Nota : cet article ne concerne qu’une partie de la littérature du Pays de Galles, celle qui, du Moyen Âge à la renaissance néo-druidique, est en rapport avec le légendaire et la mythologie celtique.
Les druides de la civilisation celtique de l’Antiquité ont systématiquement privilégié l’oralité à l’écrit. L’argument généralement avancé, est que la parole est vivante, que l’écrit est mort. Peut-être était-ce aussi un moyen de limiter la diffusion de la connaissance à la seule classe sacerdotale, composée des druides, des bardes et des vates. L’écriture oghamique n’a été utilisée qu’à des fins incantatoires ou funéraires. Il faut attendre la disparition du druidisme et la christianisation des peuples celtes, pour que la littérature orale soit retranscrite.
Les bardes antiques ont survécu à la disparition du druidisme, mais leur rôle et leur fonction se sont transformés ; la pratique magique de la poésie est devenue un art littéraire. Les premières compositions datent du VIe siècle apr. J.-C. c'est l’époque des Cynfeirdd, mot qui signifie « premiers bardes ». Ces œuvres poétiques relèvent de l’épopée et s’inscrivent dans le contexte brittonique. Le texte le plus connu de cette époque s’intitule Y Gododdin, du nom d'un peuple dont le territoire s’étendait jusqu’au sud de l’Écosse. L’auteur en est Aneirin (VIe siècle), le barde du roi Mynyddawg Mawr, dont il rapporte les exploits guerriers. Ce peuple n’est autre que celui que Claude Ptolémée nomme les Votadini au IIe siècle, et qui vont être submergés par les Anglo-saxons au VIIe siècle.
Taliesin est un contemporain d’Aneirin, à qui l’on attribue nombre de poèmes, dont le célèbre Kat Goddeu (Le combat des arbrisseaux). Originaire du Powys, il est le barde de Urien, le roi de Rheged, dont il fait l’éloge et nous montre le prototype du souverain juste, généreux et guerrier, thème éminemment celtique. Mais le poète est lui-même devenu une légende, de sorte qu’il est malaisé de retrouver son historicité. Hanes Taliesin (L’histoire de Taliesin) est un récit du IXe siècle ou du Xe siècle, qui narre la naissance mythique du barde et ses différentes métamorphoses animales.
Llywarch Hen (le Vieux) a lui aussi réellement existé au VIe siècle, mais sa légende est postérieure puisqu'elle date du IXe siècle. Elle raconte la désolation d’un vieillard qui a perdu tous ses fils.
Myrddin a quant à lui, inspiré le personnage essentiel de Merlin dans la légende arthurienne. Ses poèmes ont une notation plus politique, puisqu'un de ses thèmes de prédilection est la revanche et la victoire des Celtes sur les envahisseurs saxons, comme dans le Armes Prydein (« Prophétie de Bretagne »).
Les Gogynfeirdd (successeurs) sont des poètes de cour, dont les thèmes sont essentiellement la gloire du roi et la vénération religieuse.
Cette période est celle des « bardes des seigneurs » (beirdd yr uchelwyr) qui voit la prédominance du genre de l’amour courtois. Pour le domaine celtique, l’œuvre majeure est sans aucun doute les Mabinogion, parfois appelés les Quatre Branches du Mabinogi. Ce sont quatre textes écrits en moyen-gallois (langue en vigueur du XIIe au XVIe siècle), élaborés à partir de deux manuscrits, le Livre Blanc de Rhydderch dont la rédaction s’étale de 1380 à 1410, et le Livre Rouge de Hergest qui est daté approximativement de 1350. Les thèmes développés se retrouvent dans la tradition irlandaise, ce qui atteste de leur antiquité. On peut citer, à titre d’exemple, les rapports du druide (ou magicien) et du roi, les obligations de la Souveraineté, l’Annwvyn l’Autre Monde (le Sidh des Tuatha Dé Danann, en Irlande), la guerre, la pratique des fonctions artisanales. C’est l’illustration de l’idéologie trifonctionnelle des Indo-européens, telle qu’elle a été exposée par Georges Dumézil. Tout comme pour les textes mythologiques irlandais, un vernis chrétien se superpose parfois aux récits. Le mot Mabinogion est le pluriel de Mabinogi. Diverses explications sur le sens du mot ont été avancées, mais il vient vraisemblablement du dieu Mabon (Maponos en Gaule) qui figure dans le conte Kulhwch et Olwen, et qui fait partie de la même collection. Les quatre récits s’intitulent : Pwyll, prince de Dyved, Le Mabinogi de Branwen, Manawydan fils de Llyr et Math fils de Mathonwy. Traditionnellement, s’y s'ajoutent d'autres contes relevant de la légende arthurienne : Lludd et Llevelys, Culhwch ac Olwen (Kulhwch et Olwen), Le songe de Ronabwy, Peredur ab Evrawc, Gereint ac Enid (Gereint et Enid) et Owein (le conte de la dame à la fontaine).
Au XVIIIe siècle, l’Eisteddfod (pluriel : eisteddfodau – assemblée des bardes gallois) est réinstaurée sous l’impulsion de Goronwy Owen ; la précédente réunion datait de 1450, elle va devenir annuelle au XIXe siècle. Dans le contexte de la celtomanie, le néo-druidisme, d’inspiration maçonnique, prétend faire revivre les rites de l’Antiquité. Le , Iolo Morgannwg (de son vrai nom Edward Williams) réunit à Primrose Hill (Londres), le Gorsedd Beirdd Ynys Prydain (Collège des Bardes de l'Ile de Bretagne). Ce mouvement induit la redécouverte et l’édition du patrimoine poétique, mais aussi la contrefaçon et fabrication de faux textes anciens. IoLo Morganwg sera le principal instigateur de cette entreprise, avec Owen Pughe.
Après ces outrances, l’étude de la poésie galloise va devenir plus rigoureuse, en 1877 une chaire de celtique est créée à l’université d'Oxford dont John Rhys en est le premier titulaire. En 1893, l’université du Pays de Galles est créée et, en 1907 la Bibliothèque nationale.