Pierre de Jélyotte

Pierre de Jélyotte
Charles Antoine Coypel, Pierre Jélyotte dans le rôle de la nymphe Platée dans Platée ou Junon jalouse, opéra-bouffe de Rameau (vers 1745), Paris, musée du Louvre.
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Pierre de Jeliote[1], né à Lasseube le [2] et mort le à Estos[3], est un ténor et compositeur français. Selon certains[4],[5], son véritable nom était Grichon. Il était un des collaborateurs les plus importants de Jean-Philippe Rameau.

Né à Lasseube en Béarn le 13 avril 1713, il était le deuxième enfant de Joseph et Magdeleine de Jélyotte. Il avait trois frères et deux sœurs. Selon la tradition, son père était marchand de laines[5].

Dans sa cité de naissance, il est devenu enfant de chœur (enfant formé par l'Église au chant et à la musique, et chantant dans le chœur) de l'église Sainte-Catherine, commençant ainsi sa carrière de musicien[6].

Sa formation musicale se poursuivit à la chapelle Bétharram de Lestelle, en qualité de pensionnaire. Encore selon la tradition, l'un des oncles y étant prêtre favorisait cette formation[5],[6].

Puis, en faveur de la formation supérieure, il a été envoyé à Toulouse au sein de la Maîtrise de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse[5]. Il y a reçu une vaste éducation musicale : chant, clavecin, orgue, violon, théorbe, guitare ainsi que composition[5]. D'où, un poste d'organiste lui avait été proposé, tant à Dax qu'à Oloron, qui n'a pas été accepté par Pierre, à la suite des conseils[5]. Car, il s'illustrait déjà, à la Saint-Étienne, grâce à sa belle voix de haute-contre.

En effet, son directeur de l'étude était l'abbé Victor-Pierre Dubarat, qui était capable de former cette voix. Ce prêtre restait aussi en fonction comme correspondant du ministère de l'Instruction publique ainsi que président de la société des sciences, lettres et arts de Pau[6].

Carrière à Paris

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À partir de 1733, le nom de Pierre de Jélyotte se trouvait à Paris. Car, un jour, il a été remarqué par le prince de Carignan, inspecteur général de l'Opéra, qui visitait Toulouse[6]. Tout d'abord, il débuta au Concert Spirituel de Paris en faveur des fêtes de Pâques[6]. Puis, il avait obtenu un petit rôle, L'Amour, dans Hippolyte et Aricie, première tragédie lyrique de Rameau, qui a été inauguré le 11 juin en version concert[6],[7]. Il a gardé le même rôle réservé à la voix de haute-contre, pour la première représentation officielle, tenue le 1er octobre à l'Académie royale de musique.

Quant au Concert Spirituel, il l'a quitté en 1736[8]. Son activité demeurait, dorénavant, dans répertoire de la musique profane.

En 1734, le jeune chanteur a établi son poste, avec plusieurs rôles secondaires, à l'académie. Il s'agissait des œuvres de Louis de La Coste, André-Cardinal Destouches, Jean-Joseph Mouret et surtout Michel-Richard Delalande[6]. En qualité de violoniste, il a pareillement réussi à entrer auprès de la Chapelle du Roy. Aussitôt, tant le roi Louis XV que la reine Marie Leszczynska (grande amatrice de la musique, notamment de Delalande) ont fait grâce à ce jeune musicien[6].

L'année 1735 se remarquait de son ascension. Pour la première fois, mais seulement en deux ans, il a commencé à jouer les rôles principaux. Le 5 mai, il a chanté Léonce des Grâces de Jean-Joseph Mouret. Puis, le 23 août, il s'agissait des Indes galantes de Jean-Philippe Rameau, avec deux rôles affectés, Valère (première entrée) et Don Carlos (deuxième entrée)[6],[5]. Parmi les spectateurs, c'était Louis de Boissy qui n'a pas hésité à exprimer son admiration : « Ah ! C'est un Dieu qui chante. Écoutons, il m'enflamme. Sur l'aile de ses sons, je sens voler mon âme. »[6].

Auprès de l'Académie royale de musique, il a enrichi son répertoire. Il y a ajouté des œuvres de Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville, Joseph-Nicolas-Pancrace Royer, Bernard de Bury, François Rebel, Jean-Baptiste Lully, André Campra et François Francœur[6]. En 1736, Rameau a fait prolonger Les Indes galantes. Pierre de Jélyotte avait l'honneur de jouer Damon dans la quatrième entrée, ajoutée.

