Le Chat du rabbin est une série de bande dessinée, écrite et dessinée par Joann Sfar et mise en couleurs par Brigitte Findakly. Démarrée en 2002, la publication rencontre le succès critique et commercial et se prolonge ensuite avec d'autres tomes sur plusieurs dizaines d'années. Elle fait de Sfar un acteur incontesté de la nouvelle bande dessinée française, et est également traduite en plusieurs langues et adaptée en film d'animation et en comédie musicale.
En effet, ce chat parle depuis qu’il a dévoré le perroquet de la maison et a tendance à dire ce qu'il pense sans inhibition. Il remet tout en question, autant les apprentissages du rabbin que les fondements mêmes du judaïsme. Craignant la mauvaise influence que son chat parlant pourrait exercer sur sa fille Zlabya, le rabbin les sépare. Le chat demande alors au rabbin de lui enseigner la Torah, le Talmud, la Michna et la Guemara. La motivation principale de l’animal à devenir « un bon juif [qui] ne ment pas[2] » est que son maître l’autorise de nouveau à passer du temps avec Zlabya. Durant son apprentissage, le chat ne manque pas de contredire son rabbin, et le rabbin de son rabbin, tout en observant avec perspicacité les autres disciples du rabbin.
Ce conte au prétexte apparemment fantaisiste permet à l’auteur une exploration de la religion juive et de la culture juive d’Algérie des années 1930, avant l'indépendance.
Sfar admet d’ailleurs que les tenues sont anachroniques : les Juifs algériens des années 1930 s’habillaient à l’occidentale, et non comme ils sont représentés dans la bande dessinée qui sont des tenues des alentours de 1900. L’auteur dit vouloir faire de l’orientalisme et ne pas vouloir être totalement réaliste[3].
Dans Le Figaro, Joann Sfar dit apprécier les chats depuis longtemps : « Je me suis toujours senti très bien avec les chats… Quand on a la chance d'être dessinateur, les chats sont des animaux qui nous accompagnent sans nous déranger[4] ». En 2000, Joann Sfar se rend chez une éleveuse de chats. Il porte alors un manteau et l'un des félins se glisse dans sa poche. L'auteur relève que « c’était le plus moche et le plus étrange chat que j’avais jamais vu… Je me suis dit, c’est celui-là[5] ». Sur le site Les libraires, Sfar précise : « il s’appelle Imhotep et il parle tout le temps. Au début, tu te dis qu’il est con. Et puis tu te dis qu’il essaie peut-être de t’expliquer un truc, que tu ne comprends rien et que ça doit être douloureux pour lui[6]. » Dans une interview au magazine Femina[7], Sfar décrit l'animal comme « un chat oriental tout gris avec de grandes oreilles. Il a deux grosses soucoupes vertes à la place des yeux » et il affirme que le félin est « amoureux de [s]a femme ». Dans Le Parisien[5], l'animal est décrit comme « long, maigre, aux oreilles en pointe ». Dans un entretien avec Le Nouvel Obs en 2013[8], l'artiste décrit Imhotep comme « un petit chat de race orientale, exubérant, miauleur, bizarre. Il était fou amoureux de mon épouse et n'arrêtait pas de lui mettre les pattes sur le visage. Je me suis mis à dessiner ce chat ». Sfar insiste sur le fait que le héros de la série est bien le chat : « J’ai vraiment eu l’idée de ces albums en l’observant. Avec ses grands yeux, il regardait tout le monde avec tellement d’intensité que l’on avait l’impression qu’il voulait parler. En plus, il miaulait tout le temps[5] ». Joann Sfar dessine Imhotep sous tous les angles[9]. L'auteur développe une bande dessinée dont le héros est un chat inspiré d'Imhotep. En 2002, paraît La Bar-Mitsva, premier tome de la série Le Chat du rabbin.
Lors de la préparation du film d'animation Le Chat du rabbin, Imhotep est filmé à maintes reprises : « Pendant la préparation du dessin animé, on l'a filmé pendant des heures, avec son air de se foutre de tout, de ne penser qu'à sa gueule… » L'acteur François Morel a prêté sa voix au chat[10].
En 2015, la famille de Sfar vit avec quatre chats et un chien[11]. Cette même année, Joann Sfar et sa compagne Sandrina Jardel se séparent. Imhotep se trouve d'abord chez Jardel, mais pour aider Sfar à dessiner l'album Tu n'auras pas d'autre Dieu que moi, elle lui restitue l'animal le temps que les planches soient terminées, ce qui stimule l'artiste : « Il m’a vraiment aidé. Parce que, quand je le vois, je ne peux pas ne pas le dessiner. Je ne dirais pas qu’il me parle mais sa présence me fait parler[12] ».
L'album Petit panier aux amandes est dédié explicitement à Imhotep « ainsi qu'à tous les chats dont le regard et la présence rendent nos vies plus profondes ».
