La photographie de nu est un genre de photographie représentant un ou plusieurs corps humains dévêtus. Elle a été pratiquée dès que la photographie à ses débuts a été suffisamment sensible pour photographier un corps vivant.
Comme tous les genres impliquant la nudité, elle est souvent associée à l'érotisme.
Le genre du nu n'inclut pas, sauf présentation particulière, les nudités photographiées en tant que document dans une spécialité comme la médecine ou l'anthropologie ou la pornographie.
De nombreux photographes se sont fait connaître par leur traitement du nu dans de nombreux pays.
La photographie de nu est, à côté d’autres genres comme la photographie de paysage ou le portrait photographique, une spécialité pour les photographes dont le sujet est le corps humain dévêtu, masculin ou féminin, seul, en couple, en groupe, posant ou pratiquant une activité.
Une photographie de nu cadre un corps entier ou une partie de corps, la peau découverte là où elle est habituellement cachée selon les coutumes du spectateur, et n'a pas d'autre but que cette représentation.
Un ensemble de facteurs divergents : la révolution sexuelle, la banalisation de la semi-nudité à la plage[1], le féminisme, la photographie numérique, ont modifié totalement son paradigme dans la seconde moitié du XXe siècle[réf. nécessaire].
Sa pratique, en studio ou en extérieur, fait l'objet d'un grand nombre de publications didactiques.
Les premiers photographes, la plupart aussi artistes peintres ou dessinateurs, ont photographié des nus. Depuis le milieu du XXe siècle, certains des plus célèbres photographes mondiaux ont produit de la photographie de nu soit occasionnellement à côté de la photographie de mode ou du portrait comme Helmut Newton ou Jeanloup Sieff, soit exclusivement comme David Hamilton[réf. nécessaire].
Les premiers daguerréotypes de nu académique, érotique et pornographique, datent de l'invention même de la photographie[2].
Au XIXe siècle, de nombreux artistes et les cours d'anatomie artistique de l'École des beaux arts de Paris, comme ses homologues à Londres et dans d'autres pays utilisent la photographie comme un nouveau moyen d'étudier un modèle[3]. La chronophotographie de sujets nus par Eadweard Muybridge et Albert Londe sert aussi à étudier le mouvement et l'action musculaire, que l'art académique entend représenter avec exactitude[4]. Ces photographies ne sortent pas des ateliers ; les artistes les considèrent comme des documents, et non des réalisations artistiques.
En 1853, les études d'après nature représentent environ 40 % de la production photographique[réf. nécessaire]. Le musée d'Orsay possède des photographies de nus sur lesquels ont été tracés des carrés destinés à guider la reproduction et l'agrandissement de l'image sur une toile (mise au carreau)[réf. nécessaire]. Par son réalisme authentifié, la photographie ouvre un champ nouveau à la représentation et ne connaît pas véritablement de tabou car, si elle montre un corps qui a bien été là, en face de l'objectif, elle crée, comme les autres arts graphiques, en même temps une distance entre le sujet et celui qui le regarde, distance qui permet toutes les audaces[réf. nécessaire]. Mais si les moralistes s'accommodent du dessin de nu, comme nécessité pour l'apprentissage par les artistes et comme représentation idéalisée, ils réprouvent la photographie de nu :
« Le nu, fond nécessaire des arts du dessin, de la sculpture et de la peinture, serait, en photographie, inavouable[5]. »
Cependant, à la même époque, se diffusent des photographies érotiques et à partir de leur invention en 1851, des images stéréoscopiques qui renchérissent, avec l'illusion du relief, sur le réalisme photographique[6]. La vue stéréoscopique érotique devient une industrie[réf. nécessaire]. On peut alors s'en procurer partout en quantité et la censure freine seulement la production qui s'écoule par des circuits parallèles[réf. nécessaire].
Émile Bayard publie à Paris à partir d' Le Nu esthétique, une série mensuelle de fascicules où il met en scène des hommes et des femmes en de véritables tableaux photographiques. Deux ans plus tard, Amédée Vignola lance L'Étude académique, avec exclusivement des nus féminins[7], sur le même terrain où la tradition académique du nu soutient l'art photographique[8]. Ils sont suivis par plusieurs autres revues sur le même programme qu'expose Frédéric Dillaye dès 1903 : la réalisation, en photographie, de l'esthétique dominante, telle que définie par l'Académie des beaux-arts. Les revues ne traitent cependant pas les photographies comme des œuvres d'art. Elles sont anonymes, et le texte indique qu'elles sont destinées à suppléer, pour les artistes, les modèles vivants.
Dès les premières années du XXe siècle des photographes exposent leur nus, dans leurs ateliers[9].
Après la Première Guerre mondiale, la photographie de nu s'expose avec des noms d'auteur au même titre que les autres genres photographiques[10]. La distinction difficile à définir entre le nu, idéal, et le déshabillé, sensuel et condamnable reste la base de l'argumentaire des photographes de nu recherchant l'approbation de la société[11].
