Jean Sandherr

Jean Sandherr
Le colonel Sandherr,
illustration anonyme, 1899.
Biographie
Naissance
Décès
(à 50 ans)
Paris, France
Nationalité
Allégeance
Formation
Activité
MilitaireVoir et modifier les données sur Wikidata
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Conflit
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Distinction

Jean Sandherr, né le à Mulhouse et mort le à Paris, est un officier français mêlé à l'affaire Dreyfus.

Alsacien originaire du Haut-Rhin, Nicolas Jean Robert Conrad Auguste Sandherr est le fils d'un greffier du tribunal de commerce de Mulhouse, Nicolas Charles Louis Auguste Sandherr, et d'Anne Marie Madeleine Wulhelm[1]. Sa sœur Anne épouse Paul Ferdinand Japy, membre de la célèbre famille Japy et de la haute société protestante locale, qui a pour cousin germain Édouard Japy, le père de Meg Steinheil, la maîtresse du Président de la République Félix Faure, qui sera mêlé à l'affaire Dreyfus.

Jean Sandherr intègre l'École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1864 (promotion d'Oajaca, 1864-1866). Il en sort 85e sur 239 élèves en 1866 et intègre le 11e bataillon de chasseurs à pied (BCP) en qualité de sous-lieutenant[2].

Il participe à la guerre franco-allemande de 1870 en tant que lieutenant au 9e BCP et est blessé au combat. Le , il est fait prisonnier de guerre à la suite de la capitulation de l'armée Bazaine à l'issue du siège de Metz. Il opte pour la nationalité française à la suite du traité de Francfort de 1871.

Capitaine en 1873, ce profil à haut potentiel est admis dans la première promotion (1876-1877) des élèves de l'École supérieure de Guerre[3] et en sort breveté d'état-major. Servant en Tunisie au 2e régiment de tirailleurs algériens au moment de l'annexion de ce protectorat, le capitaine Sandherr est chargé de classer les tribus tunisiennes selon leur degré d'hostilité à la pénétration française[4].

Sandherr et l'affaire Dreyfus

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Nommé chef de bataillon en 1885, il rejoint en qualité de chef-adjoint la Section de statistique de l'État-major de l'armée, dénomination anodine sous laquelle se dissimule le service de contre-espionnage militaire français[5]. En 1887, il en prend le commandement. Chevalier de la Légion d’honneur depuis , il est promu officier de l'ordre le [6]. Promu lieutenant-colonel en 1891, il est sous les ordres directs du général Gonse lorsque débute l'affaire Dreyfus.

Sandherr est secondé dans ses fonctions par le commandant Henry, officier sorti du rang qui a toute la confiance du général Gonse. En , grâce à une femme de ménage, le contre-espionnage français intercepte une note manuscrite trouvée dans une corbeille à papier de l'ambassade d'Allemagne à Paris. Le document établit que des secrets militaires français sont livrés à l'ennemi. Sandherr, sans doute aveuglé par son antisémitisme — et ne tenant aucun compte de l'enquête de moralité qu'il avait fait mener à Mulhouse sur Dreyfus et qui lui avait indiqué le grand patriotisme des Dreyfus —, se satisfait de l'enquête expéditive qui désigne le capitaine Dreyfus[7].

Promu colonel le , Sandherr quitte ses fonctions le pour prendre le commandement du 20e régiment d'infanterie à Montauban. Son successeur à la tête de la Section de statistique est le lieutenant-colonel Picquart, qui agira de façon plus rigoureuse et s'engagera en faveur de la réhabilitation de Dreyfus.

Le colonel Sandherr ne connaîtra pas le dénouement de l'affaire dont il a été l'un des initiateurs. Il quitte le service actif en frappé de paralysie générale, nom anciennement donné à la méningo-encéphalite de la neurosyphilis[N 1].

Jean Sandherr meurt à son domicile du 17e arrondissement de Paris le [9] avant que le scandale ne vienne au grand jour.

Publications

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  • C. Sandherr, L'Armée prussienne en Alsace pendant l'hiver dernier, Paris, Ch. Tanera, coll. « Réunion des officiers », , 16 p. (BNF 31294600, lire en ligne).

Dans le film J'accuse (2019) de Roman Polanski, son rôle est joué par Éric Ruf.

Notes et références

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  1. Le professeur Robert Debré, dans ses mémoires, attribue au médecin Alexandre Roudinesco l'hypothèse selon laquelle une relation de cause à effet aurait expliqué le comportement de Sandherr dans cette affaire : « Mon ami le docteur Roudinesco pense que l'origine possible de cette histoire singulière peut être liée à la maladie du colonel Sandherr, alsacien patriote et chef du Deuxième Bureau, qui pendant de longues années remplit excellemment sa tâche et gagna la confiance de tous ses chefs. Il devait succomber à une paralysie générale, et l'on sait que cette maladie est précédée d'une période de « délire de grandeur » et d'absurde mégalomanie. »[8]

Références

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  1. Acte de naissance no 518/1846 de la commune de Mulhouse.
  2. États de services du colonel Sandherr sur le site Leonore.
  3. Site de l'École supérieure de Guerre.
  4. Gérald Arboit, L'affaire avant l'Affaire : le discrédit du colonel Vincent, chef de la Section de statistique de l'état-major de l'armée, site du CF2R, note historique éditée le .
  5. Site du CF2R, op. cit..
  6. « Nicolas Jean Robert Conrad Auguste Sandherr », base Léonore, ministère français de la Culture.
  7. Sur le rôle de Sandherr dans l'affaire, voir Philippe Oriol, L'Histoire de l'affaire Dreyfus de 1894 à nos jours, Les Belles Lettres, 2014.
  8. Robert Debré (préf. Bernard Debré), L'Honneur de vivre : mémoires, Paris, Hermann, coll. « Savoir : cultures », , 500 p. (ISBN 2 7056 6310 X), « 3. Horizon plus large : le lycée, l'affaire Dreyfus », p.50.
  9. Archives de Paris, état-civil numérisé du 17e arrondissement, V4E 10178, registre des décès de l’année 1897, acte no 1060. Il meurt à son domicile situé au 95, avenue Sellier.

Bibliographie

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  • Armand Charpentier, « Esterhazy a écrit le bordereau sur l'ordre et sous la dictée du colonel Sandherr », dans Les côtés mystérieux de l'affaire Dreyfus, Paris, Éditions Rieder, , 355 p. — Avec fac-similés.
  • Jean-Marie Schmitt, « Nicolas Jean Robert Conrad Auguste Sandherr », Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 32, p. 3367.

Liens externes

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