Polcevera | |
Le Polcevera vu depuis Murta (it) | |
Carte du cours du Polcevera le long de la vallée du même nom dans la ville métropolitaine de Gênes. | |
Caractéristiques | |
---|---|
Longueur | 19 km [1] |
Bassin | 140 km2 |
Débit moyen | 4,81 m3/s |
Cours | |
Source | Le Verde (it) naît au monte Leco (it) à 1 072 m. Le Riccò (it) naît au Bric Montaldo à 652 m. Les deux torrents confluent à Pontedecimo, prenant le nom de Polcevera. |
· Altitude | 1 072 m |
· Coordonnées | 44° 29′ 52″ N, 8° 54′ 09″ E |
Embouchure | Mer de Ligurie, dans le bassin portuaire de Gênes, entre les quartiers Sampierdarena et Cornigliano. |
· Coordonnées | 44° 24′ 27″ N, 8° 52′ 30″ E |
Géographie | |
Pays traversés | Italie |
Régions | Ligurie |
Ville métropolitaine | Gênes |
Vallée | Val Polcevera |
Principales localités | Ceranesi, Campomorone, Pontedecimo, Gênes |
modifier |
Le Polcévera (Pûçéivia ou Ponçéivia en ligure) est un torrent dont le cours s'écoule entièrement le long de la vallée du même nom dans la ville métropolitaine de Gênes ; il est, par sa longueur, le second cours d'eau de la ville de Gênes, après le Bisagno, et le premier pour la superficie de son bassin hydrographique.
La plus ancienne mention connue du nom du torrent et de sa vallée se trouve dans la table de bronze datée de 117 av. J.-C. où il est cité sous la forme de Porcobera[2],[3], nom composé de deux termes indo-européens, dont le sens probable serait fiume portatore di trote (« fleuve porteur de truites »)[4],[5]. Le nom est cité par Pline l'Ancien sous la forme de Porcifera dans le livre III de l'Histoire naturelle (77 après J.-C.)[4] ; le terme Pulcifera est utilisé en latin médiéval, celui de Pozzevera ou Polzevera est attesté aux XVIIe et XVIIIe siècles ; le toponyme actuel de Polcevera est stabilisé au XIXe siècle.
Le Polcevera a donné son nom à sa vallée, le val Polcevera, au viaduc qui le franchit en basse vallée, le viaduc du Polcevera également nommé pont Morandi, du nom de son concepteur, l'ingénieur Riccardo Morandi et, entre le et le , au département du Polcevera (ou de la Polcevera), l'une des subdivisions administratives de la République ligurienne qui avait pour chef-lieu Rivarolo[6].
Le torrent naît sous le nom de Verde (it) au mont Leco (it) à une altitude de 1 072 m, coulant sur environ 8 km en traversant les communes de Ceranesi et Campomorone. À Pontedecimo, à la confluence avec le Riccò (it), né au Bric Montaldo à 652 m, il prend le nom de Polcevera. De Pontedecimo à l'embouchure, sa longueur est de 11 km. Le bras principal, en prenant en considération le plus long de ses affluents, le Verde, a une longueur totale de 19 km[1].
Le bassin hydrographique a une superficie totale de 140 km2 et, outre les communes de Gênes, Ceranesi et Campomorone, il s'étend avec ses affluents dans celles de Mignanego, Serra Riccò et Sant'Olcese.
Le bassin est caractérisé par un axe principal de direction nord-sud qui s'étend perpendiculairement à la côte quasiment en ligne droite, s'ouvrant en éventail vers les sources montagnardes de ses affuents. L'altitude maximale correspond au mont Taccone (it) à 1 113 m, sur le bassin-versant liguro-padan.
Les bassins hydrographiques contigus sont ceux du Chiaravagna (it) et du Varenna (it) à l'ouest, du Stura (it) au nord, des Gorzente (it), Lemme (it) et Scrivia à l'est, du Bisagno et de quelques rivières mineures dans les zones de Sampierdarena et San Teodoro (it).
La haute vallée comprend les vallées des torrents Verde (it) et de Riccò (it) et leurs affluents.