En 1933, Daniel Masclet organise une exposition de nu photographique[12] avec la participation de Man Ray, Jean Moral, Laure Albin-Guillot, František Drtikol, László Moholy-Nagy, Adolf de Meyer et autres, dont il publie le catalogue illustré sous le titre Nus - La beauté de la femme[13].
Dans la seconde moitié du XXe siècle, le nu en photographie connaît une diffusion importante liée aux médias de masse, souvent liée à l'érotisme[14]. David Hamilton est notamment connu pour ses mises en scène éthérées de corps nus d'adolescentes, couleur et noir et blanc[15].
Le développement de la pornographie a aussi inspiré des artistes. C'est le cas de Jeff Koons qui réalisera plusieurs œuvres de sa série Made in Heaven (en) le représentant avec sa compagne la Cicciolina dans des scènes sexuelles[16].
L'Américain Spencer Tunick a pris quant à lui le parti de photographier des masses de corps nus, mettant en scène de façon spectaculaire des groupes de plusieurs milliers de personnes nues, volontaires, dans des endroits publics[17].
Les mises en scène de Joel-Peter Witkin, où interviennent des personnages bizarres, handicapés ou surpondérés, sont une réinterprétation gothique contemporaine du nu[réf. nécessaire][18]. Un photographe comme le Finlandais Arno Rafael Minkkinen photographie son corps nu qu'il met en scène dans des paysages de son pays natal[19], réinventant l'autoportrait[réf. nécessaire] après Cindy Sherman.
La publicité utilise la photographie de nu lors de campagnes pour des produits en lien avec la nudité (campagnes « Leçons de séduction » pour la marque de lingerie Aubade)[20], mais également pour des produits parfois plus éloignés (campagne « Le fruit nu » de Joker)[21]. Elles peuvent être aussi basées sur l'aspect vaguement transgresseur du nu pour des campagnes d'aguichage comme celle d'Avenir publicité en 1981 où une baigneuse se dénude en trois images[22].
Pour éviter d'être amalgamée à la pornographie, la photo de nu doit se limiter à une représentation subtile et épurée du corps humain. Le photographe français Jean-Christophe Destailleur affirme « Le nu est un thème photographique particulièrement délicat, la moindre imperfection pouvant susciter l’opprobre et l’anathème à l’encontre du photographe. Tout doit donc être parfait : l’expression, la pose, la composition, l’angle de vue, l’éclairage… Un beau nu doit être esthétique et émouvant, dénué de toute connotation sexuelle ou vulgarité. C’est ce qui rend l’exercice si passionnant, artistiquement et intellectuellement parlant[réf. souhaitée] »[23].
Le Festival européen de la photo de nu, qui se tient tous les ans, à Arles en France, est la plus importante manifestation consacrée à ce genre photographique en Europe[réf. nécessaire]. De nombreuses expositions de photographes de nu sont accessibles au public.
Paris Photo 2018 accueillera une section « Photographie érotique »[24].
Comme pour l'ensemble du genre du nu, la photographie de nu représente surtout des corps de femme[réf. souhaitée].
Le nu masculin en photographie a émergé avec les premiers photographes comme Jean Louis Marie Eugène Durieu, Albert Londe, Thomas Eakins[25] et surtout Wilhelm von Gloeden, Guglielmo Plüschow et Vincenzo Galdi[réf. nécessaire][26],[27]. Les trois derniers photographient souvent en extérieur au bord de la mer en Sicile ou en Afrique du Nord, privilégiant des portraits d'adolescents dans des scènes de genre inspirées de l'antiquité grecque[28].
Dans les années 1930 à 1940, les athlètes nus de Jean Ferrero, Gregor Arax[29], ou les nus esthétisants et sophistiqués de Man Ray[30] ou de Raymond Voinquel montrent des sujets plus virils et musclés[31][réf. nécessaire].
Dans les années 2000, des photographies de nus d'athlètes[32], ainsi que de pompiers, ont servi de support à des calendriers soutenant des campagnes humanitaires. À l'image des Chippendales et des spectacles de striptease masculin, c'est le sujet du film britannique de 1997, The Full Monty[33].
De nombreux ouvrages guident le débutant dans la photographie de nu.
. | XIXe / 2 1840 - ± 1916 |
XXe / 1 ±1916 - ± 1942 |
XXe / 2 ± 1945 - 1990 |
XXIe / 1 1990 - 2020 |
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Allemagne | Wilhelm von Gloeden | |||
Chine | Ren Hang | |||
États-Unis | Anne Brigman | Alfred Cheney Johnston Edward Weston |
Richard Fegley Sally Mann Robert Mapplethorpe Will McBride Pompeo Posar Herb Ritts Jock Sturges |
Spencer Tunick Joel-Peter Witkin |
Finlande | ||||
France | Jean Agélou Auguste Belloc Josep Maria Cañellas Eugène Durieu |
Lucien Lorelle | Jacques Bourboulon Irina Ionesco Pierre Molinier |
Dani Olivier |
Italie | ||||
Japon | Nobuyoshi Araki | Kishin Shinoyama | ||
Pays-Bas | ||||
République tchèque | Jan Saudek | |||
Royaume-Uni | Madame Yevonde | Bill Brandt David Hamilton |