Éditrice Die Zeit | |
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Rédactrice en chef Die Zeit | |
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Comtesse | |
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Comtesse |
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Nom dans la langue maternelle |
Marion Dönhoff |
Nom de naissance |
Marion Hedda Ilse Gräfin Dönhoff |
Nationalité | |
Domicile |
Hambourg (à partir de ) |
Formation | |
Activités | |
Famille | |
Père | |
Fratrie |
Heinrich Graf Dönhoff (d) |
Parentèle |
Heinrich von Lehndorff (cousin germain) |
A travaillé pour | |
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Membre de |
Atlantik-Brücke (en) PEN club Allemagne (en) Deutsches Polen-Institut (d) Freie Akademie der Künste in Hamburg (en) Académie américaine des arts et des sciences Deutsche Gesellschaft für auswärtige Politik (en) Zonta International |
Directeur de thèse |
Edgar Salin (en) |
Distinctions | Liste détaillée Joseph E. Drexel award (d) () Prix Theodor-Heuss (d) () Prix de la paix des libraires allemands () Prix Heinrich-Heine () Johann-Heinrich-Merck-Ehrung () Erich-Kästner award (d) () Médaille Reinhold-Maier (d) () Prix Hermann-Sinsheimer () Prix Bruno-Kreisky (d) () Docteure honoris causa de l'université Columbia Prix des quatre libertés de Roosevelt – liberté d'expression Brückepreis (en) Grand-croix de l'ordre du Mérite de la république de Pologne Docteur honoris causa de l'université de Birmingham |
La comtesse Marion Hedda Ilse von Dönhoff, ou simplement Dönhoff (Marion Gräfin Dönhoff), née le au château de Friedrichstein, arrondissement de Königsberg en province de Prusse-Orientale et morte le au château de Crottorf, près de Friesenhagen en Rhénanie-Palatinat, est une aristocrate allemande, qui fut rédactrice en chef et directrice de l'hebdomadaire Die Zeit, dont elle fut cofondatrice, et l'une des grandes figures du journalisme allemand d'après-guerre.
Née en , Marion von Dönhof est issue d'une famille de la noblesse prussienne[1],[2]. Son père est le comte August von Dönhof, membre héréditaire de la chambre des seigneurs de Prusse, membre du Reichstag de 1881 à 1903, ancien diplomate et passionné d'antiquités. Il voyagea beaucoup dans sa jeunesse, par exemple aux États-Unis. Il était l'héritier du fidéicommis de Friedrichstein, immense domaine de la province de Prusse-Orientale, aujourd'hui dans l'oblast de Kaliningrad. Sa mère, stricte luthérienne, est née Maria von Lepel (1869-1940) et a passé une partie de sa jeunesse chez ses grands-parents dans leur château d'Heiligenkreutz en Croatie. Elle est dame d'honneur de l'impératrice Augusta-Victoria. Maria von Dönhoff, quant à elle, est la cadette de la famille ; ses quatre aînés, deux garçons et deux filles, ont de huit à dix ans de plus qu'elle et elle est la dernière des trois plus jeunes[3]. Elle connaît peu son père, car il meurt en 1920 à l'âge de soixante-quinze ans et elle a à peine dix ans. Sa jeunesse se passe donc à la campagne dans une atmosphère patriarcale (ou plutôt matriarcale en l'occurrence) où les enfants sont plus proches des domestiques que de leurs parents.
La jeune fille parvient tout de même à faire des études d'économie à l'université de Francfort-sur-le-Main en 1932, en étant la seule fille dans une classe de 18 garçons. Comme un certain nombre d'aristocrates descendants de Junkers, elle est hostile au national-socialisme, destructeur de l'ordre ancien, mais surtout pour elle destructeur des libertés. Elle poursuit ses études à l'université de Bâle, où elle passe son doctorat en 1935 sur le système agricole des grandes propriétés foncières de Prusse-Orientale[4], dont celle de sa famille qui existe depuis sept cents ans. Elle retourne à Friedrichstein à la fin 1937, après un long voyage. Elle y gère les biens fonciers familiaux[4] et lutte contre le nazisme[4] en s'associant à un mouvement de résistance anti-nazi. Un certain nombre de ses familiers sont mêlés à la tentative d'assassinat contre Hitler en [4], dont son cousin Heni von Lehndorff qui est pendu à la prison de Plötzensee. Elle-même est interrogée par la Gestapo, pour sa prise de participation à l'organisation d'un gouvernement prussien de l'est, une fois Hitler éliminé. Mais elle est relâchée faute de preuves. Toute la famille doit fuir quelques mois plus tard en lorsque la Prusse-Orientale est envahie par l'Armée rouge. Le château brûle et un déplacement de population gigantesque a lieu: tous les Allemands doivent quitter la province qui est peuplée de Polonais expulsés de Pologne de l'est (aujourd'hui Ukraine occidentale), tandis que la zone plus à l'est est peuplée de Soviétiques, surtout ukrainiens ou des régions dévastées du centre de la Russie. Elle s'enfuit alors à cheval pendant 6 semaines vers Hambourg[4] sans argent, ni personne avec elle.
Marion von Dönhoff parvient à trouver refuge à Hambourg et recommence sa vie de zéro[1]. Elle rejoint les fondateurs d'un nouvel hebdomadaire appuyé par les Britanniques qui occupent la région et qui prend très vite son essor[1]. Il s'agit de l'hebdomadaire Die Zeit (« Le Temps », en allemand). D'obédience libérale, la jeune femme devient journaliste politique, puis vice-rédacteur en chef en 1955[4], avec la direction des affaires politiques, rédacteur en chef en 1968[4] et directrice en 1972[4]. Elle a toujours été considérée comme une grande figure morale à la réputation de sagesse dans le monde journalistique et politique de l'après-guerre. Elle obtient en 1971 le prix de la paix des libraires allemands, pour lequel son laudateur est Alfred Grosser.
Elle n'a jamais eu d'enfants, ne s’est jamais mariée, et a consacré sa vie au journal. Pourtant elle élèvera les enfants de sa sœur et de son frère, qui se retrouveront tour à tour orphelins.
Elle est l'auteur de plus d'une vingtaine d'ouvrages, dont la plupart sont traduits en plusieurs langues. La majorité d'entre eux analysent l'histoire de l'Allemagne au XXe siècle[5].
La comtesse n'a jamais pensé retrouver les domaines de sa famille, et au contraire a toujours œuvré pour une réconciliation de l'Allemagne avec la Pologne et la Russie. « Quand je pense aux forêts et aux lacs de Prusse-Orientale, je suis certaine qu'ils sont aussi incomparablement beaux qu'autrefois, lorsqu'ils appartenaient au pays de mes ancêtres. Peut-être existe-t-il une forme d'amour plus élevée, celle d'aimer ce qui ne vous appartient plus. »
Marion Dönhoff a été reçue comme docteur honoris causa de plusieurs universités américaines et de celle de Kaliningrad.
Elle est morte le au château de Crottorf, près de Friesenhagen en Rhénanie-Palatinat, à 92 ans[1],[4],[5].
Une pièce de 10 euros a été frappée à son effigie en 2009 en son honneur en Allemagne.