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Pierre-Louis Giffard, né le à Fontaine-le-Dun et mort le à Maisons-Laffitte[2], est un homme de lettres et un grand reporter, précurseur du journalisme moderne et pionnier de la presse sportive, qui fut aussi dramaturge, réalisateur et scénariste.
En matière d'organisations sportives, il crée en 1891 la course cycliste « Paris-Brest-Paris », puis, l'année suivante, la course à pied Paris-Belfort. En , il lance le concours de « voitures sans chevaux » « Paris-Rouen » et, en , le « Marathon de Paris ».
Alors qu'il est rédacteur en chef du quotidien sportif Le Vélo, son opposition avec le comte de Dion, sur fond d'affaire Dreyfus, est à l'origine de la naissance d'un quotidien sportif concurrent, L'Auto-Vélo, dont le directeur, Henri Desgrange, crée en le « Tour de France ».
Pierre Giffard naît le à Fontaine-le-Dun (Seine-Maritime).
Son père était notaire et maire de ce village. Pierre est, dès l’âge de 6 ans, pensionnaire à Saint-Laurent-en-Caux, chez le père Biville. Dès l’âge de 8 ans, il est interne au lycée Corneille à Rouen où il reste jusqu’à la classe de troisième. Il est ensuite placé à Paris dans une institution du Marais qui « corrigeait au lycée Charlemagne ».
La guerre de 1870 éclate. Il se rend en Haute-Normandie, à Fontaine-le-Dun, auprès de ses parents desquels il sollicite le droit de s’engager. Son père et sa mère s’opposent à cette idée, mais finissent par céder à ce garçon de 17 ans. En novembre, il part s’engager au Havre dans l’armée auxiliaire. Il est alors élu officier (on élisait certains chefs à cette époque), nommé lieutenant le . C'est probablement l’un des plus jeunes officiers de l’armée auxiliaire. La guerre terminée, il s’en va terminer ses études à Douai où il est reçu bachelier en .
Son père décède le . Pierre est alors installé à Paris ; peu fortuné, il a toutefois une passion dont il veut faire son métier : le journalisme. Il doit faire front aux difficultés auxquelles se heurtent les débutants.
De 1873 à 1878, il entre successivement au Corsaire, à l’Événement, à la France, au Gaulois où il apprend le métier de journaliste avec Émile Blavet, puis au Petit Parisien de Dalloz, à la Lanterne de Ballay. En 1880, les directeurs du Figaro, qui ont remarqué la vigueur de sa plume et apprécié son sens de la vulgarisation et de la promotion des inventions nouvelles telles que le téléphone et le phonographe, l’engagent. Cette collaboration dure huit ans.
Au terme de ses quinze premières années professionnelles, Pierre Giffard est devenu un journaliste reconnu et sollicité. Il n'est pas un événement en Europe ou en Afrique sans qu’il s’y rende. Des missions parfois dangereuses et toujours délicates, mais formatrices. Au hasard de l’actualité, il est ainsi amené à parcourir la Suisse, la Belgique, l’Allemagne, l’Italie, la Grèce, l’Autriche, l’Angleterre, l’Écosse, l’Algérie, la Tunisie, l’Égypte, Malte, Chypre, l’Espagne, la Hollande, le Danemark... Il assiste notamment à l'offensive des troupes françaises contre Cheikh Bouamama en Algérie et à la prise de Sfax (Tunisie). Il voit la flotte britannique débarquer à Alexandrie et l’escadre française quitter l’Égypte, abandonnant cette dernière au « Royaume-Uni colonial ».
Hippolyte Marinoni[4] lui propose de prendre en main la réorganisation du service des nouvelles du Petit Journal, poste qu’il accepte le . Toutefois, il ne saurait se contenter de ce travail et se met à tenir une chronique. Il la signe du pseudonyme de « Jean-sans-Terre » et devient la coqueluche des lecteurs. Il collabore pendant dix ans au Petit Journal.
Pour le compte de ce quotidien, en , il crée la course cycliste « Paris-Brest-Paris » ; il organise aussi l'année suivante la course à pied « Paris-Belfort ».
En , il met sur pied le concours « Paris-Rouen » qui est considéré comme la première compétition automobile de l'histoire, non chronométrée. Il contribue à la fondation de « l'Automobile Club de France ».
