Méthodes statistiques de régulation des naissances

Les méthodes statistiques de régulation des naissances ou méthodes de régulation des naissances basées sur le Calendrier sont un ensemble de méthodes de régulation des naissances basée sur l'estimation statistique de la probabilité de fertilité d'une femme. Ces méthodes peuvent être utilisées pour commencer la grossesse par la synchronisation des rapports non protégés pendant des jours identifiés comme fertiles, ou pour éviter une grossesse en évitant les rapports sexuels non protégés pendant les jours de fécondité.

La première méthode a été développée dans les années 1930 par Jean Smulders, médecin catholique de Hollande. Elle prend le nom de méthode Knaus–Ogino (dite méthode du rythme), du nom de ceux qui en ont créé le principe. Ce système a été une des principales formes naturelles de contrôle des naissances jusqu'au développement des méthodes de planification familiale naturelle basée sur l'observation du cycle. Un nouveau développement des méthodes statistiques apparaît, en 2002, à l'Université de Georgetown avec la méthode des Jours fixes.

Ces méthodes sont considérées comme peu fiables comparées aux autres méthodes de régulation des naissances et sont déconseillées pour éviter une grossesse.

Terminologie

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Certaines sources associent les méthodes statistiques aux méthodes d'observation du cycle[1]. Les enseignants et promoteurs des méthodes d'observations prennent leur distance avec les méthodes statistiques[2]. En effet, les méthodes statistiques sont considérées comme obsolètes depuis au moins 20 ans[Quand ?][3]. Pour ceux-ci, « les “méthodes naturelles” ne se résument pas à la “bonne vieille méthode Ogino”. Car cette méthode, qu['ils] déconseill[ent] également, se contente de calquer un “calendrier” prédéfini pour toutes les femmes alors que les cycles varient selon chaque femme et au cours de la vie. »[4]. Ce chevauchement entre les usages des termes « la méthode du rythme/statistique » et « planification familiale naturelle » peut contribuer à la confusion.

Une prise de conscience de phases fertiles et infertiles

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On ne sait pas si les cultures historiques savaient quelle partie du cycle menstruel est la plus fertile. En l'an 388, Augustin d'Hippone écrit sur l'abstinence périodique. Aux adeptes du manichéisme, il écrit : « N'est-ce pas vous qui nous conseilliez d'observer autant que possible le moment où une femme, après sa purification, est la plus susceptible de concevoir, et de s'abstenir de cohabitation à ce moment-là, de peur que l'âme ne soit emmêlée dans la chair ? »[5]. Si le manichéisme appliquait une observance de la menstruation similaire au judaïsme, alors le « temps [...] après sa purification » correspondrait à la période la plus susceptible de concevoir[6]. D'autres historiens pensent qu'Augustin évoque les jours immédiatement après la menstruation[7]. Plus d'un siècle auparavant, cependant, le médecin grec Soranus avait écrit que « le temps directement avant et après les menstruations » a été la partie la plus fertile du cycle d'une femme ; cette imprécision a été répété au VIe siècle par le médecin Aëtius. De même, un manuel chinois écrit vers l'an 600 déclare que seuls les cinq premiers jours suivant la menstruation étaient fertiles[7].

Les progrès scientifiques ont poussé un certain nombre de penseurs laïcs à plaider l'abstinence périodique afin d'éviter la grossesse : dans les années 1840, il a été découvert que de nombreux animaux ovulaient pendant l'œstrus. Parce que certains animaux (comme les chiens) ont une décharge sanglante au cours de l’œstrus, il a été supposé que la menstruation était le correspondant moment le plus fertile pour les femmes. Cette théorie inexacte a été popularisé par les médecins Bischoff, Félix Archimède Pouchet, et Adam Raciborski. En 1854, un médecin anglais du nom de George Drysdale enseignait correctement à ses patients que les jours à proximité de la menstruation sont les moins fertiles, mais cela reste l'avis de la minorité pour le reste du XIXe siècle.[réf. nécessaire]

Knaus–Ogino ou la méthode du rythme

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En 1905, Theodoor Hendrik van de Velde, un gynécologue allemand, a montré que les femmes n'ovulaient qu'une fois par cycle menstruel[8]. Dans les années 1920, Kyusaku Ogino, gynécologue japonais, et Hermann Knaus, chirurgien et gynécologue autrichien, travaillèrent de manière indépendante, chacun faisant la découverte que l'ovulation se produit environ quatorze jours avant le prochain cycle menstruel[9]. Ogino a utilisé sa découverte pour développer une formule à destination des femmes infertiles pour leur permettre de prévoir leurs rapports sexuels pour obtenir une grossesse.

En 1930, Johannes Smulders, un médecin catholique hollandais, utilisa la méthode Knaus-Ogino, pour créer une méthode afin d'éviter une grossesse. Elle prit le nom de méthode du rythme. En 1932, un médecin catholique, le Dr Leo J. Latz, publie un livre intitulé Le Rythme de la Stérilité et de la Fécondité chez les Femmes pour décrire la méthode[10].

