Monastère de Kumbum Kumbum Jampa Ling Ta'er Si | |
Présentation | |
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Nom local | 塔尔寺 / སྐུ་འབུམ་བྱམས་པ་གླིང |
Culte | école Gelugpa du bouddhisme tibétain |
Type | Monastères bouddhistes du Tibet |
Début de la construction | 1560 |
Style dominant | Tibétain, éléments mongols, mandchous, népalais et han. |
Géographie | |
Pays | Chine |
Région | Province de Qinghai (Amdo/ Kokonor) |
Ville | Lusar, Xian de Huangzhong, ville-préfecture de Xining |
Coordonnées | 36° 29′ 24″ nord, 101° 34′ 02″ est |
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Le monastère de Kumbum, ou monastère de Jampa ling (tibétain སྐུ་འབུམ་བྱམས་པ་གླིང, Wylie : sku-'bum byams-pa gling, chinois : 塔尔寺 ; pinyin : ), ou encore monastère de Ta'er, est l'un des grands monastères de l'école gelugpa du bouddhisme tibétain. Certains réincarnés de la lignée des Taktser Rinpoché, dont Lobsang Tsultrim Jigme Gyatso (1856-1919) et Thupten Jigme Norbu (1922-2008) comptèrent parmi les abbés du monastère[1]. Il comporte un kumbum, ou chörten de grande taille en forme de bâtiment. C'est sur le site du futur monastère qu'est né Tsongkhapa, le fondateur de l'école gelugpa, à laquelle appartient le dalaï-lama. Une fête en l'honneur de Tsongkhapa a lieu du 20 au 26 du 9e mois.
Le monastère, créé en 1560, se trouve dans la province du Qinghai (Amdo), au bourg de Losar ou Lushaer (鲁沙尔镇, ), dans le xian de Huangzhong, à 25 km au sud-ouest du centre urbain de la ville-préfecture de Xining, la capitale provinciale. Il est facilement accessible depuis Xining.
Pour certains, le monastère est situé dans la région culturelle tibétaine de l'Amdo[2],[3].
Tsongkhapa (1357 — 1419), le fondateur de l'école Gelugpa (dont sont issus les dalaï-lamas), est né, sous l'Empire mongol de la Dynastie Yuan (1234–1368)[4], à l'endroit même où fut construit ensuite le « Grand Pavillon à toit d'or ».[réf. nécessaire] Le premier temple fut construit en l'honneur de Tsongkhapa en 1560 par Sonam Gyatso (auquel Altan Khan donna plus tard le titre de IIIe dalaï-lama le ) vers la même époque que le monastère de Litang[5]. Selon la tradition, à cet endroit même, un arbre de santal blanc a poussé du sang tombé à terre lors de l'accouchement[6], qui se déroulait à même la terre battue.
Par son pouvoir, Tsongkapa aurait marqué par la suite les 100 000 feuilles de cet arbre d'images des déités tibétaines, et ses branches et son écorce d'autres empreintes et des « Six Écritures » (c'est-à-dire les six syllabes de om mani padme hum)[7]. Alexandra David Néel donne la raison du nom du monastère : l'expression tibétaine kumbum (translittération Wylie : Sku 'bum) signifie « cent mille images saintes ».
Le père Évariste Huc, accompagné du père Gabet, lui aussi missionnaire lazariste, a séjourné à Kumbum, en 1845, pendant trois mois. Il évoque longuement ce séjour dans ses souvenirs[8]. Il a pu voir l'arbre aux 100 000 images qui était encore vivant à cette date et il en a observé les feuilles, chacune marquée d'un caractère tibétain très bien formé, sans pouvoir s'expliquer ce phénomène[9]. Il a pu assister à la fête des Fleurs, ou des tormas, qui se célébrait le 15 de la première lune. Celle qu'il décrit fut particulièrement somptueuse. Il a pu voir de près, à cette occasion, le grand lama de Kumbum dont le costume, nous dit-il, ressemblait étrangement à celui d'un évêque catholique, avec mitre, crosse et chape sur les épaules. À cette époque le monastère de Kumbum était habité par quelque quatre mille moines.
