Pada (devanāgarī (IAST): पाद (pāda))[1] est un mot sanskrit, un nom de genre masculin, qui désigne concrètement un « pied ». La valeur sémantique de ce terme s'élargit cependant, et s'applique à divers domaines tels la métrique, la stylistique, voire la déférence envers les personnes respectées dans la société traditionnelle hindoue. Ce terme désigne également l'un des cinq karmendriya dans le système philosophique du Samkhya.
Un pāda désigne aussi le quart, ou la quatrième partie d'un ensemble.
Les pada (« textes d'une chanson ») sont des courts poèmes lyriques chantés de façon collective ou individuelle[2].
Le mot sanskrit pāda est un dérivé primaire[3], construit sur une racine verbale[4]PAD- portée au degré plein PĀD[5], complétée par un suffixe[6]-a formant le thème nominal pāda- qui peut devenir un nom décliné pour intégrer une phrase. Fondamentalement pāda est un nom d'action qui peut pourtant servir aussi de nom d'agent.
La racine indo-européenne PAD- se retrouve en latin sous la forme PED- dans le mot pēs, pĕdis[7], et en grec sous la forme ΠΟΔ- dans le mot πούς, ποδός[8].
Le nom pāda, comme pēs en latin et πούς en grec classique, désigne le pied humain, la patte d'un animal, la serre d'un oiseau, mais aussi le pied d'un arbre ou d'une montagne[9]. Le mot sanskrit pada étant un nom d'action, son sens premier est celui du mot pace en anglais[10], signifiant l'action du pied, ce que le français traduit par « allure, pas, cheminement ». La mutation de ce nom d'action en nom d'agent pāda par alternance vocalique renvoie à la traduction de ce mot par « pied, patte, serre » et, par extension, « jambe ».
Le mot pāda s'utilise pour désigner la « partie plus basse, ou la plus basse » d'un objet[11], tels une « colonne » ou un « pilier » ou, plus spécifiquement, une « roue » ou un « rayon de lumière » qui tombe du ciel sur la terre[12].
Un pāda désigne le quart, ou la quatrième partie d'un ensemble[13]. Ainsi, l'ensemble des 195 sūtra, ou aphorismes, formant les Yogasūtra de Patañjali comprend quatre pāda (chapitres), à savoir : le Samādhi pāda, le Sādhana pāda, le Vibhūti pāda, et le Kaivalya pāda[14]. Chacun de ces pāda signifie simultanément un « cheminement » et un « quart » de l'œuvre totale.
Le disciple qui s'est jeté aux pieds de son Maître (guru) est qualifié de pādapatita, littéralement « tombé au pied de ». Et le beurre fondu dont il enduit les pieds de celui qu'il honore a pour nom le substantif neutrepādaghṛta[16]. En outre, pāda peut encore se traduire par « les pieds de », ce qui est une manière respectueuse de désigner une personne[16].
↑Françoise Mallisson, Au point du jour les Prabhatiyam de Narasimha Maheta, poète et saint vishnouite du Gujarat (XVe siècle), Ecole française d'Extrême-Orient, , p. 33
↑Louis Renou, Grammaire sanskrite élémentaire, p. 16 a), traduit le terme sanskrit kṛt par « dérivé primaire ». Voir bibliographie.
↑Louis Renou, opus citatum, page 16, §19, traduit le terme sanskrit dhātu par « racine ».
↑Jean Varenne, Grammaire du sanskrit, page 37, §49, traduit « degré guṇa » par « degré plein ». Voir bibliographie.
↑Louis Renou, op. cit., page 16, traduit le terme sanskrit pratyaya par suffixe.
↑Félix Gaffiot, Dictionnaire illustré latin-français, p. 1166. Voir bibliographie.
Ernest Egerton Wood, Practical Yoga, E.P. Dutton & C° Inc., New York, / trad. par R. Jouan & R. Baude : La pratique du yoga ancien et moderne, Paris , Petite bibliothèque Payot, 1962, 213 p.
Jan Gonda, Manuel de grammaire élémentaire de la langue sanskrite, trad. de l'allemand par Rosane Rocher, Leiden et Paris, E.J. Brill et Adrien Maisonneuve, 1966 (Éd. revue et corrigée par Boris Oguibénine, 1993, réimpression 2013, 173 p. (ISBN978-2-720-01093-4)
Swāmi Sadānanda Sarasvatī, Yogānuśāsanam, Haarlem, 1976; trad. Les Yogasūtras de Patañjali, Paris, Le Courrier du Livre, 1979, 235 p. (ISBN2-7029-0084-4)
Louis Renou, Grammaire sanskrite élémentaire, Paris, Librairie d'Amérique et d'Orient, Adrien Maisonneuve, Jean Maisonneuve Successeur, 1978, 110 p. ISBN ...
R.S. Mc Gregor, The Oxford Hindi-English Dictionary, Delhi, Oxford University Press, 2002 [1993], 1083 p. (ISBN0-19-864339-X)