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Pierre Lasserre, né à Orthez (Pyrénées-Atlantiques) le [1] et mort à Paris le , est un critique littéraire, journaliste et essayiste français, directeur à l'École pratique des hautes études. Il était le fils de Pierre Lasserre et de Marie-Augustine d'Arnaudat, dont l'arrière-grand-père Jean-Henry d'Arnaudat représenta les États du Béarn aux États-généraux de 1789, et dont le grand-père Pierre-Henry d'Arnaudat fut général de l'Empire.
Camarade de Henri Vaugeois et de Louis Dimier à la Sorbonne, agrégé de philosophie, nationaliste et antidreyfusard au début de sa carrière, il devient le premier critique littéraire de L'Action française et publie le premier ouvrage consacré à Charles Maurras.
Lasserre était un défenseur du néo-classicisme contre le romantisme qu'il associe aux idéaux de la Révolution française. Il soutient à ce sujet une thèse controversée en 1907 sur le romantisme français à la faculté des lettres de l'université de Paris. Cette recherche qui suggère notamment que les romantiques français ont corrompu l'idée monarchique a largement influencé les collaborateurs de l'Action française et, en particulier, Charles Maurras. Cet anti-romantisme proche de la tradition contre-révolutionnaire et des essais d'Ernest Seillière sur le même sujet a également influencé le juriste allemand Carl Schmitt dans son ouvrage sur la politique romantique (Politische Romantik, 1921).
Jusqu'à la Première Guerre mondiale, Lasserre mène une vie militante ; il fréquente Charles Péguy et s'intéresse aux idées de Georges Sorel. Contre la modernisation de l'enseignement universitaire, il défend le classicisme et les humanités. Cette prise de position est également représentée par les enquêtes menées par ses confrères Henri Massis et Alfred de Tarde sur le déclin de la culture classique à la Sorbonne.
En 1914, Lasserre rompt avec Charles Maurras et l'Action française. Irrité par la vulgarisation exagérée de sa thèse sur le romantisme par certains contributeurs de la revue, il quitte son poste de critique littéraire. Il déplore les déformations de ses propos, notamment par Louis Reynaud qui fait du romantisme allemand un corrupteur des valeurs et de la culture française. En fait, Lasserre est un germaniste ; il s'est beaucoup intéressé à Nietzsche, à Wagner et il a même traduit Goethe. Plus nuancé que ses confrères sur la question allemande, il refuse d'endosser un anti-germanisme intransigeant comme celui de Maurras ou de Léon Daudet. Son tempérament d'esthète ne convenait guère au discours ni à la vie « brute », selon ses propres termes, d'un militant d'extrême droite.
Après son départ de l'AF, Lasserre se consacre essentiellement à sa carrière de critique littéraire et de professeur. Il a contribué à de nombreuses revues telles que le Mercure de France, L'Opinion, Le Correspondant, les Cahiers de la Quinzaine et la Revue de la semaine. Il publie différents ouvrages portant, notamment, sur les chapelles littéraires, sur la musique classique, Ernest Renan, Frédéric Mistral, Paul Claudel, Georges Sorel et Goethe.
Son frère aîné Henry, docteur en droit, rédigea la revue de presse de L'Action française de 1925 à sa mort en 1938, sous le pseudonyme de Pierre Tuc[2].