de l'autre, sanguine sur papier brun. H. 0,532 ; L. 0,335 m[5]. Beaux-Arts de Paris. Grâce à la générosité et aux fonctions de l'artiste au sein de l'Académie Royale, l'École des Beaux-Arts conserve quatre académie, datées entre 1686 et 1689[6].
Jésus ressuscitant le fils de la veuve de Naïm, 1708, pour le maître-autel du couvent des Récollets, huile sur toile. Elle arrive en 1802 à la cathédrale Saint-Louis de Versailles. Des membres de la famille du peintre ont servi de modèles (apôtres, veuve vertueuse).
Apollon et les figures du zodiaque, pierre noire avec rehauts de craie blanche sur papier brun, 290 × 213 mm, Beaux-Arts de Paris[13]. Cette feuille est la trace d'une préparation de décor, soit un élément de voussure traité en camaïeu, soit, comme l'indique la découpe ovale, un compartiment de plafond. Cette interprétation s'inspire peut-être d'un décor des Tuileries auquel Jouvenet participe vers 1669-1671 sous la direction de Mignard, qui réalise au plafond de la chambre du Roi un Apollon entouré des signes du zodiaque[14].
La Visitation de la Vierge, 1716, signé « J. Jouvenet Dextra paralyticus Sinistra pinxit » (« J. Jouvenet paralysé de la main droite, a peint ce tableau de la main gauche »), cathédrale Notre-Dame de Paris[15].
La Madeleine chez le Pharisien, 1720-1727, tapisserie, Paris, musée du Louvre.
↑Sous la direction d’Emmanuelle Brugerolles, De Poussin à Fragonard : hommage à Mathias Polakovits, Carnets d’études 26, Beaux-arts de Paris éditions, 2013, p. 82-85, Cat. 15.
↑Christophe Marcheteau de Quinçay, « Quand le Chanoine de Rouen, l'Échevin de Caen et Madame de... tombent le masque », Cahiers du musée des Beaux-Arts de Caen et de la Société des Amis du musée, n° 4, 2023, p. 90-95, repr.
↑Mina Gregori (trad. de l'italien), Le Musée des Offices et le Palais Pitti : La Peinture à Florence, Paris, Éditions Place des Victoires, , 685 p. (ISBN2-84459-006-3), p. 583.
↑Emmanuelle Brugerolles (dir.), De Poussin à Fragonard : hommage à Mathias Polakovits, Carnets d’études 26, Beaux-arts de Paris éditions, 2013, pp. 82-85, Cat. 16.