Comte d'Armagnac et de Fezensac | |
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Successeur | |
Comte de Rodez | |
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Successeur | |
Vicomte de Lomagne et d'Auvillars |
Naissance | |
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Décès | |
Activité | |
Famille | |
Père | |
Mère | |
Fratrie |
Bonne d'Armagnac (d) Marie d'Armagnac Charles Ier d'Armagnac Isabelle d'Armagnac (d) Éléonore d'Armagnac (d) |
Conjoint |
Jeanne de Foix (d) |
Enfant |
Rose bâtarde d'Armagnac (d) |
Condamné pour |
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Jean V d'Armagnac, fils de Jean IV, comte d'Armagnac et de Rodez, et d'Isabelle d'Évreux-Navarre, est né en 1420 et mort le à Lectoure. Vicomte de Lomagne, il devient comte d'Armagnac, de Fezensac et de Rodez à la mort de son père en 1450.
Il est l'un des capitaines de Charles VII en lutte contre les Anglais, mais il prend son indépendance, usurpe les droits régaliens et se brouille avec le roi.
À sa naissance en 1420[1], Jean d'Armagnac se voit attribuer le titre de vicomte de Lomagne[2].
En 1454, à la mort de Mathieu de Foix, comte de Comminges, il revendique le comté, étant petit-neveu du premier mari de Marguerite de Comminges, veuve de Mathieu.
Il a également une liaison incestueuse avec sa sœur Isabelle d'Armagnac (1430-1475/6), dame des Quatre-Vallées, qui fait scandale dans la chrétienté[3] ; il obligea son chapelain, sous peine de mort, à célébrer son mariage avec sa sœur[4] qui lui donne trois enfants[5] :
En 1455, irrité de l'insubordination de son vassal, ainsi que par le scandale, Charles VII envoie contre lui deux armées. Jean V, vaincu, doit fuir à la cour d'Aragon et, pendant que les troupes françaises occupent le Rouergue et l'Armagnac, organise une guérilla pour harceler les occupants, mais le roi d'Aragon lui conseille d'aller à Rome pour demander au pape de plaider sa grâce auprès du roi de France. Des cardinaux cupides tentent de lui vendre une fausse dispense, mais sont démasqués et jugés. Le pape lui accorde le pardon, mais ne réussit pas à faire fléchir Charles VII, et Jean V se réfugie à la cour d'Aragon.
Charles VII meurt en 1461. Le nouveau roi, Louis XI, amnistie et rend ses comtés à Jean V. Mais celui-ci prend part à la ligue du Bien public contre le roi[7]. Après l'échec de cette ligue, il complote avec les Anglais.
En 1470, Louis XI met l'Armagnac et le Rouergue sous séquestre et envoie son gendre Pierre de Beaujeu en prendre possession, mais Jean V soulève l'Armagnac et reprend Lectoure. Il est y assiégé en 1473 par l'évêque d’Albi, le cardinal Jouffroy. Le comte d'Armagnac accepte de capituler et fait ouvrir les portes de la ville le . Le lendemain, il est poignardé lors d'une échauffourée entre hommes d'armes[8]. Une grande partie de la population est massacrée et la ville partiellement détruite[9].
Jean V avait épousé Jeanne de Foix-Grailly, fille de Gaston IV de Foix-Béarn, à Lectoure le [10]. Enceinte lors du siège de 1473, elle est transportée, après l'assassinat de son mari, au château de Buzet, près de Toulouse. Morte à une date inconnue, elle survécut du moins jusqu'en [11], contrairement aux allégations d'un avocat de la famille d'Armagnac qui affirma, lors des États généraux de 1484, que la veuve de Jean V disparut en 1473 après avoir absorbé un poison destiné à la faire avorter de son enfant à naître[12].
Les amours incestueuses du comte avec sa sœur Isabelle, de même que sa mort violente à Lectoure, ont inspiré les artistes dès le début du XIXe siècle.
En 1835, Louis-Henri de Rudder expose au Salon de Paris une peinture d'histoire intitulée Mort de Jehan d'Armagnac en 1473[13]. Le tableau, qui d'après un contemporain anonyme est « de ceux qui obtiennent au salon le plus de succès »[14], est popularisé par une lithographie de Nicolas-Louis Delaunois publiée dans le journal Le Charivari du suivant[15], ce qui assure à l’œuvre une large diffusion. La peinture est aussi présentée à l'exposition d'ouvrages d'art et d'industrie de Louveciennes[16].
Trois ans plus tard, le peintre Louis-Georges Paradis expose au Salon de 1838 le tableau Extinction de la famille d'Armagnac, qui s'inspire d'un passage de l’Histoire des ducs de Bourgogne de Prosper de Barante, rapportant la prétendue mort par empoisonnement de Jeanne de Foix. Le livret explicatif du Salon décrit la scène de la façon suivante, d'après Barante :
« Louis XI, après avoir fait égorger le comte d'Armagnac, résolut de détruire la race de ce prince. Il fit enfermer la comtesse d'Armagnac dans le château de Bugot, près Toulouse. Peu de temps après, il envoya vers elle son secrétaire Olivier Leroux, messire de Cathelneau, maître Mace, puis un apothicaire qui avait préparé un breuvage qui devait détruire l'enfant qu'elle portait dans son sein ; elle mourut peu de jours après de ce poison[17]. »