Automne 1997. Dans la commune de Slavno, en Bosnie, seuls six femmes, un vieil homme et quelques enfants ont survécu à la guerre. Fils, pères et maris ont été assassinés pendant la guerre de Bosnie-Herzégovine. Vivant dans le souvenir, les femmes imitent leurs proches disparus et nourrissent l'espoir de les voir réapparaître. Un jour, deux hommes d'affaires serbes arrivent au village et incitent les habitants à quitter leur sol natal, moyennant une forte somme d'argent. Une tempête de neige survient alors et empêche tout déplacement...
Aida Begić, native de Sarajevo, a vécu les évènements tragiques survenus dans son pays comme un tournant décisif de son existence. Ceux-ci lui ont permis de saisir à quel point l'art et la culture, et, par conséquent, le cinéma pouvaient être des moyens de survie essentiels pour des peuples confrontés à des conditions extrêmes. Premières Neiges, son premier long métrage, lui permet « d'affronter le traumatisme de la violence d'une façon incisive et sans sentimentalisme. »[1]
En préparant le film, Aida Begić et son équipe ont éprouvé, néanmoins, bien des difficultés à trouver un lieu de tournage adéquat. Beaucoup de villages bosniaques dévastés restent à déminer.
Bien que les femmes du village - grandes héroïnes du film - soient soudées par l'expérience collective des atrocités, Premières Neiges n'offre pas un inventaire de leurs souffrances endurées. « Aida Begić n'essaie même pas d'évoquer l'indicible et l'indescriptible par les dialogues. Elle les dépeint au contraire au travers d'étranges rituels [...]. On dirait que tout le village est paralysé, pris dans un étau qu'aucun lendemain ne viendra briser. »[2]
Pourtant, deux faits - la rencontre d'un chauffeur routier et la venue de deux investisseurs étrangers - finissent par interrompre la torpeur ambiante. « Les villageois doivent-ils vendre leurs terrains, améliorer leur situation financière et tourner le dos aux démons du passé ? Ou bien doivent-ils, comme Alma, rester coûte que coûte et prendre un nouveau départ pour nourrir la moitié de la Bosnie de leurs produits maison ? », écrit Christoph Terhechte[3].
Aida Begić infléchit, grâce aux premières neiges qui surprennent le village, la conclusion vers l'intemporelle question : « Comment les hommes vivent ensemble et comment leur histoire devient un moyen essentiel de subsistance ? »[4]
L'année indiquée est celle de la cérémonie. Les films sont ceux qui sont proposés à la nomination par la Bosnie-Herzégovine ; tous ne figurent pas dans la liste finale des films nommés.