Son travail est centré sur le quotidien et la sphère publique afin d'éclairer, selon ses mots, « les questions souterraines, comme la façon dont nous vivons nos vies, ou la manière qu’ont les États-Unis de gérer les affaires en notre nom »[7].
En 1989, à la place d'une exposition personnelle à la Dia Art Foundation à New York, Rosler a organisé le projet If You Lived Here..., dans lequel 50 artistes, producteurs de films et de vidéos, photographes, architectes, sans domicile fixe, squatteurs, groupes d'activistes et écoliers, abordaient les sujets de l'architecture, des situations de vie contestées et les visions utopiques. En 2009, une exposition d'archives basée sur le projet If You Lived Here Still...[10] a ouvert à la galerie E-flux à New York et a voyagé en 2010 à Casco Office for Art Design and Theory, à Utrecht, aux Pays-Bas et à La Virreina Centre de la Imatge à Barcelone. À la suite de ses expositions et des problématiques qu'elles ont soulevées, Rosler et l'urbaniste Miguel Robles-Durán ont travaillé sur un projet d'installation urbaine à Hambourg, en Allemagne, intitulé We Promise![11](2015), qui traite des promesses conflictuelles des projets de régénérations urbaines en Europe.
Lors de l'exposition Utopia Station à la Biennale de Venise de 2003, elle travaille avec près de 30 de ses étudiants de Stockholm et de Copenhague, ainsi qu'avec le groupe Internet The Fleas, pour produire des bannières et un petit pavillon explorant les projets et communautés utopiques et leurs ramifications sociales et politiques[12].
Son exposition personnelle Meta-Monumental Garage Sale[4] se déroule au MoMA à New York en , revisitant une série d'expositions tenues entre 1973 et 1977, centrées sur les ventes de garage américaines[13]. Sa fascination pour les ventes de garage, ces étranges événements communautaires, l'a conduite à commencer à collectionner ses propres objets et à faire ses propres événements de ventes de garage. Le Meta-Monumental Garage Sale[14] de 2010 a présenté 14 000 objets, issus de sa propre collection, et des objets donnés par les employés du musée et par le public[15].
Elle reconduit ce type d'événement, dont le Fair Trade Garage Sale au musée des cultures de Bâle, en lien avec la foire d'Art Basel en 2010, puis au MoMA en 2012.
E-flux a commandité The Martha Rosler Library, dans laquelle, à compter de , plus de 7 500 volumes issus de sa collection privée ont été mis à la disposition du public[16] dans des institutions artistiques, des écoles et des bibliothèques[17]. La collection a débuté à la galerie new-yorkaise d'E-flux avant de voyager à l'Association d'art de Francfort en Allemagne ; au MuHKA (Museum of Contemporary Art) à Anvers conjointement avec l'« artist-run space » NIC ; à la United Nations Plaza School à Berlin ; à l'Institut national d'histoire de l'art de Paris ; à Stills à Édimbourg ; à John Moore's Art School à Liverpool ; et à la galerie de l'université du Massachusetts, à Amherst. Dans la Martha Rosler Library, les visiteurs peuvent s'asseoir et lire ou faire des photocopies gratuitement de ses volumes. D'autres initiatives, comme des groupes de lecture et/ou des présentations de lectures publiques, ont été organisées en relation avec le projet.
Son travail fait l'objet de rétrospectives. Positions in the Life World (1998–2000) est montrée dans cinq villes européennes (Birmingham ; Vienne ; Lyon/Villeurbanne ; Barcelone et Rotterdam), à l'International Center of Photography[18] et au New Museum of Contemporary Art à New York. Une autre rétrospective de son travail artistique a lieu à la Galleria Civica d’Arte Moderna e Contemporanea (GAM), à Turin[19].
Ses œuvres les plus connues sont les vidéos pionnières Semiotics of the Kitchen[20] (1974/75), Vital Statistics of a Citizen, Simply Obtained[21] (1977), Losing: A Conversation with the Parents (1977), Martha Rosler Reads Vogue[22] (1982) et Born to Be Sold: Martha Rosler Reads the Strange Case of Baby $/M (1988).
Son travail porte sur la sphère publique et explore les problématiques liées à la vie quotidienne, aux médias, à l'architecture et à l'environnement construit, et en particulier sur la manière dont ils affectent les femmes[23]. Au travers de ses œuvres, Martha Rosler manipule des récits performés et des images de mass médias pour perturber les attentes des spectateurs. Elle déclare : « La vidéo en elle-même n'est pas innocente : oui la vidéo me permet de construire, en utilisant différentes formes narratives fictives, des leurres engagés dans une dialectique avec la télévision commerciale[24]. »
Le photomontage The Bowery in two inadequate descriptive systems[25] (1974-75) est considéré comme une œuvre fondamentale de la photographie conceptuelle et postmoderne.
Son photomontage Body Beautiful, or Beauty Knows No Pain (c. 1966–72) porte sur la représentation photographique des femmes dans le domaine du privée, c'est-à-dire, la vie domestique. Tandis que House Beautiful: Bringing the War Home traite de l'imagerie de la guerre du Viêt Nam (c. 1967–72), propos repris sur la guerre d'Irak et celle d'Afghanistan, respectivement en 2004 et en 2008.
Son œuvre Meta-Monumental Garage Sale est sa première exposition solo au Museum of Modern Art, à New York. Cette exposition fait référence aux ventes de garage typiquement américaines. Il s'agit d'une gigantesque vente de garage où les visiteurs peuvent observer et acheter des objets de seconde main. Ces objets font partie de la collection personnelle de l'artiste. Tous ces objets ont été des donations de la part de l'artiste elle-même, des employés du MoMA et du public. L'artiste étant présente sur place, elle marchandait directement le prix des différents items avec les visiteurs du musée[4].
↑"Video itself 'isn't innocent' : Yes video lets me construct, using a variety of fictional narrative forms, 'decoys' engaged in a dialectic with commercial TV."(en) Lori Zippay, Artists' Videos An International Guide, New York, Electronic Art Intermix, , 167 p.
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