Louis-Alexandre Taschereau, né le à Québec et mort le dans cette même ville, est un avocat et homme politique québécois. Il est élu onze fois dans la circonscription de Montmorency[1], à partir de 1900. Il est le 14e premier ministre du Québec, fonction qu'il exerce de 1920 à 1936. Il était en poste au moment de la Grande Dépression au Canada dans les années 1930[2].
Né à Québec le , fils de Jean-Thomas Taschereau, avocat et juge à la Cour suprême, et de Marie-Louise-Joséphine Caron, Louis-Alexandre Taschereau fait ses études au séminaire de Québec et à l'Université Laval, où il obtient un diplôme en droit[3]. Il est admis au Barreau du Québec le [3].
En 1903, il devient conseiller du roi[4].
Après s'être lancé dans la vie politique, il sert comme chef lieutenant au sein du gouvernement libéral de Lomer Gouin. Il pratique sa profession au cabinet d'avocat de Charles Fitzpatrick et de Simon-Napoléon Parent. Il est également journaliste à l'Action libérale et président et vice-président de la Banque d'économie de Québec.
Il est bâtonnier du Québec de 1912 à 1913.
Son oncle Elzéar-Alexandre Taschereau[5] avait été archevêque de Québec et avait lui aussi pris ses distances avec les ultramontains[6].
Élu député à l'Assemblée législative pour la première fois en 1900, il devient plus tard le ministre des Travaux publics sous Lomer Gouin de 1907 à 1919[7]. En 1919, il devient Procureur général de la province de Québec.
Élu premier ministre en 1920, à une époque où l'économie nord-américaine commence à éprouver des difficultés qui mèneront finalement à la Grande Dépression, Taschereau encourage vigoureusement le développement, par l'entreprise privée, des ressources forestières et minérales importantes dans la région d'Ungava et de Nunavik que le Parlement du Canada avait ajoutée à la province de Québec[8].
Pendant la Grande Dépression (crise économique des années 1930), Taschereau se souciant de la précarité d'une partie de la population de la province, créera la première loi sur le chômage.
Un des premiers à prôner l'exploitation de l'énorme potentiel hydraulique des cours d'eau de la province de Québec de même qu'à tracer les voies à une nationalisation de l’hydroélectricité par l'établissement d'une commission provinciale d'enquête sur cette ressource, Taschereau comprend les limites du capital disponible dans un Canada peu peuplé, et travaille activement à attirer des investissements américains pour développer le potentiel industriel du Québec et tenter d'arrêter l'émigration massive vers les États-Unis[8].
Ses politiques mettent à l'épreuve la société agraire traditionnelle que la dominance et l'influence de l'Église catholique romaine avaient réussi à maintenir au Québec plus longtemps qu'ailleurs en Amérique du Nord[9]. Les libéraux de Taschereau étaient principalement opposés aux nationalistes tels que Henri Bourassa, éditeur du quotidien Le Devoir, et le prêtre catholique Lionel Groulx, éditeur de L'action canadienne-française.
Louis-Alexandre Taschereau instaure également le monopole du gouvernement du Québec sur la vente des vins et spiritueux durant l'ère de la Prohibition aux États-Unis[9]. Il a créé les écoles des beaux-arts à Québec et Montréal et subventionné les œuvres scientifiques et littéraires.
Taschereau introduit une mesure en 1930 pour créer un conseil juif qui aurait permis une participation juive au plus haut conseil décisionnel en matière d'éducation au Québec, le Conseil de l'instruction publique du Québec[10]. Trois écoles protestantes majoritairement fréquentées par des « Israélites » seraient devenues des écoles confessionnelles juives. En outre, une partie de la « taxe des neutres », jusqu'alors partagée également entre commissions scolaires catholiques et commissions scolaires protestantes, aurait été plutôt attribuée aux nouvelles écoles juives[10].
