À l'état naturel, cette espèce se trouve dans les eaux douces continentales (étangs, rivières...) et dans les zones d'estuaire[réf. nécessaire]. Elle se nourrit principalement la nuit et est omnivore (algues, larves d'insectes aquatiques, chair de poissons ou d'autres crustacés morts...)[réf. nécessaire]. De quelques millimètres à sa naissance, ce crustacé peut atteindre 10 à 15 cm de long en 9 mois[4], puis jusqu'à une trentaine de centimètres[5].
Les crevettes adultes vivent en eau douce, soit dans les rivières et canaux qui quadrillent le delta du Mékong, soit dans les divers bassins et rizières, c'est-à-dire un peu partout au Viet Nam. Elle est particulièrement abondante dans les provinces de Can Tho, An Giang et Vinh Long où la production annuelle dépasse 1 300 tonnes. La reproduction a lieu tout au long de l'année, avec deux pics en avril (rivière de Saigon) et juin-octobre (fleuve Mékong). Les larves de Macrobrachium se développent en eau saumâtre dans les zones estuarines puis remontent peu à peu les fleuves et rivières à la suite de leur métamorphose. Elle est également présente au Cambodge où elle est très appréciée.
Plusieurs espèces de Macrobrachium ont été introduites dans d'autres zones tropicales ou subtropicales, mais le Macrobrachium rosenbergii, en provenance d'Asie du Sud-Est, est l'espèce la plus utilisée à des fins commerciales. Son élevage est devenu intensif en Chine, en Thaïlande et aux Philippines. Il a ensuite été introduit dans de nombreux pays[6], notamment à l'île Maurice dans les années 1970. La tentative d'introduction à La Réunion dans les années 1980 s'est soldée par un échec par manque de rentabilité[7]. La crevette est également élevée aux Antilles : à la Martinique depuis 1976 et à la Guadeloupe depuis 1978[8]. En élevage, cette espèce est préférée à l'espèce autochtone américaine Macrobrachium carcinus qui est trop agressive envers ses congénères. Depuis, l'espèce s'est échappée d'élevage et s'est acclimatée à la Martinique. Elle est largement élevée en Chine (où elle a été introduite, en provenance du Japon, en 1976), dans une dizaine de provinces du sud. C'est la province du Guangdong qui produit le plus de crevettes en Chine[9]. Plusieurs élevages sont apparus en France métropolitaine, notamment dans les départements du Gers[10] et de l'Ain[11], où cette crevette est encore peu connue mais pourrait à l'avenir trouver une large place dans les bassins des aquaculteurs[12], afin de leur permettre d'adapter leurs productions pour certaines impactées par les conséquences du changement climatique[11].
Durant leur migration, les juvéniles sont souvent capturés pour stockage dans les bassins familiaux ou les rizières des paysans, ou bien entrent naturellement dans ces bassins grâce à l'action des marées. L'élevage de la chevrette au Viêt Nam est donc essentiellement une activité artisanale de type familial. Dans les stations d'élevage, les larves sont produites dans des écloseries contenant de l'eau saumâtre, puis les adultes sont élevés dans des étangs d'eau douce.
Il existe deux modes d'élevage : continue et discontinue. Le mode discontinu consiste en un stockage unique suivi d'une période d'élevage de huit à douze mois et de la récolte totale des animaux. L'élevage en continu consiste en une récolte progressive des animaux les plus grands du troupeau après sept mois d'élevage et d'une gradation des animaux restants qui sont alors séparés entre différents bassins. Un nouveau stockage de juvéniles est alors effectué pour permettre une continuité de la récolte. Bien que non présente naturellement au Nord-Viêt Nam, des essais d'élevage ont été effectués avec plus ou moins de succès. Le principal handicap est toutefois la présence d'une saison froide qui limite la période d'élevage favorable. Par ailleurs, la production artificielle de larves en écloseries reste difficile et est limitée par un manque relatif de demande en comparaison de celle existante pour les larves de crevettes marines et qui constitue une attraction importante pour l'investissement effectué dans les écloseries de crevettes au Viêt Nam.
Côté alimentation, la chair de la crevette géante d'eau douce est riche en protéines, vitamines et oligo-éléments, tout en restant pauvre en graisses[9]. À La Réunion, ces crevettes sont cuisinées en cari ou flambés[réf. nécessaire].
Cette espèce est par ailleurs utilisée en laboratoire pour des études toxicologiques ou écotoxicologiques, par exemple en 2017 pour l'étude de la cinétique d'un pesticide organochloré le Chlordécone[13].
L'Aquarium du palais de la Porte Dorée détient une ou deux Macrobrachium rosenbergii présentés au public (12/2014). Les spécimens sont maintenus dans une grande cuve d'une centaine de litres. Ils sont aisément observables lors d'une promenade dans l'Aquarium.
Géraud Laval, Élevage de crevettes d'eau douce en Europe - Pratiques éco-responsables pour Macrobrachium rosenbergii, Éditions Quæ, coll. Guide pratique, 2022.
J. Y. Le Gall, E. Beague, Introduction du camaron Macrobrachium rosenbergii (de Man) (Crustacea, Decapoda, Caridea, Palaemonidae) à l'île de la Réunion (Océan Indien), Aquaculture, 52(4), 1986 :303-305.
↑Géraud Laval, Élevage de crevettes d'eau douce en Europe - Pratiques éco-responsables pour Macrobrachium rosenbergii, Quae, coll. « Guide pratique », , p. 4e de couverture