Mwana Kupona

Mwana Kupona
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Mwana Kupona binti Msham, née sur l'île Pate vers 1810 et morte vers 1865, est une poétesse swahili du XIXe siècle, auteure d'un poème intitulé Utendi wa Mwana  Kupona ("Le Livre de Mwana Kupona"), qui est l'une des œuvres marquant l'apparition d'une littérature swahili.

Sa vie est mal connue. Son petit-fils Mohammed ben Abdalla [1] indique dans les années 1930 que Mwana Kupona est né sur l'Île Pate, et qu'elle est la dernière femme du cheikh Bwana Mataka, régnant sur Siyu, avec qui elle a eu deux enfants. Bwana Mataka meurt en 1856. Deux ans plus tard, Mwana Kupona écrit son célèbre poème, dédié à sa fille, alors âgée de 14 ans, Mwana Heshima. Mwana Kupona meurt autour de 1865 d'une hémorragie utérine.

Le poème Utendi wa Mwana Kupona

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Le poème est centré sur les enseignements et les conseils de Mwana Kupona à sa fille, concernant le mariage et les fonctions d'épouse. Malgré l'apparence laïque du sujet, l’œuvre a une tonalité religieuse et même mystique, et il a été comparé au biblique Livre des Proverbes. Quelques lignes du poème, dédié à l'auteur elle-même (la date est exprimée dans le calendrier musulman):

Swahili[2] :
Traduction[2] :
97 Mwenye kutunga nudhumu
Ni gharibu mwenye hamu
Na ubora wa ithimu
Rabbi tamghufiria
98 Ina lake mufahamu
Ni mtaraji karimu
Mwana Kupona Mshamu
Pate alikozaliwa
99 Tarikhiye kwa yaqinini
Alifu wa miyateni
Khamsa wa sabiini
Hizi zote hijiria.
97 L'auteur de ce travail
Est une triste veuve
Et son pire péché
Le Seigneur lui pardonnera
98 Son nom vous le connaissez
Elle espère en Sa générosité
Mwana Kupona Mshamu
née à Pate.
99 La date certaine
Est mille deux-cent
Soixante-quinze
de l'Hégire.

Le texte est empreint de l'enseignement reçu en école coranique et des obligations sociales de la société qui l'entoure, sur les comportements qui siéent à une femme. Il n'y a pas dans l’œuvre de Mwana Kupona de remise en cause, comme on peut la trouver dans les écrits d'Emily Ruete, quelques décennies plus tard[3]. Le texte inclut également des recommandations à sa fille sur la gestion de la maison et sur les relations sociales à entretenir. Elle y évoque également sa propre vie conjugale. Le terme Utendi désigne une forme poétique swahilie[4].

Dans la culture populaire

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L'écrivain et érudit swahili Kitula King'ei a publié en 2000 un livre pour enfants intitulé Mwana Kupona : Poetess from Lamu, sur la base du travail et de la vie de Mwana Kupona.

Notes et références

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  1. MS 53508c, manuscript, Hitchens Collection
  2. a et b (sw) Mwana Kupona binti Msham, « The Book of Mwana Kupona by Mwana Kupona », A new translation by Tashrifa Silayi, from the Swahili manuscripts published in Tendi by J. W. T. Allen, The Chaucer Press (1971), sur The Book of Mwana Kupona by Mwana Kupona (consulté le )
  3. Yahya-Othman 2010, p. 55.
  4. Bertoncini 2013, p. 3102.

Bibliographie

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  • Kitula King'ei, «Aspects of Autobiography in the Classical Swahili Poetry: Problems of Identity of Authorship»], Folklore, vol. 16, lire en ligne.
  • (en) Alice Werner, The Utendi of Mwana Kupona, African Department, Peabody Museum, Harvard University, , 181 p..
  • (en) Kitula G. King'ei, Mwana Kupona: Poetess from Lamu, Sasa Sema Publications, , 105 p..
  • Dictionnaire mondial des Littératures, Encyclopédie Larousse, (lire en ligne).
  • (en) Renate Papke, Poems at the Edge of Differences: Mothering in New English Poetry by Women, Universitätsverlag Göttingen, (lire en ligne), « Mwana Kupona binti Msham (c.1810-c.1860) », p. 168-169.
  • Saïda Yahya-Othman, Des femmes écrivent l'Afrique: L'Afrique de l'Est, Editions Karthala, (lire en ligne), p. 55-56, 125-126, 389.
  • Eléna Bertoncini, « Kupona, Mwana [Pate v.1810 – id. v. 1860 ] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Le dictionnaire universel des créatrices, Éditions des femmes, (lire en ligne), p. 3101-3102.

Liens externes

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