Les attaques verbales et journalistiques contre la population juive étaient fréquentes et souvent violentes dans une presse écrite qui voit dans la tentative de Taschereau de réformer le système confessionnel des écoles un exemple des juifs pour tenter de miner le christianisme[11]. Résultat de cette opposition véhémente, la communauté juive est intimidée et n'insiste pas sur la question lorsque Taschereau est forcé de retirer le projet de loi et de proposer un compromis qu'il soumet d'abord à l'examen et à l'approbation de l'Église catholique romaine. Dans le projet de loi qui en résulte, les juifs sont renvoyés dans le système d'écoles protestantes, et le conseil juif n'a pas de pouvoir sauf celui de négocier une entente avec la commission scolaire protestante[12].
Les élections de 1932 sont mouvementées. Le chef du Parti conservateur du Québec, le futur maire de Montréal, Camilien Houde, est considéré comme une forme de renouveau pour la province de Québec avec son attitude populiste. Toutefois, il perd ce scrutin malgré un suffrage au-dessus de 40 %. Le système parlementaire étant ce qu'il est, les libéraux réussissent à aller chercher plus de 70 comtés[13].
C'est alors que Houde entreprend de contester judiciairement le résultat des élections dans tous les comtés que les libéraux ont remportés, allant même jusqu'à financer les actions judiciaires entreprises. Mal lui en prit. Aussitôt la nouvelle session parlementaire ouverte, Taschereau fait voter une loi qui oblige les contestataires à payer de leur poche directement la procédure judiciaire. Étant donné que c'est en pleine période de la Grande Dépression, les gens n'ont pas nécessairement le montant demandé, ce qui tue dans l’œuf la tentative louable de Houde pour contester l'élection.
Son gouvernement crée un certain mécontentement au sein du Parti libéral. L'aile réformiste du parti quitte les libéraux pour former un nouveau parti, l'Action libérale nationale[13]. Paul Gouin, le fils de Lomer Gouin et petit-fils d'Honoré Mercier, se joint à ce nouveau parti. L'Action libérale nationale fusionne plus tard avec le Parti conservateur du Québec afin de former l'Union nationale sous la houlette de Maurice Duplessis, qui devient célèbre en dénonçant publiquement la corruption du gouvernement libéral de Louis-Alexandre Taschereau devant le Comité des comptes publics de l'Assemblée législative[14].
Taschereau démissionne après que son frère Antoine ait avoué devant le Comité des comptes qu'il avait déposé sur son compte en banque personnel, les intérêts des fonds appartenant à l'Assemblée législative. L'élection de 1936 portant au pouvoir l'Union nationale met fin à un règne libéral de 40 ans[14].
La longévité de Taschereau comme premier ministre et membre du parlement québécois est tout à fait remarquable. Il siège comme député pendant plus de 35 ans[15].
Il est inhumé le dans le cimetière Notre-Dame-de-Belmont, à Québec.
