Lothar Wolleh, né le à Berlin et mort le à Londres, est un photographe allemand.
Jusqu’à la fin des années 1960, Lothar Wolleh travailla comme photographe publicitaire. Puis il abandonna cette activité commerciale pour se concentrer entièrement sur son travail dans le domaine de la photographie indépendante et artistique. Les thèmes auxquels il se consacra sa vie durant englobent les trois domaines centraux « Les artistes », « Les mondes du travail » et « Le croyant ». Ses portraits de peintres, sculpteurs et activistes de renommée internationale, parmi lesquels l’on compte des personnalités telles que Georg Baselitz, Joseph Beuys, Christo, René Magritte, Gerhard Richter, Dieter Roth, Jean Tinguely ou Günther Uecker, constituent un élément central de son œuvre. Au total, il a réalisé le portrait de 109 artistes.
Outre par les portraits, forme d’expression centrale, son œuvre est marquée par les livres de photographies pour bibliophiles.
Lothar Wolleh a passé ses jeunes années dans une Allemagne marquée par la guerre et le national-socialisme.
De 1946 à 1948, il suivit les cours d’enseignement élémentaire et de peinture figurative à l’École supérieure d’art appliqué de Berlin-Weißensee.
Jeune homme, accusé à tort d’espionnage par l’occupant russe, il fut arrêté et condamné à quinze ans de travaux forcés dans les mines de Sibérie. Après six ans de captivité en Russie, dans le camp pénitentiaire de Vorkouta, il put, à la suite de la réussite des négociations sur le retour des prisonniers de guerre allemands, rentrer à Berlin.
Il suivit ensuite, de 1956 à 1957, une formation à la Lette-Verein, une école d’enseignement professionnel de photographie, d’arts graphiques et de mode de Berlin.
Il a pris part à un programme de convalescence de plusieurs mois élaboré par le Conseil œcuménique des Églises destiné aux jeunes gens victimes de guerre, ce qui lui permit d’effectuer un séjour sur l’île de Gotland, en Suède, qui sera à la base de son penchant toute sa vie durant pour les hommes et les paysages.
De 1959 à 1961, il étudia à la Folkwangschule für Gestaltung (école de design) à Essen où il eut pour professeur le grand photographe allemand Otto Steinert.
En tant que photographe indépendant, Wolleh exerça tout d’abord avec succès principalement dans le domaine de la publicité. Des entreprises renommées telles que la Deutsche Bundesbahn ou Volkswagen faisaient partie de ses clients.
En 1965, Wolleh photographia le concile Vatican II à Rome. Il en résulta, avec la participation du père Emil Schmitz, la documentation : « Das Konzil, II Vatikanisches Konzil » (Le concile. Concile de Vatican II). En 1975, il documenta les cérémonies organisées à l’occasion de l’Année Sainte et publia les deux magnifiques livres de photographies en couleur sur les deux événements : Das Konzil (Le Concile) (1965) et Apostolorum Limina (1975). En 1970, il réalisa le volume URSS : Der Sowjetstaat und seine Menschen (L’État soviétique et ses hommes).
Sur suggestion de son ami Günther Uecker, peintre et artiste matérialiste allemand, Wolleh commença à la fin des années 1960 à photographier systématiquement des peintres, sculpteurs et activistes de renommée internationale. Ces portraits donnèrent lieu à de nombreux grands projets de livres de photographies parmi lesquels Nagelbuch avec Günther Uecker en 1972, Art Scene Düsseldorf en 1973, le projet de Unterwasserbuch (livre sous-marin) en collaboration avec Joseph Beuys, « Das Schoonhoven-Buch » (Le livre de Schoonhoven) (non publié) ou le volume sur le groupe d’artistes des « Neue Realisten » (Nouveaux réalistes) (non publié).
D’autres projets de volumes de photographies tels que la série « Männer der Wirtschaft » (Les hommes de l’économie) sur l’élite des dirigeants d’entreprise dans les années 1970 en République fédérale d’Allemagne. Entre 1977 et 1979, il effectua plusieurs séjours en Pologne dans le cadre de son travail sur les volumes de photographies «Die schwarze Madonna von Tschenstochau» (La Madone noire de Tschenstochau) et Schloß Wawel (Château Wawel).
Lothar Wolleh suivit systématiquement dans son œuvre des principes créateurs en conservant et réalisant avec précision une structure strictement symétrique pour ses photographies. La photographie en noir et blanc dans le cadre d’un format fondamentalement carré constitue une autre caractéristique importante de son œuvre.
L’exposition individuelle : Lothar Wolleh – Eine Wiederentdeckung : Fotografien 1959 bis 1979 (Lothar Wolleh – une redécouverte : photographies de 1959 à 1979) aura lieu jusqu’en 2007 avec passages à la Kunsthalle de Brême, au Stadtmuseum de Hofheim, au Kunstmuseum d’Ahlen et à la Deutschherrenhaus de Coblence.
Karl-Heinz Hering: Lothar Wolleh. Künstlerbildnisse, Kunstobjekte, Photographien. Kunstverein für die Rheinlande und Westfalen, Düsseldorf 1980.
Das Foto als Kunststück. In: Art Magazin. Ausgabe 8/1980.
Patricia G. Berman, Art Scene Düsseldorf: The Performative Print. In: Reinhold Heller, Anja Chávez: Two and One, Printmaking in Germany 1945–1990, Davis Museum and Cultural Center, Wellesley College. Wellesley, Mass. 2003, (ISBN0-9744898-0-8).
Kristina Lowis (Hrsg.): Unsterblich! Das Foto des Künstlers. Staatliche Museen zu Berlin, Berlin 2008, (ISBN978-3-88609-656-5).
Udo Kittelmann (Hrsg.): Lothar Wolleh. Joseph Beuys im Moderna Museet, Stockholm, Januar 1971. Buchhandlung Walther König, Köln 2012, (ISBN978-3-86335-263-9).
Antoon Melissen, Lothar Wolleh Raum (Hrsg): Joseph Beuys und Lothar Wolleh - Das Unterwasserbuch-Projekt, Kerber Verlag, Bielefeld/Berlin 2021, (ISBN978-3-7356-0769-0)