Dans cette 2e œuvre écrite pour France Gall, Gainsbourg fait scander à sa jeune interprète un leitmotiv lancinant et équivoque, Jean-Emmanuel Deluxe la voit même comme « une chanson féministe bien des années avant l'existence du Mouvement de libération des femmes, c'est une preuve supplémentaire qu'il était assez talentueux pour projeter la personnalité de l'interprète — dans ce cas, une mélancolique jeune fille — dans sa propre chanson »[1],[2].
Ce futur désenchanté prédit par « un cœur innocent » est bien étranger aux préoccupations des ados chantants de l’époque et la complexité de ces paroles sorties de la bouche d’une fillette n’est pas toujours bien perçue. Gilles Verlant écrit à ce propos[3] : « Les textes de Gainsbourg n’ont évidemment rien à voir avec l’univers nunuche-chouchou du reste des yéyés, qui a son charme, bien sûr, mais pas un atome de distance ni de profondeur. D’emblée, il impose une lecture au second degré ou encore se montre délibérément négatif. […] Dans les chansons qu’il lui écrit, il y a une lucidité, un refus de se laisser prendre à la « grande farce de l’amour », celle où l’on se dit des « jamais » et des « toujours ». Or, cette fois, ce n’est pas un homme de trente ou trente-cinq berges qui chante, mais une adolescente… »
Le chant vindicatif de France Gall est toujours soutenu par l’équipe de jazzmen guidée par Alain Goraguer (« Gogo »), la même équipe avec laquelle Gainsbourg enregistre à l’époque. L'utilisation des cuivres et des percussions dans l’architecture de la chanson n'est pas étrangère à son succès. Les Anglo-Saxons apprécient ce « french pop sound » qui fait que cette chanson continue d’être reprise de nos jours (parfois sous le titre anglais Chick Habit).
En 1995, la chanteuse et parolière américaine April March enregistre la chanson dans sa version originale et en effectue l'adaptation anglaise, avec des paroles différentes, sous le titre Chick Habit (ces deux versions figurent dans la BO de plusieurs films).
2012 : France Gall — 4 albums originaux : Mes premières vraies vacances, Poupée de cire poupée de son, Baby Pop, Tu n'as pas le droit (box 4 CD Polydor/Universal Music)
— Réédition du 33 tours original 30 cm Philips B 77-728 L de 1965, Poupée de cire, poupée de son, Polydor-Universal Music, photo recto par Peter Douglas (magazine Formidable) et portrait dessiné au verso par Jacques Berger (12 titres, voir détails dans discographie de France Gall, compilations des années 1964 à 1973).
↑ a et bSource : Yves-Ferdinand Bouvier et Serge Vincendet (photogr. Patrick Ullmann), Serge Gainsbourg : L'Intégrale et Cætera (intégrale des textes des chansons), Paris, Éditions Bartillat, , 976 p., broché, 15,5 x 23 cm (ISBN2-84100-341-8, présentation en ligne)