Louis-Alexandre Taschereau a reçu les distinctions suivantes [16]:
Nom | Parti | Nombre de voix |
% | Maj. | |
---|---|---|---|---|---|
Louis-Philippe Pelletier | Conservateur | 1 919 | 72 % | 1 171 | |
Louis-Alexandre Taschereau | Libéral | 748 | 28 % | - | |
Total | 2 667 | 100 % |
Nom | Parti | Nombre de voix |
% | Maj. | |
---|---|---|---|---|---|
Louis-Alexandre Taschereau | Libéral | 1 356 | 64,5 % | 611 | |
Édouard Bouffard | Conservateur | 745 | 35,5 % | - | |
Total | 2 101 | 100 % |
Nom | Parti | Nombre de voix |
% | Maj. | |
---|---|---|---|---|---|
Louis-Alexandre Taschereau | Libéral | (sans opposition) | |||
Total | -
|
- |
Nom | Parti | Nombre de voix |
% | Maj. | |
---|---|---|---|---|---|
Louis-Alexandre Taschereau | Libéral | 1 416 | 71,1 % | 840 | |
Jean-Baptiste Bernier | Conservateur | 576 | 28,9 % | - | |
Total | 1 992 | 100 % |
Nom | Parti | Nombre de voix |
% | Maj. | |
---|---|---|---|---|---|
Louis-Alexandre Taschereau | Libéral | 1 335 | 62,4 % | 531 | |
Charles Cauchon | Conservateur | 804 | 37,6 % | - | |
Total | 2 139 | 100 % |
Nom | Parti | Nombre de voix |
% | Maj. | |
---|---|---|---|---|---|
Pierre D'Auteuil (sortant) | Conservateur | 1 778 | 50,8 % | 58 | |
Louis-Alexandre Taschereau | Libéral | 1 720 | 49,2 % | - | |
Total | 3 498 | 100 % |
Nom | Parti | Nombre de voix |
% | Maj. | |
---|---|---|---|---|---|
Louis-Alexandre Taschereau | Libéral | 1 441 | 54,5 % | 239 | |
Armand Lavergne | Ligue nationaliste | 1 202 | 45,5 % | - | |
Total | 2 643 | 100 % |
Nom | Parti | Nombre de voix |
% | Maj. | |
---|---|---|---|---|---|
Louis-Alexandre Taschereau | Libéral | 1 732 | 68,6 % | 940 | |
Aimé Dion | Conservateur | 792 | 31,4 % | - | |
Total | 2 524 | 100 % |
Nom | Parti | Nombre de voix |
% | Maj. | |
---|---|---|---|---|---|
Louis-Alexandre Taschereau | Libéral | (sans opposition) | |||
Total | -
|
- |
Nom | Parti | Nombre de voix |
% | Maj. | |
---|---|---|---|---|---|
Louis-Alexandre Taschereau | Libéral | 1 599 | 61,6 % | 604 | |
Armand Lavergne | Conservateur | 995 | 38,4 % | - | |
Total | 2 594 | 100 % |
Nom | Parti | Nombre de voix |
% | Maj. | |
---|---|---|---|---|---|
Louis-Alexandre Taschereau | Libéral | (sans opposition) | |||
Total | -
|
- |
Nom | Parti | Nombre de voix |
% | Maj. | |
---|---|---|---|---|---|
Louis-Alexandre Taschereau | Libéral | 1 989 | 58,7 % | 621 | |
Louis-Charles Francoeur | Conservateur | 1 368 | 40,4 % | - | |
Aimé Dion | Conservateur indépendant | 29 | 0,9 % | - | |
Total | 3 386 | 100 % |
Nom | Parti | Nombre de voix |
% | Maj. | |
---|---|---|---|---|---|
Louis-Alexandre Taschereau | Libéral | 2 196 | 56,3 % | 489 | |
Joseph-Félix Roy | ALN | 1 707 | 43,7 % | - | |
Total | 3 903 | 100 % |
Partis | Chef | Candidats | Sièges | Voix | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1919 | Élus | Nb | % | +/- | ||||
Libéral | Louis-Alexandre Taschereau | 83 | 74 | 64 | 149 730 | 51,5 % | -0,39 % | |
Conservateur | Arthur Sauvé | 66 | 5 | 20 | 114 285 | 39,3 % | -22,36 % | |
Libéral indépendant | 10 | -
|
-
|
5 586 | 1,9 % | -14,97 % | ||
Ouvrier ministériel | 3 | -
|
-
|