Au début du XXe siècle, la méthode du rythme a été promue par les membres de l'Église Catholique Romaine comme la seule méthode de planification familiale moralement acceptable. En 1968, l'encyclique Humanae vitae inclut la déclaration : « Il est souhaitable, [...], la science médicale réussisse à donner une base suffisamment sûre à une régulation des naissances fondée sur l'observation des rythmes naturels. » D'autres méthodes ayant été développées, l'Église accepte les méthodes de planification familiale naturelle (PFN) basées sur l'observation.[réf. nécessaire]

De nos jours : la méthode des jours fixes

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De nouveau, l'attention a été attirée sur ces méthodes en 2002, lorsque l'Institut pour la Santé de la Reproduction à l'Université de Georgetown a institué la Méthode des Jours fixes. Conçue pour être plus facile à enseigner et à utiliser que l'ancienne méthode du rythme, la Méthode des Jours fixes est en train d'être intégrée avec succès dans les programmes de planification familiale dans le monde entier.[réf. nécessaire] La Méthode des Jours possède une règle simple et est plus efficace que la méthode du rythme[11]. Un produit appelé "colliers du cycle" a été développé parallèlement à la méthode pour aider l'utilisateur à garder une trace de l'estimation haute et basse de la fertilité au cours de son cycle menstruel. La méthode ne peut être utilisée que par les femmes dont les cycles sont généralement compris entre 26 et 32 jours.

a birth control chain calendar necklace
"Collier du cycle", utilisé par la méthode des jours fixes.

Efficacité

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La plupart des cycles menstruels ont plusieurs jours au début qui sont infertiles (infertilité pré-ovulatoire), une période de fertilité, et ensuite quelques jours avant la prochaine menstruation qui sont infertiles (infertilité post-ovulatoire). Le premier jour de saignement rouge est considéré comme premier jour du cycle menstruel. Pour utiliser ces méthodes, une femme nécessite de connaître la longueur de ses cycles menstruels.

Méthode du rythme (méthode Knaus–Ogino)

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Une analyse d'ensemble des études menées sur la méthode du rythme prouve un indice de Pearl (taux d'échec en usage correct) compris entre 15 et 18,5%[12]. La discipline nécessaire pour tenir des registres précis des cycles menstruels, et de s'abstenir de rapports sexuels non protégés, rend imparfaite l'utilisation typique. L'utilisation typique possède un taux de défaillance de 25 % par an[13]. Par comparaison, l'indice de Pearl de la pilule est de 0,3% et son usage typique de 2,4%[14].

Pour Dr Renteria, « [La méthode] du calendrier par exemple (ndlr : aussi appelée méthode Ogino) n'est pas du tout fiable, son utilisation comme moyen de contraception avait été déconseillée par son inventeur en personne. »[15]

La Méthode des Jours Fixes

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Lorsqu'elle est utilisée pour éviter une grossesse, la méthode des jours fixes a été estimée avoir une efficacité en usage correct de 95 % et en usage typique de 88%[16]. Ces chiffres se basent sur une étude de 2002 dirigée par Marcos Arévalo, affilié à l'Institute for Reproductive Health[17], donnant respectivement des taux d'échec de 4,75 % en usage correct et 11,96 % en usage courant[18], et sur une étude en Turquie en 2014[19]. Cependant, des chercheurs indépendants, en 2016, ont montré que ces chiffres sont probablement trop optimistes et son efficacité est probablement beaucoup plus faible. Pour ceux-ci, l'échantillon n'était pas représentatif. De plus, la méthode étudiée ne correspondait pas exactement à la méthode des jours fixes[20].

Cette étude met en garde contre la méthode des jours fixes : « Les preuves existantes ne supportent pas les affirmations selon lesquelles l'efficacité de la MJF est comparable aux meilleures méthodes modernes à courte durée d'action. »[20]

Des méthodes de faible efficacité

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Le faible niveau de fiabilité de ces méthodes est lié à l'utilisation de plusieurs hypothèses qui ne sont pas toujours vraies[21]. La phase post-ovulatoire (lutéale) a une durée normale de 12 à 16 jours[22], et la méthode du rythme suppose que toutes les femmes ont une longueur à l'intérieur de cette gamme. Cependant, beaucoup de femmes ne correspondent pas à ce critère[23].

Ces méthodes sont basées sur les enregistrements des derniers cycles menstruels afin de prévoir la durée des cycles futurs. Toutefois, la durée de la phase pré-ovulatoire peut varier considérablement, selon la femme, en fonction de facteurs de stress, de médicaments, de maladies, de la ménopause, de l'allaitement maternel...[réf. nécessaire]

Enfin, ces méthodes supposent que tous les saignements sont de vraies menstruations. Cependant, en milieu de cycle, des saignements anovulatoires peuvent être causées par un certain nombre de facteurs[24].

La méthode des Jours fixes est de plus en plus introduite dans les programmes de planification familiale dans les pays en développement. La méthode est satisfaisante pour de nombreuses femmes et les hommes[25],[26]. Le faible coût de la méthode peut aussi lui permettre de jouer un rôle dans les pays qui manquent de fonds pour fournir d'autres méthodes de contrôle des naissances[27].

