La prière est le thème central de la Bible ; elle s'y présente sous diverses formes : demande, remerciement, adorations ou louanges. Cet article adopte donc un point de vue purement catholique.
Lorsqu'un catholique prie et effectue une demande par celle-ci, il espère un certain résultat dans le monde physique (tel que la guérison d'une maladie) ou même dans l'Au-delà, voire au Purgatoire (tel que l'Absoute pour les morts).
Cependant, toutes les prières ne se résolvent pas à des demandes d'intercessions directes, il y a aussi (mais pas exclusivement) des prières dont le but est de réparer les péchés d'autrui comme les actes de réparations (Acte de réparation à Jésus).
La prière est aussi une méthode et un moyen de renforcer à la fois l'Église mais aussi ses membres.
Le Christ apprend, à ses disciples, à prier sans hésiter avec un cœur pur et une foi persévérante ; l'humilité étant la base de la prière[1]. L'Évangile selon Luc contient des paraboles illustrant qu'un bon prieur doit être patient, tenace et humble[2].
La position catholique sur la prière enseigne que la prière implique l'intercession de l'Esprit Saint[3],[4]: « L'Esprit saint, dont l'onction imprègne tout notre être, est le Maître intérieur de la prière chrétienne et l'artisan de la tradition vivante de la prière[5]. »
Elles sont résumées dans les sections 2644 à 2649 du Catéchisme de l'Église Catholique (1992)
Saint Dominique codifia les manières de prier et leurs attitudes corporelles. Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, un auteur anonyme retranscrit ce travail dans un manuscrit, Les modes de prier de saint Dominique, dont une copie en catalan (datant de la fin du XIVe siècle-début du XVe siècle) se situe actuellement à la Bibliothèque vaticane (Codex Rossianus 3). Ces neuf modes sont les suivants :
Le catéchisme de l'Église catholique distingue plusieurs formes de prière[6] :
Elle précède la lecture des Écritures, textes humains. Le chrétien prie pour que le Saint-Esprit l'éclaire, et lui permette d'entendre la Parole de Dieu.
La prière chrétienne puise ses sources :
La prière peut s'adresser :
Chez les catholiques, elle peut se faire en communion avec la Sainte Mère de Dieu.
Les guides pour la prière sont les témoins de l'Église (les saints dans l'Église catholique romaine), les serviteurs de la prière (famille chrétienne, ministres ordonnés, religieux, catéchèse des enfants, groupes de prière).
Les lieux favorables à la prière sont :
Le catéchisme de l'Église catholique[7] distingue trois expressions de la prière :
À ces formes traditionnelles, certains mouvements charismatiques peuvent ajouter le parler en langues (glossolalie).
Saint Paul notait, dans le chapitre 14 de la première épître aux Corinthiens, la nécessité de prier pour obtenir le don d'interpréter (1Co 14, 13-19) :
La principale prière des chrétiens catholiques est le Notre Père. Elle a été enseignée par Jésus à ses disciples (Lc 11, 1-4). Son origine est liée à la tradition juive (Kaddish).
Voir aussi : Sources juives du Notre Père
Le Notre Père est récité à chaque messe. Il se compose de sept demandes.
La prière des heures, ou liturgie des heures, ou office divin, est la prière même de l'Église. C'est celle de tous, des simples fidèles, des moines, des religieux, et des prêtres.
Cette liturgie est parfaitement codifiée et se divise en sept (ou cinq) offices :
Le bréviaire est le livre dans lequel se trouve la liturgie des heures (hymnes, psaumes, prières, textes bibliques courts).
La prière eucharistique est une prière adressée au Père, lui demandant d'envoyer l'Esprit Saint pour que le pain et le vin deviennent le Corps et Sang du Christ. La prière eucharistique peut comporter deux épiclèses, appel à l'Esprit Saint, sur le pain et le vin, et sur l'assemblée.
Dans la prière eucharistique, le prêtre honore la mémoire de ceux qui nous ont précédés. Par exemple, la prière eucharistique IV l'exprime de la façon suivante :
Voir : Prières eucharistiques
Pour l'Église catholique, le Rosaire[8] « est une prière où la répétition des Ave Maria oriente la pensée et l'affection vers le Christ, et donc, se fait supplication confiante vers sa Mère et notre Mère ». Il est recommandé par le magistère comme un moyen bénéfique pour les chrétiens de s'associer aux mystères du Christ[9]. De plus, les autorités de l’Église estiment que le rosaire « nous éduque à être humble dans la foi », et que [8] méditer sur les mystères de la vie du Christ c’est se laisser modeler par l’amour de Dieu, et qu'ainsi, « l'œuvre rédemptrice du Christ qui se manifeste dans le Rosaire »[10].
