Marie-Amélie Chartroule, dite Marc de Montifaud, naît le d'un père médecin libre-penseur, Paul Chartroule de Montifaud (dit Paul Chartroule) et d'une mère catholique, Angélina Armande Charlotte d’Archies.
Pendant que sa mère tente de lui enseigner les principes du catéchisme, son père lui inculque les idées nouvelles et l'initie à la philosophie. Passionnée d'art, elle complète sa formation dans l'atelier du peintre Tissier.
Le [4],[5], elle épouse Jean François Quivogne de Luna[6], de vieille noblesse espagnole, de 16 ans son aîné, dit comte Juan-Francis-Léon Quivogne de Luna. Elle aura un fils avec lui, Marc, né en 1874.
Léon Quivogne de Luna est le secrétaire d'Arsène Houssaye, directeur du journal l’Artiste. Ce dernier ouvrira à la jeune femme les pages de sa revue, où elle fera ses premières armes en tant que critique. Le comte Quivogne crée lui-même La Haute-Vie en 1867, un journal qui n'aura que quelques numéros et dont le rédacteur en chef est Marc de Montifaud[7].
Comptant parmi les amis de Villiers de L’Isle-Adam, qui lui dédie Le Nouveau Monde (Ève nouvelle et Axel), on lui doit surtout un nombre important de nouvelles drolatiques, d’esprit galant et provocateur, à saveur parfois anticléricale et coiffées de titres suggestifs : Entre messe et vêpres, ou les Matinées de carême au Faubourg Saint-Germain (1882)…
En 1869, son premier ouvrage Les Courtisanes de l’Antiquité. Marie Magdeleine lui vaut une critique favorable d’Émile Zola dans sa chronique Livre d’aujourd’hui et de demain du Gaulois (lire en ligne).
Elle écrit sous deux noms d'emprunt : Marc de Montifaud et Paul Erasme[8].
Ses écrits lui valent un certain nombre de poursuites judiciaires[10] et quelques-uns sont censurés. Sa publication de l’ouvrage contre les religieuses, Vestales de l’Église, lui vaut même un emprisonnement en 1877[11]. Elle s'exile en Belgique avant même de connaître le jugement pour échapper à l'emprisonnement puis revient en France dès que Albert de Broglie démissionne en novembre 1877[12]. Son livre Mme Ducroisy lui vaut également un emprisonnement en 1878[13].
Ses activités de critique d’art se concentrent à la revue L’Artiste à laquelle elle collabore entre 1867 et 1877. Elle fonde L'Art moderne avec son mari en 1875, la revue, publiée à la Librairie moderne, compte trente-deux livraisons[14], et traite des expositions, musées, collections, peinture, sculpture, gravure, iconographie, archéologie, céramique, numismatique...
Les artistes qui l’intéressent constituent une compagnie très disparate : on retrouve, côte à côte, Hanriot, Alexandre Cabanel, Hébert, Breton, Gustave Doré et Camille Corot ; Édouard Manet et les Impressionnistes finissent par s’ajouter, non sans de sérieuses réticences. Elle demande surtout à l’art des effets de séduction et d’émotion que sa plume d’écrivain peut traduire : ses commentaires glissent alors du motif à la forme avec une égale délectation.
Elle perd son mari le et, en 1905, semble devoir faire face à des ennuis de santé et des tracas financiers.
La dernière entrée que l'on trouve à son nom dans le Catalogue général de la Bibliothèque nationale est un drame patriotique en un acte et en vers intitulé Alsace paru en 1904.
↑Voir acte de naissance de l’état civil reconstitué de la ville de Paris pour Marie-Amélie Chartroule, p. 14/51 [1]. Sur son acte de mariage, il est indiqué 1845 pour son année de sa naissance. Et les notices nécrologiques lui donnent 67 ans (et donc une naissance en 1845).
↑nécrologie dans la Liberté du 25 septembre 1912 [2]
↑Journal des débats politiques et littéraires, 25 septembre 1912, p. 3 [3] : « La comtesse Quivogne de Luna de Montifaud s’est éteinte hier, dans sa soixante-septième année. C’était un littérateur fort connu, qui laisse un considérable bagage.
Elle était la fille du docteur Chartroule de Montifaud, la petite-nièce du commandant de la Belle-Poule lors du combat d’Ouessant, chevalier de la Clocheterie, et du vicomte d’Arlincourt.
↑cf. L'Indicateur des mariages : relevé des mariages affichés dans les mairies du 10 juillet 1864 [4]
↑État civil, Paris 10ème, registre des mariages, p.3/31 [5]
Acte 692 Quivogne et Chartroule
L'an 1864, le 21 juillet midi : en la dixième marie de Paris et par nous...
a été célébré publiquement le mariage de : Jean François Quivogne, propriétaire, né à Bucey les Gy (Haute Loire) le premier décembre 1829 demeurant à Paris rue Vavin N°49, veuf de Caroline Marie Cochard, fils majeur de Etienne Quivogne et de Thérèse Poulain, son épouse décédée, petit-fils d'aieux décédés. D'une part
et de Marie Amélie Chartroule, sans profession née à Paris, le 2 avril 1845, y demeurant avec ses père et mère, boulevard Bonne Nouvelle, N°10, fille mineure de Paul Chartroule, docteur médecin et de Angélina Armande Charlotte d’Archies, son épouse sans profession présents et consentant d'autre part.
Les actes annexés… pas été fait de contrat de mariage
↑[6]
Acte 106
L'an mil huit cent vingt neuf, le premier décembre à cinq heure du soir par devant nous Pierre Joseph "Romane" Maire et officier de l'état civil de la commune de Bucey… le sieur Étienne Quivogne, propriétaire demeurant à Bucey agé de 44 ans lequel nous a présanté un enfant du sexe masculin né aussi à Bucey ce présent jour à onze heure du matin de lui déclarant et de Thérèse Poulain son épouse agée de 36 ans auquel enfant le déclarant a dit vouloir lui donner les prénoms de Jean François …
« Mme de Montifaud serait tenue de mettre le nom du requérant après celui de Paul Erasme, pseudonyme de Mme de Montifaud »
↑ a et bChristine Bard, Une histoire politique du pantalon[7]
↑Le Gaulois : 24 juin 1879 [8]
On se rappelle sans doute la condamnation à quatre mois de prison, prononcée contre Mme Marc de Montifaud, pour son roman, jugé obscène : Mme Ducroisy. Après avoir, par faveur spéciale, obtenu de faire son temps à la maison Dubois, Mme Marc de Montifaud a quitté hier cette demeure, pour rentrer dans sa famille.