Ce haute-contre est devenu, pour les compositeurs, un personnage important. À partir de 1738, il a créé de nombreux rôles distingués dans les opéras de Rameau[9]. Ainsi, le 27 novembre 1745, il a interprété le rôle de Trajan de nouvel opéra-ballet Le Temple de la Gloire, pour son inauguration[6].

Dès 1739, il était le partenaire principal de Marie Fel dans la plupart des œuvres du maître. En 1752, à Fontainebleau, il créera le Devin du village de Jean-Jacques Rousseau avec cette Marie Fel, puis, deux ans plus tard, un une pastorale languedocienne, Daphnis et Alcimadure de Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville. Finalement, il a créé 13 des 16 ouvrages de Rameau[6].

À la cour, il a composé une comédie-ballet en trois actes Zelisca ou l'art de la nature, à la suite du mariage du dauphin Louis avec Marie-Thérèse d'Espagne, célébré en 1745. Les deux représentations ont été tenues les 3 et 10 mars 1746 à Versailles[10],[8], avec les meilleurs artistes : membres de la Comédie française, ceux de l'académie et célèbre danseuse Marie-Anne de Camargo[6].

Musicien de salon

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Pierre Jélyotte jouant la lyre.

L'activité de Pierre de Jélyotte n'était pas limitée par les représentations officielles. Ainsi, il jouait la musique chez Madame de Pompadour[6]. Il se présentait souvent au salon de Louis-François de Bourbon-Conti, un de ses principaux protecteurs[6].

Notamment, il a figuré sur un tableau du peintre Michel-Barthélemy Ollivier représentant le jeune Mozart à Paris en 1766, chez ce prince de Conti.

Tableau de Michel-Barthélemy Olivier, Jélyotte et enfant Mozart dans une soirée chez le prince de Conti (1766), retrouvé en 1857 dans un château :
de gauche à droite,
le prince de Beauvau prenant une brochure ; le chevalier de la Laurency ; Mozart au clavecin ; Pierre Jélyotte jouant de la guittare ; le prince de Conti ; Daniel-Charles Trudaine ; la chanteuse Mademoiselle Bagarotti ; d'autres nobles à partir de la maréchale de Levis Mirepoix (pour la liste complète, voir p. 221 et 222 d'Arthur Pougin (1905)), d'après le journal le Pays du 7 juillet 1857.

Réflexion de Jélyotte

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En admettant qu'à Paris, la vie de Pierre de Jélyotte se distinguât toujours, sa circonstance est de plus en plus devenue compliquée.

Début 1747, surchargé, il était trop fatigué ; une situation délicate. Or, il a réussi à rétablir son moral aussitôt.

Certes, à la suite du traite d'Aix-la-Chapelle (1748), un opéra de Rameau Naïs a connu un grand succès, sous le directeur de l'Académie royale de musique, Joseph-Guénot de Tréfontaine. L'ouvrage a été créé le 22 avril 1749 dans la salle du Palais-Royal, avec Jélyotte (Neptune) et Marie Fel (Naïs)[11],[6]. Toutefois, mécontent, le marquis d'Argenson, qui tenait l'académie sous sa juridiction, a demandé sa fermeture. De surcroît, comme il préférait Mondonville à Rameau, il a fait y jouer le Carnaval du Parnasse de Mondonville[6]. Dorénavant, il n'y avait aucun vainqueur. Ni cette pièce ni Zoroastre de Rameau a connu aucun succès[6].

Ce conflit était suivi, à partir de 1752, de la querelle des Bouffons, celle qui divisait ceux qui préféraient Rameau et ceux qui soutenaient Jean-Jacques Rousseau, défendeur de la musique italienne[6]. La première représentation de Titon et l'Aurore de Mondonville, dont Jélyotte était Titon, était une scène de cette querelle. Ce soir-là, les Bouffons ont tenté d'entrer et d'empêcher la représentation. La police royale a dû intervenir[6].

Jélyotte, qui n'avait que 40 ans, préférait désormais sa retraite. En 1753, il a obtenu 8 268 livres de pension, mais 48 000 livres supplémentaires lui avaient été proposés en échange de deux ans d'activité en plus, ce que Jélyotte a accepté[6],[8]. En fait, c'était ses admirateurs qui avaient ouvert une souscription afin de prolonger sa carrière de deux ans[8].

