Après des études à l'université des Philippines, Lino Brocka se convertit à la religion mormonne en réaction au catholicisme de son pays[1] et passe deux ans, en tant que missionnaire, dans une colonie de lépreux[1] à Hawaii. De retour aux Philippines, il participe à des spectacles d'une compagnie théâtrale : il monte des pièces du répertoire contemporain (Tennessee Williams[1], Jean-Paul Sartre), mais également des spectacles reflétant les problèmes de son pays.
À l'orée des années 1970, il commence à tourner des films à petits budgets avant de créer sa propre société de production, la Cinémanila. Marqués par une ambiance bon enfant, les films de Lino Brocka, dont les personnages évoluent généralement dans un environnement socio-économique apaisé, s'adressent pour l'essentiel à un public populaire. Toutefois, certains d'entre eux, marqués par des préoccupations sociales et politiques, apparaissent plus ambitieux. Cette alternance, délibérée, s'explique par sa volonté de « développer un grand public philippin[2] » et « d'élever le niveau du cinéma local en introduisant des changements progressifs[3] ».