En , il crée le « Marathon de Paris ». Cette même année, quittant Le Petit Journal, il rejoint son associé Paul Rousseau à la tête du Vélo dans lequel il écrit, depuis 1892, sous le pseudonyme d’« Arator ».
Déjà chevalier de la Légion d'honneur depuis 1892, il en devient officier en 1900.
Il se présente aux élections législatives en 1900 dans la deuxième circonscription de la Seine-Inférieure (Yvetot) en tant que candidat du Parti républicain. Il échoue de peu dans cette tentative, échec dû à une manœuvre du comte de Dion. Celui-ci a fait distribuer dans cette région d'élevage, le livre que Pierre Giffard a publié l'année précédente, La Fin du cheval, en présentant celui-ci comme son programme politique. À nouveau candidat aux élections de 1902, il est encore battu, au motif de son soutien appuyé à Dreyfus.
Jusqu’en 1903, il se consacre entièrement au journal Le Vélo, qu’il a cofondé. Il entre ensuite au Matin. Ce dernier l’envoie en 1905 en Extrême-Orient où éclate la guerre russo-japonaise. Il quitte ce quotidien peu après son retour en France. Il collabore ensuite, épisodiquement, à différents journaux comme La Dépêche coloniale et Le Petit Marseillais. C'est alors qu'il s'accomplit dans le roman populaire qu'il a abordé dès 1904.
En , doyen des reporters français, il reprend du service pour Le Figaro à l'occasion de la réunion de la première Douma (parlement russe). Vers 1910, Henri Desgrange l'appelle à collaborer à L'Auto, fonction plus statique qu'il garde jusqu'à ses derniers jours.
Pierre Giffard est décédé le à Maisons-Laffitte, lieu où il résidait depuis 1883.
En 1891, sous le titre La Reine Bicyclette, Giffard édite un ouvrage qui traite de « l’histoire du vélocipède, des temps les plus reculés jusqu’à nos jours ». C’est notamment l’emblématique dessin de couverture (une jeune femme portant au-dessus de sa tête un vélo moderne) et le titre du livre qui marquent les esprits. L'expression ainsi trouvée par Giffard, « la reine bicyclette », va, quelques années après, devenir « la petite reine[5] » et passer dans le langage courant.
Pierre Giffard, rédacteur en chef du journal Le Vélo, qui à cette époque est le premier quotidien sportif national, prend fait et cause dans ses colonnes pour le capitaine Dreyfus. Son principal annonceur, le comte Jules-Albert de Dion, furieux de ses prises de position, retire les publicités de ses automobiles du Vélo. Toutefois, comme il a besoin d’un support publicitaire, il contribue à créer un journal concurrent, L'Auto-Vélo. Ce titre devient L'Auto, après un procès intenté par Giffard.
À partir de ce moment, s’engage une farouche lutte entre les deux feuilles. Pour L'Auto, il fallait faire mieux que la course Paris-Brest-Paris, née de l'imagination de Giffard. Henri Desgrange travaille sur le sujet avec les membres de son équipe ; il adopte une idée que Géo Lefèvre — ancien du Vélo — lui avait proposé lors d’un déjeuner à l'automne 1902 : une course qui ferait le tour complet du Pays. Le « Tour de France » est né.
Vacillant dès 1902, Le Vélo disparaît en .
Premier livre français d'une nouvelle forme de récit : la littérature de reportage. C'est la naissance d'un style d'auteur : l'écrivain-reporter[7].
Thèse du remplacement inéluctable du cheval par la bicyclette, puis par l'automobile. Ce livre est illustré par le célèbre dessinateur et polygraphe Albert Robida.
Sous-titré « grand roman d'aventures pour la jeunesse », publié chez Albert Méricant sous la forme de fascicules hebdomadaires (30 numéros à 20 centimes pièces), La Guerre infernale reçut encore l'appui de l'illustrateur Albert Robida et finit par paraître en deux tomes comprenant 520 images. Son sujet : une guerre mondiale totale et destructrice, évoquée sept ans avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Y sont décrits l'attaque et le siège de Londres par les Allemands et le conflit entre Japonais et Américains, un contexte qui ressemble étrangement à celui de la Seconde Guerre mondiale ! Ce roman a ensuite été publié sous plusieurs formes :