Joseph Henri Joachim Lainé | |
Le vicomte Lainé (lithographie de 1844). | |
Fonctions | |
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Président de la Chambre des députés des départements | |
– (10 mois et 24 jours) |
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Prédécesseur | Jean-Denis Lanjuinais, Président de la Chambre des représentants |
Successeur | Étienne-Denis Pasquier |
– (9 mois et 9 jours) |
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Prédécesseur | Claude Ambroise Régnier, Président du Corps législatif |
Successeur | Jean-Denis Lanjuinais, Président de la Chambre des représentants |
Ministre de l'Intérieur | |
– (2 ans, 7 mois et 22 jours) |
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Prédécesseur | Comte de Vaublanc |
Successeur | Élie Decazes |
Ministre sans portefeuille | |
– (1 an, 9 mois et 24 jours) |
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Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Bordeaux |
Date de décès | (à 68 ans) |
Lieu de décès | Ancien 2e arrondissement de Paris |
Sépulture | Saucats |
Nationalité | Royaume de France |
Résidence | France |
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Joseph-Henri-Joachim[1], vicomte Lainé, né le à Bordeaux et mort le à Paris, est un avocat et homme politique français.
Les parents de Lainé, Guillaume Lainé, substitut du procureur du roi, et Jeanne Ravel[2], sont des colons de Saint-Domingue. En 1763, ils viennent s'installer en Gironde. Leur fortune, sans être extravagante, leur permet de devenir les nouveaux seigneurs de Laguloup, à Saucats[3]. Ils poursuivent l’activité familiale dans le négoce entre Bordeaux et les Antilles, où ils conduisent encore des affaires et possèdent des esclaves.
Après des études au collège de Guyenne[4], Joachim Lainé est reçu avocat au barreau de Bordeaux en 1789, et plaide ensuite avec un grand succès à Paris. En 1791, sa mère le rappelle pour l'envoyer aux colonies défendre leur fortune en péril à la suite des révoltes d'esclaves. Il sert en qualité de garde national contre les captifs insurgés de Saint-Domingue. S'étant opposé à l'émancipation instantanée des esclaves lors d'une assemblée générale, il reçoit un coup de sabre au visage. Conscient que tout espoir de conserver leurs possessions est perdu, il revient en France en 1792. Il bénéficiera néanmoins de l'indemnité affectée en 1826 aux anciens propriétaires d'esclaves[5],[6].
Il est nommé administrateur du district de La Réole en 1793, ce qui permet, par cette fonction, à sa famille d’échapper à l'échafaud. Il fait partie du Directoire du département de la Gironde en 1795, puis, de 1796 à 1808, il reprend son métier d'avocat.
Rallié au Consulat et à l'Empire, il est nommé en 1808, par le Sénat conservateur, député de la Gironde du Corps législatif. Membre en 1813 de la commission extraordinaire nommée par le Corps législatif pour chercher quels étaient les « besoins et les désirs de la Nation » lors des préparatifs de la campagne de France, il en est le rapporteur. Son rapport qui demandait des réformes plus libérales et osait parler de « Paix et de Liberté » déplait à Napoléon. Victime de la colère de l’Empereur, Lainé quitte alors le Corps législatif et se retire à Bordeaux où il accueille la Restauration avec faveur[7].
Le , il est aux côtés de Lynch, maire de Bordeaux, pour livrer la ville aux Anglais et au duc d’Angoulême. Ce dernier le nomme préfet provisoire de la Gironde en . A cette date, il rentre à la Chambre des députés des départements et en est nommé Président par le roi Louis XVIII. Pendant les Cent-Jours, Lainé s'enfuit en Angleterre, accompagnant la duchesse d'Angoulême : Napoléon revenu annonce qu'il pardonne à tous, excepté à ses deux « plus grands ennemis », Lynch et Lainé[8],[9].
Il redevient Président de la Chambre des députés de 1815 à 1816, devient ministre de l'intérieur entre 1816 et 1818 en remplacement du comte de Vaublanc. Comme ministre de l'Intérieur, il développe les ateliers de charité.
Il fait voter le 5 février 1817 une nouvelle loi électorale permettant de favoriser l'élection d'une bourgeoisie libérale urbaine. Il est nommé ministre d'État du 21 décembre 1820 au 14 décembre 1821.
Il est aussi, avec le baron Portal, un représentant du lobby des armateurs négriers, et s'opposa à l'interdiction de la traite. Le , il fait annuler l'élection comme député de l'Abbé Grégoire, fervent défenseur de l'abolition de l'esclavage, mais aussi régicide, pour cause d'« indignité nationale »[10].
Nommé par ordonnance (mais non élu) membre de l’Académie française, il remplace Hugues-Bernard Maret en 1816. Dans son rôle d’homme public, Lainé n’a pas laissé d’écrits. Son éloquence, au jugement des contemporains, était chaleureuse et entraînante.
Il devient, le 10 mai 1820, officier de la Légion d'honneur, et commandeur le 1er mai 1821[11].
Passionné de littérature et ami de Lamartine, il est fait pair de France avec le titre de vicomte en 1823.
Royaliste légitimiste et libéral, il se retire en 1824 dans sa propriété familiale de Saucats, préférant cesser son activité politique sous les règnes de Charles X et de Louis-Philippe. C’est lui qui s'écrie douloureusement, en 1830, à l’occasion des ordonnances : « Les rois s’en vont ! »
Lainé préside la deuxième section de la commission chargée de l'exécution de la loi du relative à la répartition de l'indemnité affectée aux anciens colons, que le jeune État haïtien fut contraint de payer en échange de la reconnaissance de son indépendance[12]. Une indemnité dont son frère et lui-même bénéficient en 1828 en tant qu'héritiers de propriétaires de Saint-Domingue[13].
Joachim Lainé meurt célibataire à Paris en 1835, après avoir fait bénéficier les indigents de Bordeaux de son traitement de député.
Il est inhumé au cimetière de Saucats.