Descendant du mont Leco (it), le Verde qui, sur une partie de son parcours trace la limite entre les communes de Ceranesi et Campomorone, traverse Isoverde (hameau de Campomorone), Campomorone, Santa Marta (siège communal de Ceranesi) et une partie du quartier génois de Pontedecimo. Après avoir reçu divers ruisseaux (les principaux sont le rio San Martino, sur la rive droite et le rio Gioventina sur la rive gauche) après un parcours d'environ 8 km, conflue à Pontedecimo avec le Riccò, qui naît du Bric Montaldo, près du col des Giovi, et traverse divers hameaux de la commune de Mignanego.
En aval de la confluence entre le Verde et le Riccò, le torrent prend le nom de Polcevera et se jette dans la mer de Ligurie à l'intérieur de la zone portuaire génoise entre les quartiers de Cornigliano et Sampierdarena, après avoir traversé Pontedecimo, Bolzaneto et Rivarolo.
La partie du cours comprise entre Pontedecimo et l'embouchure, jadis caractérisée par un vaste lit alluvionnaire, est aujourd'hui enserrée entre les remblais construits autour des années 1850 à l'occasion de l'ouverture de la ligne de Turin à Gênes et coule dans une zone intensément urbanisée entre établissements industriels et infrastructures routières et ferroviaires.
Au fil des millénaires, l'érosion du fond marin provoquée par le transport des sédiments par le torrent a créé l'une des deux branches du canyon sous-marin de Gênes (it)[7] qui s'étend sur plus de 70 km dans la mer de Ligurie en direction nord-sud[1].
Dans son bref parcours, le Polcevera recueille les eaux de nombreuses rivières dont seules peu d'entre elles forment des vallées latérales de dimension significative[1]. Parmi celles-ci, outre le Verde (it) et le Riccò (it), peuvent être citées :
Comme la majeure partie des cours d'eau de la Ligurie, il Polcevera et ses affluents sont caractérisés par un régime torrentiel avec un débit très faible durant les mois d'été où ils sont souvent quasiment à sec, alors qu'ils peuvent se remplir de manière impressionnante en quelques heures durant les mois d'automne, occasionnant par le passé de désastreuses inondations jusqu'à la construction des remblais.
Le débit moyen à l'embouchure est de 4,8 m3/s, avec un minimum en août (1,49 m3/s) et un maximum en décembre (6,94 m3/s)[1], qui fait suite à la période de pluviosité automnale maximale concentrée sur les mois d'octobre et novembre. Le déphasage entre les pluies et les débits est dû au relâchage progressif des eaux par les sols et les nappes phréatiques.
Les débit maxima sont de 1 377 m3/s avec une période de retour de cinquante ans et de 1 763 m3/s avec un temps de retour de deux cents ans[8].
Avant la construction des berges, le Polcevera a occasionné de fréquentes inondations dans les zones traversées. Luigi Persoglio (it)[9] liste celles qui sont survenues dans la zone de Bolzaneto au cours des XVIIIe et XIXe siècles :
Après la construction des berges, les zones du fond de la vallée ne subissent plus de crues et sont progressivement urbanisées. Des inondations provoquent cependant des glissements de terrain dans des zones circonscrites, occasionnant surtout des dommages aux infrastructures situées dans le lit du torrent :
Dans la partie située entre Pontedecimo et l'embouchure, le Polcevera coule aujourd'hui dans une zone fortement peuplée, entre installations industrielles et dépôts pétroliers, dont nombre sont abandonnés ou en voie de reconversion, et entre infrastructures routières et ferroviaires.
L'industrialisation de la vallée a commencé vers le milieu du XIXe siècle, après la construction des remblais entre 1849 et 1853. Auparavant, le lit du torrent occupait la totalité de la partie plane de la vallée, constituant un marécage dangereux dans lequel l'eau se divisait en de nombreux ruisseaux rendant difficile la liaison entre les deux rives en l'absence de ponts ou même de gués seulement possibles en peu d'endroits.