Dernières représentations

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Étant donné qu'il n'y avait personne qui fût capable de le remplacer, cette haute-contre a continué à créer encore quelques ouvrages. Si la première représentation du Devin du village avait lieu au château de Fontainebleau sans lui, à la première de l'Académie royale de musique qui a été tenue à Paris, Jélyotte a chanté le rôle principal. Enfin, pour Daphnis et Alcimadure, Fontainebleau a vu les vedettes Jélyotte et Marie Fel. À savoir, ils sont devenus artistes de Mondonville[6]. Un des sous-maîtres de la Chapelle royale depuis 1740, ce dernier est de plus en plus devenu musicien le plus influent. Il a été nommé, en 1755, directeur du Concert spirituel aussi, dont il restera en fonction jusqu'en 1762.

Finalement, il a créé, à l'académie, 28 ouvrages sur 35 qu'il y engageait[6].

Retraite officielle

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Quoiqu'il ait définitivement quitté l'Académie royale de musique en 1755, il restait à la cour à Versailles et à Fontainebleau jusqu'en 1765[8].

Toutefois, il a perdu ses patronnes les plus importants. Madame de Pompadour est décédée en 1764. Puis la reine Marie Leszczynska en 1768[6]. Cette circonstance a fait sa retraite.

Dernières années

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Plaque commémorative à Estos.

Pierre Jélyotte a choisi son lieu de retraite à Oloron en 1769[12], et non à son village natal. Or, trois mois par an, il était à Paris, dans l'optique de contrôler la bonne tenue de ses biens. Cela lui faisait le plaisir, car il pouvait visiter les salons aussi[6].

Selon l'acte de décès, signé le lendemain, Pierre de Jélyotte est mort le 11 septembre 1797, vers 17 heures, chez Jean-Pierre Mauco, neveu du défunt, à savoir auprès du château Labat à Estos[13].

Il avait été inhumé dans sa chapelle, qui est devenue église de village d'Estos[13].

Le compositeur Franz Beck a donné son nom à une de ses pièces de clavecin La Jeliote.

Des plaques à sa mémoire sont installées à Estos, un monument lui est dédié à Oloron-Sainte-Marie et une statue lui est consacrée en 1901 à Pau. Un collège porte son nom dans son village natal Lasseube, ainsi qu'un espace culturel à Oloron-Sainte-Marie.

Bibliographie

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  • Jacques-Gabriel Prod'homme, Pierre de Jélyotte (1713 - 1797), dans la revue Sammelbände der Internationalen Musikgeselleschaft, année 3 H.4, août 1902, p. 686 - 717, Franz Steiner Verlag[15]
  • Arthur Pougin, Un ténor de l'Opéra au XVIIIe siècle : Pierre Jélyotte et les chanteurs de son temps, Librairie Fischbacher, Paris 1905 [lire en ligne]
  • Sylvie Bouissou, Pascal Denécheau et France Marchal-Ninosque (dir.), Dictionnaire de l'Opéra de Paris sous l'Ancien Régime (1669-1791), Paris, Classiques Garnier, 2019, tome III, pp. 244-249.

Notes et références

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  1. On trouve aussi les graphies « Géliot », « Gélyotte », « Jéliot », « Jélyote » ou « Jéliote ».
  2. Acte de baptême à Lasseube, vue 474/1935.
  3. Acte de décès à Estos, n° 4, vue 827/1014.
  4. Roland Blanchard et Roland de Candé, Dieux et divas de l'opéra, Plon, p. 212
  5. a b c d e f et g Arthur Pougin, Pierre Jélyotte et les chanteurs de son temps, 1905 [extrait en ligne (BnF)] (consulté en ligne le 14 août 2023)
  6. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y et z Jean Kriff, « Un franc-ténor, Pierre Jelyotte (1713 - 1797) », Humanisme,‎ (lire en ligne)
  7. Sabine de la Rochefoucauld, « Les mouches du contre-ténor », Grande Galerie - Le Journal du Louvre, no 56,‎ , p. 106
  8. a b c d et e Nicole Lallement (château de Versailles), Jélyotte (Pierre) [lire en ligne] consulté le 20 août 2023
  9. « Jélyotte, Pierre de (1713-1797) », sur musicologie.org (consulté le )
  10. Hachette Livre BnF, Zélisca, comédie-ballet. Versailles, 3 mars 1746 [lire en ligne]
  11. Institut de recherche en musicologue IReMus, Naïs [lire en ligne] consulté en ligne le 19 août 2023
  12. Les études récentes indiquent qu'il a vécu à Oloron, puis s'est installé chez son neveu.
  13. a et b Site officiel de la commune d'Estos, Le Château Labat [lire en ligne]
  14. jelyotte.blogspot.com.
  15. Site JSTOR [lire en ligne] (consulté en ligne le 14 août 2023)

Articles connexes

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Liens externes

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