Notes et références

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  1. (en) Medical Eligibility Criteria for Contraceptive Use : Fertility awareness-based methods, World Health Organization, (lire en ligne).
  2. (en) Toni Weschler, « Fertility Myths », Ovusoft, sur Ovusoft, Taking Charge of Your Fertility (consulté le ).
  3. (en) Toni Weschler, Taking Charge of Your Fertility, New York, HarperCollins, , 3–4 p. (ISBN 0-06-093764-5).
  4. Cheek Magazine, « Stop à la désinformation autour des méthodes naturelles de contraception! », ChEEk Magazine,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. Bishop of Hippo Augustine Saint, A Select Library of the Nicene and Post-Nicene Fathers of the Christian Church, Volume IV, Grand Rapids, MI, WM. B. Eerdmans Publishing Co., , « Chapter 18.—Of the Symbol of the Breast, and of the Shameful Mysteries of the Manichæans »
  6. Shirley Green, The Curious History of Contraception, New York, St. Martin's Press, , 138–43 p. (ISBN 0-85223-016-8)
  7. a et b Angus McLaren, A History of Contraception : From Antiquity to the Present Day, Oxford, Blackwell Publishers, , 275 p. (ISBN 0-631-18729-4), p. 74
  8. « A Brief History of Fertility Charting », FertilityFriend.com, sur FertilityFriend.com (consulté le )
  9. Katie Singer, The Garden of Fertility, New York, Avery, , 226–7 p. (ISBN 1-58333-182-4, lire en ligne)
  10. Marilyn Yalom, A History of the Wife, New York, HarperCollins, , 297–8, 307 (ISBN 0-06-019338-7)
  11. M. Arévalo, V. Jennings et I. Sinai, « Efficacy of a new method of family planning: the Standard Days Method. », Contraception, vol. 65, no 5,‎ , p. 333–8 (PMID 12057784, DOI 10.1016/S0010-7824(02)00288-3, lire en ligne [PDF])
  12. (en) R. T. Kambic et V. Lamprecht, « Calendar rhythm efficacy: a review », Advances in Contraception, vol. 12, no 2,‎ , p. 123–128 (ISSN 0267-4874 et 1573-7195, DOI 10.1007/BF01849633, lire en ligne, consulté le )
  13. RA Hatcher, Trussel J et Stewart F, Contraceptive Technology, New York, Ardent Media, (ISBN 0-9664902-6-6, lire en ligne)
  14. Efficacité contraceptive et taux d’abandons de la méthode après 1 an aux États-Unis et en France [archive], HAS 2013, p.  27, tableau 1
  15. « Des applis pour une contraception naturelle », tdg.ch/,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. (en) Julianne Weis et Mario Festin, « Implementation and Scale-Up of the Standard Days Method of Family Planning: A Landscape Analysis », Global Health: Science and Practice, vol. 8, no 1,‎ , p. 114–124 (ISSN 2169-575X, PMID 32033980, PMCID PMC7108942, DOI 10.9745/GHSP-D-19-00287, lire en ligne, consulté le )
  17. M. Arévalo, I. Sinai et V. Jennings, « A fixed formula to define the fertile window of the menstrual cycle as the basis of a simple method of natural family planning », Contraception, vol. 60, no 6,‎ , p. 357–360 (ISSN 0010-7824, PMID 10715371, lire en ligne, consulté le )
  18. M.Arevalo et al. "Efficacy of a new method of family planning : The Standard Days Method." Contraception 65 (2002) 333-338.
  19. (en) Zerrin Kursun, Sanda Cali et Sibel Sakarya, « The Standard Days Method ® : Efficacy, satisfaction and demand at regular family planning service delivery settings in Turkey », The European Journal of Contraception & Reproductive Health Care, vol. 19, no 3,‎ , p. 203–210 (ISSN 1362-5187 et 1473-0782, DOI 10.3109/13625187.2014.890181, lire en ligne, consulté le )
  20. a et b (en) Cicely A. Marston et Kathryn Church, « Does the evidence support global promotion of the calendar-based Standard Days Method® of contraception? », Contraception, vol. 93, no 6,‎ , p. 492–497 (ISSN 0010-7824, DOI 10.1016/j.contraception.2016.01.006, lire en ligne)
  21. Kippley, p.154
  22. Weschler, p.48.
  23. Kippley, p.111
  24. Kippley, pp.413-415
  25. (en) « Expanding family planning options: offering the Standard Days Method to women in Istanbul », J Fam Plann Reprod Health Care, vol. 31, no 2,‎ , p. 123–7 (PMID 15921552, DOI 10.1783/1471189053629446)
  26. (en) Urmil Dosajh, Ishita Ghosh et Rebecka Lundgren, « Feasibility of Incorporating the Standard Days Method into CASP Family Planning Services in Urban Slums of India », Agence des États-Unis pour le développement international, The Institute for Reproductive Health, Georgetown University,‎ (lire en ligne [PDF], consulté le )
  27. « Mind the gap: responding to the global funding crisis in family planning. », J Fam Plann Reprod Health Care, vol. 30, no 3,‎ , p. 155–7 (PMID 15222918, DOI 10.1783/1471189041261483)