5 554 | 1,9 % | -9,40 % | ||
Libéral opposition | 3 | -
|
1 | 3 684 | 1,3 % | - | ||
Fermier opposition | 3 | -
|
-
|
3 180 | 1,1 % | - | ||
Ouvrier opposition | 3 | -
|
-
|
2 439 | 0,8 % | - | ||
Ouvrier | 1 | 2 | 0 | 925 | 0,3 % | - | ||
Conservateur indépendant | 1 | -
|
-
|
335 | 0,1 % | - | ||
Indépendant | 6 | -
|
-
|
4 931 | 1,7 % | - | ||
Total | 179 | 81 | 85 | 290 649 | 100 % | |||
Le taux de participation lors de l'élection était de 62 % et 3 808 bulletins ont été rejetés. Il y avait 513 224 personnes inscrites sur la liste électorale pour l'élection, toutefois seules 474 794 personnes avaient plus d'un candidat dans leur district. |
Partis | Chef | Candidats | Sièges | Voix | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1923 | Élus | Nb | % | +/- | ||||
Libéral | Louis-Alexandre Taschereau | 85 | 64 | 74 | 188 687 | 59,3 % | +7,82 % | |
Conservateur | Arthur Sauvé | 67 | 20 | 9 | 109 105 | 34,3 % | -5,01 % | |
Libéral indépendant | 7 | -
|
1 | 9 345 | 2,9 % | +1,02 % | ||
Ouvrier | 2 | 0 | 1 | 6 774 | 2,1 % | -0,94 %[34] | ||
Indépendant | 6 | -
|
-
|
4 050 | 1,3 % | - | ||
Total | 167 | 84 | 85 | 317 961 | 100 % | |||
Le taux de participation lors de l'élection était de 62,9 % et 2 843 bulletins ont été rejetés. Il y avait 569 018 personnes inscrites sur la liste électorale pour l'élection, toutefois seules 509 935 personnes avaient plus d'un candidat dans leur district. |
Partis | Chef | Candidats | Sièges | Voix | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1927 | Élus | Nb | % | +/- | ||||
Libéral | Louis-Alexandre Taschereau | 90 | 74 | 79 | 268 732 | 54,9 % | -4,46 % | |
Conservateur | Camillien Houde | 90 | 9 | 11 | 213 223 | 43,5 % | +9,23 % | |
Ouvrier | 4 | 1 | 0 | 2 164 | 0,4 % | -1,69 % | ||
Conservateur indépendant | 5 | -
|
-
|
1 295 | 0,3 % | - | ||
Libéral indépendant | 2 | 1 | -
|
1 065 | 0,2 % | -2,72 % | ||
Indépendant | 5 | -
|
-
|
3 216 | 0,7 % | -0,61 % | ||
Total | 196 | 85 | 90 | 489 695 | 100 % | |||
Le taux de participation lors de l'élection était de 77 % et 4 190 bulletins ont été rejetés. Il y avait 641 324 personnes inscrites sur la liste électorale pour l'élection. |
Partis | Chef | Candidats | Sièges | Voix | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1931 | Élus | Nb | % | +/- | ||||
Libéral | Louis-Alexandre Taschereau | 90 | 79 | 47 | 251 127 | 46,8 % | -8,06 % | |
ALN | Paul Gouin | 52 | -
|
26 | 161 239 | 30,1 % | +30,06 %[37] | |
Conservateur | Maurice Duplessis | 34 | 11 | 16 | 98 435 | 18,4 % | -25,19 % | |
Libéral indépendant | 19 | 0 | 1 | 21 578 | 4 % | +3,80 % | ||
Ouvrier | 2 | -
|
-
|
2 238 | 0,4 % | -0,02 % | ||
Libéral ouvrier | 1 | -
|
-
|
998 | 0,2 % | - | ||
Conservateur indépendant | 1 | -
|
-
|
37 | 0 % | -0,25 % | ||
Indépendant | 4 | -
|
-
|
709 | 0,1 % | -0,53 % | ||
Total | 203 | 90 | 90 | 536 361 | 100 % | |||
Le taux de participation lors de l'élection était de 76,2 % et 15 232 bulletins ont été rejetés. Il y avait 739 300 personnes inscrites sur la liste électorale pour l'élection, toutefois seules 724 260 personnes avaient plus d'un candidat dans leur district. |