Marainville est la dernière commune vosgienne traversée par le Madon avant que celui-ci pénètre en Meurthe-et-Moselle. Son territoire est voué à l'agriculture et ne possède pas de forêts.
La commune se compose de 27,66 hectares de territoires artificialisés (5,61 %), 437,26 hectares de territoires agricoles (88,69 %) et 28,24 hectares de forêts et milieux semi-naturels (5,73 %)[1].
Le Madon, d'une longueur totale de 96,9 km, prend sa source dans la commune de Vioménil et se jette dans la Moselle à Pont-Saint-Vincent, après avoir traversé 47 communes[4].
Le ruisseau le Beaulong, d'une longueur totale de 10,7 km, prend sa source dans la commune de They-sous-Vaudemont et se jette dans le Madon à Battexey, après avoir traversé six communes[5].
Le territoire communal est couvert par le schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE) « Nappe des Grès du Trias Inférieur ». Ce document de planification, dont le territoire comprend le périmètre de la zone de répartition des eaux[Note 1] de la nappe des Grès du trias inférieur (GTI), d'une superficie de 1 497 km2, est en cours d'élaboration. L’objectif poursuivi est de stabiliser les niveaux piézométriques de la nappe des GTI et atteindre l'équilibre entre les prélèvements et la capacité de recharge de la nappe. Il doit être cohérent avec les objectifs de qualité définis dans les SDAGERhin-Meuse et Rhône-Méditerranée. La structure porteuse de l'élaboration et de la mise en œuvre est le conseil départemental des Vosges[6].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 9,8 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 17,1 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 871 mm, avec 11,9 jours de précipitations en janvier et 9,5 jours en juillet[7]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Mirecourt-inra », sur la commune de Mirecourt à 11 km à vol d'oiseau[9], est de 10,4 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 824,3 mm.
La température maximale relevée sur cette station est de 39,5 °C, atteinte le ; la température minimale est de −19,5 °C, atteinte le [Note 2],[10],[11].
Au , Marainville-sur-Madon est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[14].
Elle est située hors unité urbaine[15]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Nancy, dont elle est une commune de la couronne[Note 3],[15]. Cette aire, qui regroupe 353 communes, est catégorisée dans les aires de 200 000 à moins de 700 000 habitants[16],[17].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (88,7 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (94,3 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :
terres arables (47,6 %), prairies (41 %), forêts (5,7 %), zones urbanisées (5,6 %)[18]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 3].
À partir de l'été 2021, l’aéroport d’Épinal-Mirecourt est devenu le "pélicandrome"[19] de la Zone Est et servira ainsi de base de ravitaillement et d’intervention pour les avions bombardiers d’eau connus sous le nom de Dash 8.
En 1608, la seigneurie de Marainville est donnée par le duc de Lorraine à Nicolas de Gleisenove, en échange des fiefs et des « coppels » de Charmes ; Nicolas de Gleisenove fait construire le château de Marainville.
Le , la « terre et seigneurie » de Marainville est érigée en comté en faveur de Charles-Antoine Royer (mort en 1731), dont la fille Charlotte est l'épouse d'Étienne Julien Locquet de Grandville, lieutenant général des armées du roi[21]. Vers 1750, le comté passe à Charles-Joseph de Rutant, époux de Marguerite Locquet de Grandville[22].
Après la mort de Charles-Joseph (vers 1780), la seigneurie est vendue au comte d'origine polonaise Michał Pac, qui la revend vers 1785. Cette revente est la cause du retour en Pologne de l'intendant polonais et sa famille (cf plus loin Nicolas Chopin).
La Franc-maçonnerie à Marainville a été très active au XVIIIe siècle. Le comte Julien Locquet-de-Granville était franc-maçon à la loge de Lunéville et son épouse, Élisabeth Charlotte Léopoldine Royer bien que non maçonne[23] était considérée comme telle par les maçons parisiens qui l'appelaient "notre chère free massone"[24]. Leur gendre, le comte Charles-Joseph de Rutant était aussi un franc-maçon avéré, mais membre de la loge maçonnique de Mirecourt.
