Tournier est né en 1590 à Montbéliard (principauté de Montbéliard, dans le Saint-Empire Romain Germanique jusqu'en 1793).
Il suit le métier de son père, André Tournier, « peintre protestant de Besançon », mais on sait peu de sa vie jusqu'à ce qu'il soit déclaré "absent du pays" le 21 mars 1618.
A Rome, où il serait arrivé en 1617, il habite près de Simon Vouet, et il apparaît dans le recensement annuel catholique de 1619 ("stati delle anime", le curé vérifiant qui avait communié, entre autres). Actif à Rome de 1619 à 1626. Il appartient au groupe des caravagesques français. Ces peintres, dont font aussi partie Valentin de Boulogne qui l'a particulièrement influencé, Nicolas Régnier, et Georges de La Tour, ont été redécouverts lors de l'exposition Les Peintres de la réalité tenue en 1934 au musée de l'Orangerie. Les peintures romaines de Tournier - des sujets profanes et religieux - sont stylistiquement proches des travaux de Bartolomeo Manfredi.
En 1626, il quitte Rome pour Narbonne où il obtient un premier contrat (Tobie et l'Ange de la cathédrale de Narbonne). Pendant cette seconde période de sa carrière, il se déplace aussi à Carcassonne et à Toulouse. Dans cette dernière ville, il peint en 1628 une Crucifixion avec Saint François de Paule (Paris, Louvre) pour l'église des Minimes et un Christ descendu de la Croix pour la cathédrale Saint-Étienne.
Le , le peintre, malade, fait son testament dans la maison de Pierre Affre où il loge. Il décède quelques jours plus tard. Son testament laisse supposer qu'il avait acquis le statut de "régnicole", c'est-à-dire de sujet du roi de France[2].
Son style pictural, bien qu’il suive pour l’essentiel le goût imposé chez les caravagesques, caractérisé par des lumières contrastées, des thèmes profanes et un ton général démystifiant, est toujours nuancé par un plus grand raffinement et une plus grande élégance dans les postures. Il reste fidèle à des racines maniéristes, et semble moins attiré que ses confrères caravagesques par des sujets populaires .
Ses tableaux ont un rendu minutieux (tissus, bijoux, coiffures, vêtements), avec une sélection soignée et harmonieuse de la gamme chromatique[3]. De même, les types humains tendent à l’idéalisation et sont distribués dans l’espace suivant des motifs géométriques. Toutes ces caractéristiques éloignent en partie son art des postulats caravagesques et le rapprochent de l’autre grande école picturale italienne du baroque : le classicisme bolonais[4].
Le Christ descendu de la Croix, 238 × 183 cm, huile sur toile, Musée des Augustins.
Le Christ porté au tombeau, 314 × 166 cm, huile sur toile, Musée des Augustins.
Le Portement de Croix, vers 1632.
Ce tableau était à l'origine accroché dans la chapelle de la Compagnie des Pénitents Noirs de Toulouse. Pendant la Révolution, il fut confisqué par l'État et transféré au musée des Augustins de Toulouse, d'où il fut volé vers 1818. Après avoir été perdu pendant près de deux siècles, il réapparut en 2009 lors d'une vente immobilière à Florence ; Lorsque la Weiss Gallery de Londres l'a exposé lors d'une vente aux enchères à Paris en 2011, le gouvernement français l'a déclaré comme bien volé et l'a interdit de sortie du territoire. Voir « France bars UK gallery from leaving with 'stolen' art », BBC, (lire en ligne, consulté le ).
Le Christ en croix entre la Vierge, saint Jean et un religieux ou Crucifixion, huile sur toile, 320 x 238, vers 1632-1634, Basilique Saint-Paul[5],[6],[7].
Le Christ en Croix, la Vierge, la Madeleine, saint Jean et saint François de Paule, 1628, huile sur toile, 422 × 292 cm, Musée du Louvre. Peint pour l’église de l’ordre des Minimes de Toulouse, Christ, Louvre (atlas).
Rome. Palazzo Corsini - Gallerie Nazionali di Arte antica, Camera verde : "Sinite parvulos" ("Laissez venir - à moi - les petits enfants"), Huile sur toile, 169 × 125 cm, Non daté, Inventaire 406.
Rome. Palazzo Spada , Salle IV : "San Giovanni Evagelista" ("Saint Jean l'Evangéliste"), vers 1620-26. Huile sur toile. Inventaire 162.
Rome. Musei Capitolini – Palazzo dei Conservatori – Pinacoteca. San Giovanni evangelista - Saint Jean l’Évangéliste , vers 1624. Huile sur toile, cm. 134 x 95. Inv. PC 218.
↑François Chartrain, Oeuvres d'artistes français ou d'une "nation" proche visibles à Rome. 2020., Tampere Finlande, Atramenta, , 449 p. (ISBN978-9-523-40942-2), p. 191
↑(es) Anthony Blunt, Arte y arquitectura en Francia 1500/1700, Madrid, Cátedra, , 479 p., 21 cm (ISBN978-8-43760-106-9, OCLC1026234161), p. 270.
↑ a et bChristian Jouffroy et Jean-Jacques Fauré, « Quelques clés pour la connaissance de Nicolas Tounier », dans Nicolas Tournier : Et la peinture caravagesque en Italie, en France et en Espagne, Presses universitaires du Midi, coll. « Méridiennes », , 155–171 p. (ISBN978-2-8107-0986-1, lire en ligne)
↑Frédéric Cousinié, Trajectoire des images : Culte marial et intermédialité dans la France du XVIIème siècle, éditions 1:1, , 240 p. (ISBN979-10-97193-00-3, lire en ligne), p. 151-152
Bernard Dupuy Du Grez, Traité de peinture, Toulouse, chez la veuve de J. Pech A. Pech, (lire en ligne), p. 212-214, 328-330
Axel Hémery, Nicolas Tournier, 1590-1639, un peintre caravagesque, (ISBN978-2-85056-442-0).
Catalogue de l'exposition Nicolas Tournier, un peintre caravagesque, Musée des Augustins, musée des Beaux-Arts de Toulouse, 2001.
Jean-Louis Bonnet, Nicolas Tournier et les peintres montbéliardais en Languedoc, Société d'Études Scientifiques de l'Aude, 2001.
Pascal-François Bertrand et Stéfanie Trouvé (éd.), Nicolas Tournier et la peinture caravagesque en Italie, en France et en Espagne : Actes du colloque Framespa, Toulouse, Presses universitaires du Midi, coll. « Méridiennes », , 256 p. (ISBN978-2-912025-11-1, lire en ligne)