Issue de la bourgeoisie juive allemande, Louise Lazard[3] naît le [4], à Metz, une ville de garnison d'Alsace-Lorraine[5]. En 1904, comme Louyot, Pellon et bien d'autres artistes de cette génération, elle part à Munich pour suivre des études artistiques. Habitant dans la capitale du Land de Bavière avec sa sœur aînée Ilse Heller-Lazard, qui suit la même voie, elle rencontre de nombreux peintres parmi lesquelles se distinguent Franz Marc et Vassily Kandinsky.
En 1909, elle épouse Eugène Albert (1856–1929) et prend le nom de Albert-Lasard. De cette union naît une fille, Ingo de Croux-Albert (1911–1997). Après un séjour à Paris, où elle rencontre Fernand Léger, elle doit quitter la France à la veille de la Grande Guerre. De retour en Allemagne, elle fait la connaissance du poète Rainer Maria Rilke, avec lequel elle a une relation de 1914 à 1916[6]. Ils vivent ensemble à Rodaun près de Vienne, puis à Munich. Mais la relation prend fin car « les indécisions et le narcissisme de Rilke finissent par lasser Lou »[7].
Du fait des risques qu'elle encourt pendant la Première guerre mondiale, elle part vivre en Suisse où de nombreux pacifistes trouvent refuge. Elle y fréquente le Cabaret Voltaire[9] vit à Ascona, expose. Puis, Lou Albert-Lasard rejoint l’association d’artistes expressionnistes de la Novembergruppe à Berlin. Ses travaux sont alors essentiellement composés de portraits dessinés de ses amis.
Lou Albert-Lasard part souvent en voyage avec sa fille en Afrique du Nord, en Inde où elle rencontre Gandhi dont elle fait le portrait[12], ainsi qu'au Tibet, au Cambodge et dans d’autres pays. Les dessins et aquarelles (telle Les Deux Singes[13], 1931) qu’elle en rapporte seront exposés dès 1939.
Au début de la Seconde Guerre mondiale Lou Albert-Lasard et sa fille sont internées en , comme leur compatriote Adrienne Thomas, au camp de Gurs[14] pendant six mois, en tant que citoyennes d'un pays ennemi. Au cours de cette période à Gurs[15], elle réalise des dessins et des portraits représentant leur arrivée et des scènes de la vie du camp. Après leur renvoi, elle retourne à Paris et parvient à échapper aux rafles allemandes et françaises en se cachant, craignant la délation.
Après-guerre, son œuvre à l'eau-forte se poursuit, en particulier pour figurer au sein d'ouvrages imprimés comme celui de Lanza del VastoPrincipes et préceptes du retour à l'évidence, en 1945[16][réf. incomplète]. Dans les années 1950, elle passe la plupart de son temps à voyager avec sa fille, dans une caravane. Elle en reproduit ses impressions à travers des aquarelles[17] et des lithographies. Elle illustre une biographie du mahatma Gandhi parue en 1952[18].
Plusieurs travaux réalisés durant la période du camp de Gurs font aujourd’hui partie de la collection d’objets d’art dans la Ghetto Fighters' House (musée des combattants des ghettos) dans le kibboutzLohamei HaGeta'ot en Israël
Complément avec autres sources, en particulier : BNF ; Catalogue d'exposition 2014 Bibliothèque Metz ; Archives of women artists (en français) association Loi 1901 fondée par Camille Morineau, historienne de l'art : awarewomenartists.com
Jean-Pierre Legendre et Bernard Sberro, "Lou Albert-Lasard, une artiste messine entre la France et l'Allemagne", Bibliothèques-Médiathèques de Metz, Carnets de Medamothi, 2012 (pp. 116-121)
Lou Albert-Lasard, Wege mit Rilke Fischer Verlag, Francfort, 1952
Gabriele Mittag, Es gibt nur Verdammte in Gurs. Literatur, Kultur und Alltag in einen Südfranzösischen Internierungslager, 1940-1941. Attempto-Verlag, Tübingen, 1996
Gabriele Mittag (Hg.), Gurs - Deutsche Emigranten im Französischen Exil, Argon Verlag, Berlin, 1990
Miriam Novitch, Spiritual Resistance: 120 Drawings from Concentration Camps and Ghettos, 1940-1945, The Commune of Milan, Mailand, 1979
Hanna Schramm et Barbara Vormeier, Vivre à Gurs : Un camp de concentration français, Maspero, Paris, 1979
Nicole Schneegans, Une image de Lou, coll. « Page blanche », Gallimard, 1996. (Biographie de Lou Albert-Lasard)
↑Anja Franke, « Rilke à Munich pendant la guerre et la révolution », dans Gilbert Krebs, Villes et Écrivains, Berlin, Munich, Venise, Institut Allemand Sorbonne Nouvelle (lire en ligne), premier paragraphe.
↑L’Express, no 2937, du 18 au 24 octobre 2007, dossier « Metz en 1900 ».
↑ a et bGudrun Wedel: Autobiographien von Frauen: Ein Lexikon, Böhlau, Cologne, 2010 (p.9).
↑Jean-Pierre Legendre Conservateur du Patrimoine, DRAC Rhône-Alpes et Bernard Sberro, Catalogue de l'Exposition d'œuvres de Lou Albert-Lasard, Montigny-les-Metz, 2014, docplayer.fr/amp/16159108-Exposition-lou-albert-lasard-une-artiste-entre-ombres-et-lumieres.html
↑Catherine Gonnard, « Lou Albert-Lasard », dans Antoinette Fouque, Dictionnaire universel des créatrices, Éditions des femmes, (lire en ligne).
↑Legendre, Sberro, Lou Albert-Lasard, artiste messine entre France et Allemagne, catalogue d'exposition, Bibliothèques-Médiathèques de Metz, 2014, voir : Exposition-lou-albert-lasard-une-artiste-entre-ombres-et-lumieres.html
↑Albert-Lasard est publiée par la revue belge d’avant-garde Het Overzicht dirigée par Michel Seuphor et Jozef Peeters.