1771 est l'année de la naissance à Marainville de Nicolas Chopin[25], père du compositeur. Nicolas Chopin, âgé de 16 ans, jeune homme instruit, accompagne une famille polonaise aisée quittant Marainville pour la Pologne où il émigre, il s'y mariera et aura quatre enfants dont le musicien (voir ci-dessous : "Personnalités liées à la commune")
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[30]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[31].
En 2022, la commune comptait 98 habitants[Note 5], en évolution de +5,38 % par rapport à 2016 (Vosges : −2,96 %, France hors Mayotte : +2,11 %).
Une tombe à char sous tumulus datant du VIIe siècle av. J.-C., découverte en 1977 et fouillée entre 1986 et 1988, a livré un mobilier d'un grand intérêt[40]. Elle est sans doute liée au site fortifié de Saxon-Sion en Meurthe-et-Moselle[41].
François Chopin (1738-1814) est, dans les années 1770-1780, syndic de la paroisse et se trouve de ce fait en contact avec le seigneur de l'époque, Michel Jean Pac, un noble polonais du grand-duché de Lituanie, et surtout avec son intendant, Adam Weydlich, lui aussi Polonais[45]. En 1787, après la mort de Michel Pac, la seigneurie de Marainville est revendue ; la famille Weydlich repart en Pologne, emmenant avec elle Nicolas Chopin qui se fixe définitivement dans ce pays et s'y marie en 1806 ; Frédéric Chopin naît en 1810.
En Pologne, Nicolas Chopin indiquait en général, comme lieu de naissance : « aux environs de Nancy »[46], mais son dossier administratif de professeur, retrouvé en 1923, indique bien « Marainville » (à la suite de quoi son acte de baptême a été à son tour retrouvé et publié en 1926). Il n'a, semble-t-il, pas maintenu de liens avec sa famille ; le seul document retrouvé est une lettre de 1790[47]. Il n'a pas été partie prenante de la succession de son père en 1814[48]. Il ne semble pas que Frédéric Chopin, qui a vécu en France de 1831 à sa mort, ait su qu'il avait deux tantes à Marainville.
La maison natale de Nicolas Chopin n'est pas celle qui a été détruite en 1982[49] par un agriculteur, mais la maison mitoyenne, celle des beaux-parents[50]. L'association « Les amis de Nicolas Chopin » de Marainville et le centre de recherche culturel Chopin[51] de Charmes organisent régulièrement des concerts et des conférences sur Chopin.
Cet aristocrate polonais est issu d'une très grande famille de Lituanie[53]. Lui-même a été chambellan du roi de Pologne Auguste III (1734-1763), puis sous le règne de Stanislas II Auguste, un des chefs de la rébellion de 1768 (« Confédération de Bar »). Il vient en France à la suite de l'échec de cette aventure. Il acquiert le château de Marainville en 1780 et le revend en 1785[54].
Il est apparenté[55] à Louis Michel Pac (Michał Ludwik Pac, 1778-1835), né en France, général dans les armées napoléoniennes.
De gueules à la roue de char celte d'or, le moyeu d’argent, accostée de deux clefs de sol d'argent; au chef triangulaire, ondé et cousu d'azur, chargé d'une croisette fleuronnée d'or.
Commentaires : La croix fleuronnée est celle des Gleissnove, seigneur du lieu. La roue est celle d'un char découvert sous un tumulus à Marainville sur Madon en 1980. Les clefs de sol évoquent Frédéric Chopin dont le père était natif du village.
Armoiries composées par R.A. Louis et B. Georgin, adoptées le 26 janvier 2018[57].