Les villages étaient construits le long des routes qui reliaient Gênes avec la plaine du Pô, courant sur les crêtes des collines, tandis que le fond de la vallée était alors peu habité jusqu'au milieu du XIXe siècle. La construction des berges a été complétée par une déviation du parcours initial à la hauteur de Bolzaneto, coupant la base de la colline de Murta (it) sur une distance d'environ 500 m.
La rive gauche de l'embouchure, dans le quartier de Sampierdarena, précédemment occupée par la société Ansaldo Meccanico, a été reconvertie, après la fermeture des ateliers, en centre résidentiel, commercial et de services inauguré en 2002 et baptisé Fiumara.
La zone de la rive droite, constituée par l'imposant déversoir dans la mer devant le quartier de Cornigliano créé entre 1938 et 1953, occupé durant des décennies par la cokerie et les hauts-fourneaux de la société Italsider (aujourd'hui Ilva), fait l'objet depuis 2005 d'une bonification en prévision d'une reconversion urbanistique de grande ampleur.
Le tableau ci-après présente, en français et en ligure, les localités (anciennes communes autonomes devenues des quartiers de Gênes dans la basse vallée, communes et hameaux de la haute vallée) que l'on rencontre le long des deux rives du Polcevera en remontant de l'embouchure vers les sources du Verde (it) et du Riccò (it).
Rive droite[modifier | modifier le code]Quartier de Cornigliano[modifier | modifier le code]
Quartier de Rivarolo[modifier | modifier le code]Quartier de Bolzaneto[modifier | modifier le code]
Quartier de Pontedecimo[modifier | modifier le code]
Vallée du Verde[modifier | modifier le code]Commune de Ceranesi[modifier | modifier le code]
Commune de Campomorone[modifier | modifier le code]
|
Rive gauche[modifier | modifier le code]Quartier de Sampierdarena[modifier | modifier le code]
Quartier de Rivarolo[modifier | modifier le code]
Quartier de Bolzaneto[modifier | modifier le code]
Quartier de Pontedecimo[modifier | modifier le code]
Vallée du Riccò[modifier | modifier le code]Quartier de Pontedecimo[modifier | modifier le code]
Commune de Serra Riccò[modifier | modifier le code]
Commune de Mignanego[modifier | modifier le code] |
Les deux rives, protégées par les remblais, sont désormais reliées par de nombreux ponts et la vallée, couloir naturel de liaison entre Gênes et la plaine du Pô, est parcourue longitudinalement par la route nationale 35 des Giovi (it), l'autoroute A7 Gênes–Milan, de nombreuses routes urbaines et deux lignes ferroviaires, Gênes-Milan et Gênes-Turin.
Le torrent, entre Pontedecimo et l'embouchure, est enjambé par douze ponts routiers, quatre ponts ferroviaires, sans compter un pont de service, qui n'est plus utilisé, à la hauteur de Trasta (it), et dix passerelles piétonnières.
La construction d'une nouvelle route de liaison entre Gênes et l'ouest est prévue en aval du pont de Cornigliano, avec un nouveau pont entre la zone de la Fiumara et les zones précédemment occupées par l'usine sidérurgique Italsider, destiné à remplacer le pont dit del Papa[16], utilisé jusqu'à aujourd'hui par les poids lourds comme route alternative pour éviter la traversée de Sampierdarena.
En aval du pont routier de Cornigliano, le torrent est franchi par le viaduc ferroviaire de la Ligne de Gênes à Vintimille, entre les gares de Gênes Sampierdarena et Gênes Cornigliano (it), parcouru quotidiennement par de nombreux trains locaux, interurbains et longue distance qui relient Gênes avec la Riviera du Ponant (it) (Savone, Vintimille) puis la Côte d'Azur en France.
À la hauteur de Rivarolo se trouve le viaduc, construit dans les années 1960, qui relie par un tunnel la gare de Gênes-Piazza-Principe à la ligne secondaire des Giovi (it), parcouru par les trains longue distance à destination de Milan et Turin.
À environ un km en amont de l'embouchure, le lit du torrent et la totalité de la vallée sont franchis par le « pont Morandi » supportant l'autoroute A10 de Gênes à Vintimille, une imposante structure longue de 1 182 m, construite sur trois pylônes en béton armé d'une hauteur d'environ 90 m, conçue par l'ingénieur Riccardo Morandi et inaugurée en 1967.
