Michel Delaporte fait sa scolarité à Amiens et devient en 1824 élève du peintre néoclassique Jean-Baptiste Regnault. Dès 1827, il se lance dans l’art naissant de la lithographie. Après avoir réalisé une planche représentant comme « Napoléon II » le duc de Reichstadt, il est traduit en cour d’assises pour « offense envers la personne du roi » (Louis-Philippe) en , mais est acquitté sur sa propre plaidoirie. Delaporte va dorénavant s'attacher à donner des gages de bonne conduite : on le retrouve en octobre 1832 dans La Charge, journal satirique discrètement subventionné par la monarchie pour contrer les attaques de journaux d'opposition comme La Caricature et Le Charivari. Dessinateur unique, mais anonyme de cette feuille hebdomadaire qui n’aura que seize mois d’existence, il réalise une lithographie par numéro [2].
À partir de 1833, il se fait une spécialité des «diableries» en ombres chinoises d'inspiration romantique, d'abord dans La Charge, puis dans une série d’au moins sept planches intitulée « Lanterne magique ». Suivent, en 1835 et 1836, deux versions d’un Alphabet diabolique lui aussi en ombres chinoises, et surtout la Clef des songes. Avec 110 images de rêves, cette suite étonnante, surréaliste avant la lettre, est le plus vaste ensemble jamais réalisé par Delaporte, et sans doute son chef-d’œuvre de lithographe.
Le moment où les ombres envahissent les lithographies de Delaporte coïncide avec les débuts d’une mystérieuse maladie des yeux (probablement un glaucome) qui va le rendre peu à peu presque aveugle et le contraindre à abandonner le dessin en 1836.
Dépourvu de ressources, il s’obstine à écrire sans y voir, y réussit en guidant sa main au moyen d’une ficelle à nœuds et commence à rédiger des vaudevilles, le plus souvent en collaboration avec un autre auteur. Ses pièces ont été représentées sur les plus grandes scènes parisiennes du XIXe siècle : Théâtre des Folies-Dramatiques, Théâtre du Palais-Royal, Théâtre des Variétés, etc.
Lanterne magique, série d'au moins sept lithographies en ombres chinoises, 1833
Alphabet diabolique, une planches en ombres chinoises, 1835
Alphabet diabolique, deux planches en ombres chinoises, 1836
Alphabet grotesque, deux planches, 1836
La Clef des songes, série de 110 lithographies en ombres chinoises, 1836 (édité pour la première fois sous forme de livre par les éditions Prairial, 2020)