Née dans une famille de la noblesse de robe, son père, mort en 1639, était président et trésorier général des finances en Champagne[1]. Elle fut élevée à Baye. Elle apprit la danse et la musique[2]. Elle était riche[3] et belle, « pieuse et même mystique[2] ». C'est alors qu'arriva au logis, en tant que maître d'écriture, le poète Des Barreaux, qui devint son premier amant[4]. Elle le délaissa pour Cinq-Mars[4], ce dont Louis XIII se montra jaloux[2]. Elle eut des liaisons sentimentales ou vénales avec le duc de Buckingham[5] et plusieurs jeunes seigneurs de la cour.
Liée avec Ninon de Lenclos, elle partagea avec elle les suffrages de tout ce que Paris avait de plus galant et de plus spirituel. Elle résidait dans le même quartier, le Marais, place Royale[2]. Plus jolie que Ninon, plus ardente, elle était dotée de moins d'esprit[7].
Après l'arrestation des princes de Condé et de Conti pendant les troubles de la Fronde, elle fut sur le point d'être arrêtée elle-même ; mais sa mort inopinée empêcha l'exécution de l'arrêt. Elle aurait succombé à la prise d'une trop forte dose d'antimoine[8].
Marion Delorme mourut le , à 36 ans[9] et fut inhumée à Saint-Paul, à Paris[10].
Jeanne de Lorme (1638 - ?), sans descendance connue
Augustin de Lorme (1639 - 1698), prêtre jésuite et essayiste polémiste catholique
Jean de Lorme (1641 - 1713), né à l’Arbresle près de Lyon se fixa dans cette ville en 1668 où il devint procureur et notaire[13] . Il épousa Catherine d'Aigueperse, dont il eut trois fils : Jean, François et Gabriel.
La vie singulière de Marion de Lorme a fourni en 1804 à Dumersan et Pain le sujet d'un vaudeville, La Belle Marie.
Victor Hugo écrivit un drame en cinq actes et en vers, Marion de Lorme, représenté au théâtre de la Porte-Saint-Martin le , après avoir été interdit par la censure pendant deux ans. De la vraie Marion de Lorme, Hugo « n'a utilisé que le nom[7] ».
Si Tallemant des Réaux, contemporain de Marion de Lorme, donne sur sa mort des détails qui ne peuvent laisser aucun doute[11], une version romanesque prétend qu'elle aurait fait répandre le bruit de sa mort, afin de fuir plus aisément. Elle aurait eu par la suite une foule d'aventures jusqu'à sa mort, selon les apocryphesChroniques de l'Œil-de-bœuf (1830-1832) de Georges Touchard-Lafosse[14]. L'auteur la fait d'ailleurs mourir le 5 janvier 1741, « deux mois avant l'expiration de sa cent trente-cinquième année », ce qui ne correspond pas du tout à sa date de naissance réelle[14].
Marion Delorme est présente sous son nom dans le roman d'Alexandre Dumas "Le sphinx rouge" où elle apparaît comme une confidente et une informatrice du cardinal Richelieu.
Marion Delorme est un personnage dans "Le Capitan" de Michel Zevaco. Cependant, sa présence est anachronique. En effet, l'action se déroule en 1616. Marion Delorme n'aurait eu que 3/4 ans, alors que c'est une jeune femme dans le roman.
Marion Delorme apparaît de manière anecdotique mais plaisante dans Gaspard de la Nuit, d'Aloysius Bertrand, dans Le Raffiné (Le Vieux Paris, V) : » N’est-ce pas la Marion Delorme au bras du duc de Longueville ? Trois bichons la suivent en jappant. Elle a de beaux diamants dans les yeux, la jeune courtisane ! — Il a de beaux rubis sur le nez, le vieux courtisan ! »
Dans ses Illuminés, Gérard de Nerval évoque la légende selon laquelle Marion Delorme aurait vécu près de cent cinquante ans, « ainsi que semblent le constater d'ailleurs son acte de baptême et son acte mortuaire conservés à Besançon[15] ». L'écrivain Jacques Cazotte, alors âgé de vingt et un ans, l'aurait rencontrée ; elle lui aurait communiqué « des détails inconnus sur la mort de Henri IV[15] ».
↑Tallemant dit à 39 ans. Tallemant des Réaux, op. cit., t. II, p. 35. Selon Antoine Adam, elle serait née le 3 octobre 1613, et morte le 30 juin 1650. Elle n'avait donc pas encore 37 ans. Antoine Adam, op. cit., t. II, p. 939, note 3 ; 940, note 2 ; 941, notes 9 et 1. Pierre Leguay confirme ces dates, en précisant qu'elle est née à Paris. Pierre Leguay, op. cit., t. X, p. 888.
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