La partie du pont qui enjambe le torrent s'est effondrée le tuant 38 personnes. L'ouvrage faisait l'objet depuis de nombreuses années de polémiques sur sa sécurité à propos de laquelle le sénateur Maurizio Rossi (sénateur) (it) avait interpellé à deux reprises le ministre Graziano Delrio, interpellations écrites devant le Sénat restées sans réponse. Les arguments avancés dans la discussion, coûts élevés de la maintenance et trop grande densité du trafic, avaient conduit à la proposition de la création de la Gronda en remplacement du pont[17].
Les berges du torrent, dans la partie urbaine, sont parcourues par deux voies rapides.
Celle de la rive droite relie Pontedecimo au pont de Cornigliano ; la première partie, de Pontedecimo à Trasta (it), à double sens de circulation, est ouverte dans les années 1980, augmentant et rationalisant le réseau routier ; la partie de Trasta à Cornigliano, en sens unique en direction de la mer, construite ex novo le long de la berge, est ouverte en 2010.
La route de la rive gauche, en sens unique en direction de la montagne, est inaugurée dans les années 1990 et relie le pont de Cornigliano à Teglia (it) où elle franchit le torrent, poursuivant vers Pontedecimo sur la route en rive droite.
La ligne ferroviaire « des Giovi », de Sampierdarena à San Quirico (it), ouverte en 1853, court sur la berge gauche du torrent, où se trouvent également les gares de Gênes Rivarolo (it), Gênes Bolzaneto (it) et Gênes San Biagio (it), et, un peu plus loin, de Gênes Pontedecimo (it). La ligne est presque exclusivement utilisée par les trains régionaux qui relient la gare de Gênes-Brignole avec le Bas Piémont (Alexandrie, Arquata Scrivia, Novi Ligure) et avec Busalla.
Les trains à moyenne et longue distance par Milan et Turin, en revanche, circulent sur la ligne secondaire des Giovi (it), construite dans les années 1880, qui traverse longitudinalement le Val Polcevera sur le versant droit, franchissant par trois viaducs en briques à plusieurs arches d'autres émissaires du Polcevera : Trasta, Burba et Verde (it) ; ce dernier, avec ses vingt arches, est caractéristique du paysage de Pontedecimo.
Les études de l'Agence pour la protection de l'environnement (it) ont mis en évidence un niveau important de pollution des eaux, en amélioration cependant depuis la fermeture des installations industrielles les plus polluantes[18].
Des espèces capables de survivre dans des environnements modérément pollués comme le mulet, dans le cours inférieur, et la chevesne italique (it), plus en amont, sont très abondantes. À la hauteur de Pontedecimo sont présentes dans le torrent d'autres espèces comme le barbeau, le vairon, l'anguille, la truite fario et arc-en-ciel. La truite fario de souche atlantique comme autochtone se trouve dans quasiment tous les affluents du Polcevera[19].
Le long du cours du torrent sont présentes diverses espèces d'oiseaux comme le héron cendré, le goéland commun, le canard colvert, le petit gravelot, l'aigrette garzette, le cormoran et la poule d'eau. Occasionnellement on peut également observer des couples de faisans[20],[21].
Le cours du Polcevera est l'une des plus importantes voies de migration pour les oiseaux qui se déplacent d'Afrique vers les plaines d'Europe et vice-versa et de nombreuses espèces migratrices s'arrêtent au cours de leur voyage dans les zones de reproduction et d'hivernage. Bien que le torrent coule dans des zones densément peuplées et industrialisées, il est en même temps l'une des rares zones de repos où la disponibilité en nourriture est suffisante étant donné la forte concentration de poissons. Pour certaines espèces, comme les hérons, l'arrêt près de l'embouchure du Polcevera est un choix presque obligatoire, car il n'existe pas d’autre zone humide de cette taille dans les environs[22].
NOTA
: mesure du cours principal du torrent incluant le cours du Verde (it) ; le cours du Polcevera proprement dit, de la confluence du Riccò (it) (Pontedecimo) à l'embouchure mesure 11 km.