Sorti de l'école d'art de la Villa Arson à Nice, Jean Daviot[1] utilise divers moyens d’intervention : la vidéo, la photographie, la peinture, mais aussi des actions dans le paysage en sensibilisant le public à la fragilité des milieux naturels ou encore des travaux sonores. Le travail de Jean Daviot parle d’altérité, il utilise les outils du lien : traces, langages, écritures, pour créer les formes d’un rapport à l’Autre.
À partir de 1994, il réalise des "Ombrographies"[2] en prenant des empreintes de visages et de mains en photocopie, traces qu'il transfère sur des toiles blanches. Depuis 1999, il trace le contour de personnes passées dans son atelier : les « Visiteurs du soi ». Dans ces peintures le corps et son ombre se rejoignent dans une même forme : « la forme du corps est le corps de la forme ». Dans « les Silences », il interroge le langage des mains : pictogrammes d’un langage universel de silence. Dans « Srevne », présentée à « la Force de l'art » en 2006 au Grand-Palais à Paris, il fait entendre sa voix à l’endroit, à l'envers et à l'envers de l'envers. Il sculpte la langue comme un objet, qui devient alors le palimpseste d’une réflexion à voix-off.
« L'écart des mots »[3], sont des photographies où il insère des mots dans des paysages, des ciels, des villes, jouant sur leurs signifiés et leurs signifiants. Avec « Vherbe » Il fait réellement pousser des mots dans les paysages en lettres d’herbe ou de végétaux, ils peuvent mesurer plusieurs centaines de mètres, le critique Victor Mazière nomme ces actions des "Géogrammatiques situées"[4]: « MEmoiRE »[5] près de la grotte du Pech Merle ou encore "ImaGinE" à la fondation Genshagen à Berlin ou encore "Lieu et lien" devant le Palais du Pharo à Marseille.
Depuis 1995, il réalise des peintures numériques "Écritures de lumières", où il se sert d'une caméra vidéo comme d'un pinceau : le procédé est simple, en apparence, la caméra tourne au ralenti, il dirige l'objectif vers des planètes émettant ou réfléchissant la lumière, le soleil, Vénus, Jupiter ou la Lune ou encore des villes la nuit et laisse dans le mouvement de sa main la lumière se déposer sur le support en l'aspirant. C’est la lumière même qui se dépose en éclats de couleurs, faisceaux d’oscillations de flux sur l’écran, la toile, le mur. Travail que nommera Marc-Alain Ouaknin[6] "le ciel au bout des doigts" titre d'une monographie qu'il a écrit sur l'artiste. Depuis 2007, dans ses "Bocca del mondo" Jean Daviot fait parler et dialoguer d'immenses jarres en terre, la nuit leur bouche se transforment en planètes.
À partir de 2013, il réalise des pièces extérieures, comme "en visage le paysage", où il fait apparaitre des points de vue sur des lieux à travers la forme découpée de son visage dans la pierre ou le métal. «Traverse» est une sculpture pénétrable, un passage, une mezuzah qui fait porte, son socle est l’ombre de son vide. L'artiste précise : "le mot traverse sans le T est l’anagramme de rêver au futur : tu rêveras"[7].
En 2014, il crée une forme d’écriture qu’il nomme les « Néogrammes » ; ce sont des combinaisons de lettres qui forment des signes en se superposant, créant ainsi de nouveaux sens. Des mots s’entrecroisent à l’endroit puis à l’envers en se jouant de la perception.
Dans sa nouvelle production « Pierre Écrite », l’artiste renoue avec sa région de Haute-Provence, où le Préfet des Gaules Dardanus fit graver au Ve siècle un texte épigraphique sur un rocher nommé depuis lors : « Inscription de la Pierre Écrite ». Dans la continuité de sa série « Écart de mots », Jean Daviot grave sur des pierres des mots dont le choix est déterminé par la forme et l’origine de leur support. Rencontre impossible entre la lenteur des temps géologique, et l’immédiateté du langage.
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Jean Louis Maubant, Ambition d'art, les 30 ans du Nouveau Musée devenu institut d'art contemporain de Villeurbanne, édition Les presses du réel, 2008
Nadia Candet, Collections particulières, 150 commandes privées d'art contemporain en France, Flammarion, 2008
Evelyne Toussaint, Le statut de l'écrit, l'envers de l'envers du texte ou la figure matrice dans l'œuvre de Jean Daviot, presses universitaires de Pau, 2008
↑Jeanette Zwingenberger, "l'écart des mots", entretien avec Jean Daviot, trimestriel n° 13, Images cachées, mai/juin/juillet, p. 86-89, Art Press, 2009
↑Denis Vialou, Victor Mazière, Jean Daviot, OY, Caza d'Oro, 2018, (ISBN978-2-9527730-5-8)