Sous la République de Chine, Alexandra David-Néel séjourna à Kumbum de juillet 1918 à février 1921, accomplissant ainsi un souhait qu'elle entretenait depuis son séjour au Japon. Elle en rapporta de nombreuses photographies, qui illustrent l'aspect du monastère ainsi que les vêtements des habitants de la région à cette époque.
Le monastère, groupant des bâtiments de style chinois, d'aspect cossu, comptait alors, dit-elle, 3 800 lamas, vivant dans un silence complet, troublé seulement « par le bruit des longues trompettes tibétaines appelant aux exercices religieux et de lointaines harmonies de musique sacrée ».
Elle eut l'occasion d'y assister à la grande fête annuelle, la fête des tormas de beurre, au cours de laquelle étaient exposées « quantité de statues en beurre colorié exquisément modelées et entourées d'une profusion d'ornements, tous en beurre[10] ». Elle avoua préférer la fête des tormas de Kumbum à celle de Lhassa, pourtant célèbre dans tout le Tibet.
Elle put, pendant son séjour, voir la foule bigarrée, comprenant des éléments appartenant aux races diverses qui se côtoyaient dans la région, Tibétains, Chinois, mais aussi populations d'Asie centrale enturbannées. Elle fit d'ailleurs quelques commentaires sur les tenues féminines qu'elle croisait, notant par exemple, lors d'une des foires de la région, « les chapeaux pointus des femmes appartenant à une tribu métisse de Chinois et de Tibétains », ou encore les vêtements de parade des femmes des environs de Kumbum, au sujet desquels elle disait :
« Le beau sexe des environs de Kumbum arbore des harnachements qui conviendraient mieux à un cheval qu'à un être humain. Réellement, les dames endimanchées sont engoncées dans une sorte de pesant harnais en cuir recouvert de drap surchargé d'ornements qui leur enserrent le cou, tourne autour de la taille et descend jusqu'aux talons[11]. »
Alexandra David-Néel n'est qu'un des hôtes occidentaux de ce monastère qui occupe une place considérable dans la mémoire occidentale concernant le monde tibétain. D'autres noms connus sont également liés au monastère de Kumbum : Evariste Huc, Ella Maillart, Paul Pelliot. Nombre d'anonymes y ont passé à un moment de leur approche du Tibet par la route du Septentrion. De nos jours, ce monastère sert de haut-lieu touristique de la culture tibétaine.
Sous la République populaire de Chine, le monastère fut fermé un certain temps avant d'être rouvert en 1979. Si ses bâtiments furent protégés pendant la révolution culturelle, il n'hébergeait plus que 400 moines, en comparaison des 3 000 avant cette période. Son abbé, Arjia Rinpoché, s'est enfui en 1998 pour rechercher l'asile politique aux États-Unis[12].
D'importants travaux de restauration ont été entrepris à la suite du tremblement de terre de 1990.
Les principaux bâtiments du monastère sont :
Enfin, tout autour du site, sur une distance de 5 kilomètres, serpente sur les collines environnantes un chemin de prière, orné tout du long de drapeaux de prière ; les pèlerins le parcourent selon l'antique rite tibétain consistant à se prosterner à plat ventre à chaque pas ; le chemin de prière est donc long à effectuer. De nombreux fidèles viennent d'ailleurs passer quelque temps au monastère et y accomplir 100 000 prosternations avant de repartir chez eux, ce qui nécessite en moyenne un séjour de trois mois à un an, selon l'âge de la personne[6].
Le monastère est classé dans la liste des sites historiques et culturels majeurs protégés au niveau national, pour la province du Qinghai depuis 1961, sous le numéro de catalogue, 1-111.