Pour le personnage du chat, Joann Sfar raconte s'être inspiré de son grand-père maternel. Celui-ci a fait des études en Pologne pour devenir médecin et rabbin, mais arrivé en France dans les années 1930, il n'a pas eu le droit d'exercer car il n'était pas de nationalité française[13].
Quant aux paysages d'Algérie, Sfar raconte s'être inspiré des récits de sa grand-mère : « Je me suis mis à dessiner ce chat et tous les souvenirs que je n'avais pas sur Alger, puisque je suis né à Nice. Ma grand-mère paternelle, née à Sidi Bel Abbès, parlait tout le temps de l'Algérie […] et à force de me documenter, j'ai réalisé que ma grand-mère ne racontait pas des sornettes mais qu'elle se souvenait d'une Algérie qui avait bel et bien existé »[13].
En 2007, les ventes cumulatives des tomes publiés se montent à 450 000 exemplaires[14]. En , alors que le 7e volume s'apprête à sortir, les six premiers tomes totalisent 1,5 million d'exemplaires vendus[15].
Une nouvelle adaptation du Chat du rabbin en long-métrage, en prise de vues réelle, est encore en projet. Le scénario se fonderait sur une adaptation du tome 3, dans lequel les personnages visitent la ville de Paris[17].
↑Préfacé par Éliette Abécassis. En ouverture de ce tome, Joann Sfar le dédie « en hommage à tous les peintres d’Alger au XXe siècle ». Traduit en allemand, anglais, arabe, croate, danois, espagnol, finnois, hébreu, italien, néerlandais, norvégien, polonais, portugais, russe, suédois, tchèque.
↑Préfacé par Mohamed Fellag. Traduit en allemand, anglais, croate, danois, espagnol, finnois, italien, néerlandais, norvégien, polonais, portugais, russe, suédois, tchèque.
↑Préfacé par Georges Moustaki. Traduit en allemand, anglais, croate, danois, espagnol, finnois, italien, néerlandais, norvégien, polonais, portugais, russe, suédois, tchèque.
↑Préfacé par Philippe Val. En ouverture de ce tome, Joann Sfar explique qu’il s’agit d’un album contre le racisme. Traduit en allemand, anglais, croate, danois, espagnol, finnois, italien, néerlandais, norvégien, portugais, polonais, russe, tchèque.
↑Préfacé par Jean Giraud. Traduit en allemand, anglais, croate, danois, finnois, espagnol, italien, néerlandais, norvégien, portugais, polonais, russe, tchèque.
↑Traduit en allemand, espagnol, néerlandais, portugais, polonais.
↑Traduit en allemand, espagnol, néerlandais, polonais.
↑Traduit en allemand, espagnol, néerlandais, polonais.
↑La chronologie n'est pas clairement établie : dans le tome 4, les protagonistes assistent à une réunion publique du maire d'Oran l'abbé Lambert (1934-1941), qui vitupère sur les réformes du gouvernement Blum. Pourtant, le tome 10 qui lui est clairement postérieur, est daté de l'année 1925.
↑André Benhaïm, « La Langue au Chat (du Rabbin) : Itinéraires dans l’Etrange Bande Dessinée de Joann Sfar », Contemporary French and Francophone Studies, vol. 11, no 2, , p. 241–252 (ISSN1740-9292, DOI10.1080/17409290701248898, lire en ligne, consulté le ).
↑Daniel Garcia, « Joann Sfar, portrait de l’artiste en polémiste. Un entrepreneur très peu discret de la bande dessinée », Revue du Crieur, , p. 4-19 (lire en ligne).
Joann Sfar, L'Art du Chat du Rabbin, Paris/Barcelone/Bruxelles, etc., Dargaud, , 320 p. (ISBN978-2-205-06856-6) : plusieurs pages portent sur le modèle réel.
Vincent Bernière, « Jérusalem d'Afrique », dans Les 100 plus belles planches de la bande dessinée, Beaux-Arts éditions, (ISBN9791020403100), p. 208-109.
Vincent Bernière et collectif, « 85. La Bar-Mitzva », dans La bédéthèque idéale, Revival, (ISBN9791096119165).
Paul Gravett (dir.), « Les années 2000 : Le Chat du rabbin », dans Les 1001 BD qu'il faut avoir lues dans sa vie, Flammarion, (ISBN2081277735), p. 796.
Tewfik Hakem, « Joann Sfar : "Les récits du Chat du Rabbin sont les racontars de ma grand-mère qui me parlait de Sétif, d’Alger, de Constantine… " », France culture, (lire en ligne)
Jérôme Lachasse, « «La journée du chat, ce serait mieux “à la mi-août”» », Le Figaro, (lire en ligne)
Jérôme Lachasse, « Joann Sfar : «Je souhaitais que chaque case parle de nostalgie» », Le Figaro, (lire en ligne)
Jérôme Lachasse, « Joann Sfar revient avec Le Chat du Rabbin 7: "J'ai déjà commencé le tome 8" », BFM TV, (lire en ligne)
Christophe Levent, « Bande dessinée : le vrai «chat du rabbin» de Joann Sfar est mort », Le Parisien, (lire en ligne)