Bibliographie sur Chopin et sur la franc-maçonnerie à Marainville :
Toutes les biographies de Frédéric Chopin comportent un aperçu plus ou moins détaillé des origines lorraines de son père, notamment :
Marie-Paule Rambeau, Chopin : l'enchanteur autoritaire, Paris Budapest Torino, L'Harmattan, coll. « Univers musical », , 957 p. (ISBN978-2-7475-8788-4), chap. 1
Tadeusz A Zieliński (trad. Marie Bouvard, Laurence Dyèvre, Blaise et Krystyna de Obaldia), Frédéric Chopin [« Chopin : życie i droga twórcza »], Paris, Fayard, (ISBN978-2-213-59352-4, BNF36958592)
Les ouvrages les plus importants sont ceux de Gabriel Ladaique, professeur d'université, par ailleurs vice-président du Centre culturel Chopin de Charmes :
Les Ancêtres paternels de Frédéric Chopin, thèse d'État sous la direction de Danièle Pistone (Université Paris IV, 1986), Lille, Atelier national Reproduction des thèses, 1987 (ISBN2-905-05341-0)
Les Origines lorraines de Frédéric Chopin, Sarreguemines, Pierron Éditions, 1999 (ISBN2-708-50208-5)
Chopin et sa filiation française, 2011 (édité par l'auteur)
Chollet Jack. La Franc-maçonnerie à Mirecourt du XVIIIe siècle à nos jours. Éditions Gérard Louis, Haroué, 2013 (ISBN978-2-35763-046-8)
Chollet Jack et Andriot Cédric, Les Mystères de la Franc-maçonnerie à Lunéville. Éditions Gérard Louis, Haroué, 2016 (ISBN978-2-35763-098-7)
(fr) Le patrimoine architectural et mobilier de la commune sur le site officiel du ministère français de la Culture (Bases Mérimée, Palissy, Palissy, Mémoire, ArchiDoc), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine (archives photographiques) diffusion RMN, et service régional de l'inventaire général de la direction de la Culture et du Patrimoine de la Région
↑Une zone de répartition des eaux est une zone comprenant les bassins, sous-bassins, fractions de sous-bassins hydrographiques et systèmes aquifères définis dans le décret du 29 avril 1994, où sont constatées une insuffisance, autre qu'exceptionnelle des ressources par rapport aux besoins.
↑Il n'y a pas de « communes » à cette époque ; les paroisses servent aussi de circonscription administrative de base, par exemple pour les impôts direct.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑ a et bDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
↑Andriot Cédric et Chollet Jack, Les Mystères de la Franc- Maçonnerie à Lunéville : enquête sur la franc-maçonnerie, de la première loge en Lorraine ducale du XVIIIe siècle à nos jours, Haroué 54740, Gérard Louis, , 363 p. (ISBN978-2-35763-098-7).
↑Chollet Jack, La Franc-Maçonnerie à Mirecourt du XVIIIe siècle à nos jours, Haroué (54740), Gérard Louis, , 293 p. (ISBN978-2-35763-046-8).
↑Les communes, cantons, districts et départements sont créés fin 1789 par l'Assemblée constituante.
↑Préfecture de la région Grand Est, « Arrêté préfectoral no 2023/488 portant modification des limites territoriales des arrondissements du département des Vosges », Recueil des actes administratifs Édition du , , p. 71-83 (lire en ligne [PDF], consulté le )
↑Acte de baptême (16 avril) de Nicolas Chopin, disponible en ligne : Archives départementales des Vosges (AD 88), Marainville-sur-Madon, 1771, reg. paroissiaux, baptêmes, vue 25/31. La mention en marge indique « François » au lieu de « Nicolas ».
↑Weydlich, marié à Françoise Schelling, a un fils, Michel Joseph, qui naît à Maraiville le . Cf. AD 88, Marainville, 1783, reg. paroissiaux, baptêmes, vue 23/36.
↑Cf. son oraison funèbre par Jan Dekert, un de ses anciens élèves, citée par Rambeau, ch. 1, note 5.
↑Actuellement à la BnF. Cf. Ziélinski, qui la cite intégralement.