Philippe Halsman naît en 1906 à Riga en Lettonie, qui fait alors partie de l'Empire russe ; son père, Morduch Halsman, est dentiste et sa mère, Ita Grintuch, enseignante
Halsman se familiarise avec l'art lors de visites dans de grands musées européens durant sa jeunesse. Il est déjà particulièrement intéressé par les portraits[2]. C'est à l'âge de quinze ans, grâce à un appareil photographique familial, que sa passion pour la photographie débute.
En 1924, Halsman s’inscrit à l’université de Dresde, en Allemagne, où il suit des études d’ingénieur en électricité. Après ses études, il décide de poursuivre son parcours à Paris.
En 1928, Philippe Halsman part en randonnée dans le Tyrol autrichien avec son père, qui meurt au cours de cette randonnée de blessures graves à la tête. Halsman est faussement accusé et condamné à dix ans d’emprisonnement pour parricide malgré l'absence totale de preuves ; le procès reflète l'antisémitisme ambiant dans l'Autriche rurale de l'entre-deux-guerres[3].
Le , Philippe Halsman est officiellement inscrit au registre des métiers en tant que « photographe artisan ». Il pratique une activité photographique dans le milieu de la publicité et de l’édition et gagne rapidement la réputation d'être l’un des meilleurs photographes de « portraits de célébrités ».
En 1936, Philippe Halsman conçoit un appareil photographique 9 × 12 cm à double lentille pour ses portraits. Il participe ensuite à l’Exposition internationale de la photographie contemporaine, au Musée des Arts décoratifs de Paris[8]. Il expose également pour la première fois à la galerie de la Pléiade : Portraits et nus ; l’année suivante, il participe aux expositions collectives de la galerie Portraits d’écrivains et La Parisienne de 1900… à 1937[6].
Le , Halsman épouse Yvonne Moser, photographe spécialisée dans le portrait d’enfant[5]. Ils collaboreront toute leur vie. Le couple déménage dans un plus grand studio au 350, rue Saint-Honoré. Deux enfants naissent de cette union : Irene (née en 1939 à Paris) et Jane (née en 1941 à New York)[6].
En , à la suite de l'invasion de la France par l'Allemagne, sa famille, munie de passeports français, quitte le pays à destination des États-Unis. Philippe Halsman les rejoint en novembre grâce à l’intervention d’Albert Einstein et du Comité de sauvetage d’urgence. Il emporte avec lui comme seul bagage son passeport letton, son appareil photographique et une douzaine de tirages[6],[5].
En 1941, Philippe Halsman rencontre Salvador Dalí à la Galerie Julien Levy à New York, où le peintre expose. C'est le début d'une collaboration de trente-sept années[11].
En 1947, le photographe créé une version améliorée de son appareil photographique à double lentille, cette fois dans un format 4 × 5. L'appareil est produit par la société Fairchild[6].
En 1951, les fondateurs de Magnum Photos l'invitent à rejoindre l'agence en tant que « membre contributeur »[12].
En 1951, Halsman est chargé par la NBC de photographier plusieurs humoristes populaires de l'époque, parmi lesquels Milton Berle, Sid Caesar, Groucho Marx et Bob Hope. En photographiant ces artistes en train de faire leur numéro, il en capture un grand nombre en train de sauter, en plein vol, ce qui lui inspire par la suite de nombreuses photos de célébrités sautant, notamment la famille Ford, le duc et la duchesse de Windsor, Marilyn Monroe, María Félix ou Richard Nixon[14],[15].
Selon Halsman, faire sauter les sujets photographiés concourt à leur relaxation et leur désinhibition, les rend plus naturels ; le jumping saisit l'essence de l'être humain : « Dans un saut, le sujet, dans un élan soudain d'énergie, surmonte la gravité. Il ne peut contrôler simultanément ses expressions, les muscles de son visage et de ses membres. Le masque tombe. Le vrai moi devient visible »[N 1],[17] ; le photographe développe ainsi une philosophie de la photographie de saut, qu'il a appelée « jumpology », détaillée dans l'ouvrage Jump Book qu'il publie en 1959, avec une discussion ironique sur ce concept et 178 photographies de célébrités qui sautent[16],[5],[18],[19].
En 1958, l'artiste est nommé comme l’un des dix plus grands photographes du monde dans une étude réalisée par le magazine Popular Photography. Il participe également à l’exposition Photographs from the Museum Collection, organisée par Edward Steichen au Museum of Modern Art (MoMA) de New York[20]. Il reçoit en 1967 le Golden Plate Award de l'American Academy of Achievement.
(en) The Frenchman. A Photographic Interview with Fernandel, New York, Simon and Schuster, 1949 ; réédition : Cologne, Taschen, 2005
Halsman rencontre Fernandel en 1948 à New York et propose à l'acteur français de participer à une expérience photographique originale : il lui posera des questions sur l'Amérique et la société américaine auxquelles Fernandel ne répondra que par des expressions faciales[21].
(en) Dali's mustache : a photographie interview, New York, Simon and Schuster, 1953, 126 p.[22]
édition française : (fr) Dali's mustache : une interview photographique par Salvador Dalí et Philippe Halsman, Paris, Arthaud, 1985, 127 p. (ISBN9782700305340)[23].
(en) Jumpbook, New York, Simon and Schuster, 1959, 94 p. ; avec 191 photographies en noir et blanc
édition française : Philippe Halsman's jump book, postface d'Owen Edwards, Paris, Éditions de La Martinière, 2015, 96 p. (ISBN978-2-7324-7506-6)[24].
(en) Halsman on the Creation of Photographic Ideas, New York, Ziff-Davis, 1961, 91 p.
(en) Sight and Insight, texte de Herb Lubalin, New York, Doubleday & co, 1972, 188 p.
(en) avec Yvonne Halsman : Halsman at work, New York, Harry N. Abrams, 1989, 94 p. (ISBN9780810924369)
↑« In a jump, the subject, in a sudden burst of energy, overcomes gravity. He cannot simultaneously control his expressions, his facial and limb muscles. The mask falls. The real self becomes visible »[16].
↑Ismaël Houdassine, « "The Frenchman, Entretien et photographie de Philippe Halsman, Cologne : Taschen, 2005, 52 pages" (compte-rendu] », Séquences, no 244, , p. 19 (lire en ligne).
↑Joseph Frédérique, « Salvador Dali : le théâtre du secret », Littérature, no 108, , p. 25-34 (lire en ligne).
Stéphanie de Brabander, « Halsman Philippe », dans Dictionnaire mondial de la photographie, Paris, Larousse, (ISBN2-03-505282-3, lire en ligne), p. 259.
François Brunet, « Sauter sans sortir du cadre : le portrait gymnastique chez Philippe Halsman », Transatlantica, no 2, (lire en ligne).
(en) Henry Leutwyler, Philippe Halsman : a photographer's life, Göttingen, Steidl, , 395 p. (ISBN978-3-95829-792-0).
(en) Jane Halsman Bello (dir.) et Steve Bello (dir.) (préf. Mary Panzer), Philippe Halsman : a retrospective. Photographs from the Halsman family collection (catalogue d'exposition), Boston, Bulfinch Press Book, Little, Brown and Company, , 211 p. (ISBN9780821223734, lire en ligne).
Alessandra Mauro (trad. Élisabeth Bozzi, Rose Marie, Chiara Tenze), Philippe Halsman, Paris, Hachette, coll. « Les grands photographes de Magnum photos », , 48 p.
(it) Alessandra Mauro (dir.), Philippe Halsman : lampo di genio (catalogue d'exposition), Rome, Contrasto, , 159 p. (ISBN9788869658440).