Depuis 1989, sur l'initiative du patriarche Dimitri de Constantinople, l'Église orthodoxe a adopté une journée annuelle de prière pour la sauvegarde de la Création, le 1er septembre, au début de l'année liturgique orthodoxe. Le , le pape François, sur la suggestion du métropolite de Pergame (el) Jean (Zizioulas) (el), représentant le patriarche Bartholomée, a retenu cette même date pour instituer la journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création dans l'Église catholique, invitant les autres Églises chrétiennes à se joindre à ce mouvement[11].
Une fois par an se déroule une semaine de prière pour l'unité des chrétiens, célébrée traditionnellement du 18 au (dans l'hémisphère nord) et à la Pentecôte (dans l'hémisphère sud). Les prières sont exprimées par un texte de base sur un thème biblique, préparé par des partenaires œcuméniques d'une région donnée. Le texte est ensuite examiné par un groupe international de participants issus du Conseil œcuménique des Églises (protestants et orthodoxes) et de l'Église catholique romaine pour s'assurer qu'il est en relation avec la quête de l'unité de l'Église[12].
La journée mondiale de prière pour la sauvegarde de Création marque le début du Temps de la Création.
Dans les traditions catholique et orthodoxe, les prières de demande peuvent être adressées aux saints. Cela peut être fait à la messe, dans le bréviaire, ou de manière privée pendant la prière vocale.
Il est entendu que les saints répondent à de telles prières par leurs propres prières à Dieu sur la base des demandeurs. Les catholiques se réfèrent souvent à cela en rapport avec les « mérites », et distinguent entre latrie, la prière de sacrifice adressée à Dieu seul, et dulie, ou prière de louange adressée seulement à une créature telle qu'un saint.
Certains catholiques pensent que la pratique de la prière par l'intercession des saints est similaire à une demande à un ami chrétien fidèle de prier pour quelqu'un. D'autres chrétiens, pour la plupart protestants et anglicans, rejettent la notion de prière par l'intercession des saints, qu'ils considèrent comme non biblique, et pensent que cela peut conduire au polythéisme, ou peut-être même se rapprocher de la nécromancie.
Les catholiques, notamment lors des enterrements, élargissent la communion des saints aux défunts (voir liturgie catholique).
Refusant le livre des Macchabées et l'exemple de sacrifice pour les défunts, les protestants préfèrent s'en abstenir et citent Luc 9:60 : « laissez les morts enterrer leurs morts ».
Le Kaddish d'enterrement des israélites n'est pas une prière pour les morts.
Dans les mouvements du Renouveau charismatique, et notamment dans la Communauté de l'Emmanuel, on pratique une forme de prière en groupe, pour une personne en particulier, appelée prière des frères[13].
Les catholiques sont invités à prier régulièrement pour que surgissent des vocations à la prêtrise[14].
La prière, surtout commune, peut avoir recours au chant. Comme le montre la spiritualité de saint Augustin, le chant renforce l'efficacité de la prière[15].
« Toujours prier comme si l'action était inutile et agir comme si la prière était insuffisante. »
Sainte Thérèse de Lisieux
Dans son encyclique Dominum et Vivificantem, saint Jean-Paul II rappelle le rôle primordial de l'Esprit Saint dans la prière :
« La manière la plus simple et la plus commune dont l'Esprit Saint, le souffle de la vie divine, s'exprime et entre dans l'expérience, c'est la prière. Il est beau et salutaire de penser que, partout où l'on prie dans le monde, l'Esprit Saint, souffle vital de la prière, est présent. Il est beau et salutaire de reconnaître que, si la prière est répandue dans tout l'univers, hier, aujourd'hui et demain, la présence et l'action de l'Esprit Saint sont tout autant répandus, car l'Esprit «inspire» la prière au cœur de l'homme, dans la diversité illimitée des situations et des conditions favorables ou contraires à la vie spirituelle et religieuse[16]. »
Parmi les quatre formes de prières basiques, Benoît XVI invite les catholiques à favoriser celle de la louange en s'appuyant sur l'Apocalypse[17]:
« C’est un livre difficile, mais il contient une grande richesse.[..] Il nous met en contact avec la prière vivante et palpitante de l’assemblée chrétienne, rassemblée « le jour du Seigneur » (Ap 1, 10) : c’est là, en effet, la toile de fond sur laquelle se développe le texte.[..] Ces versets nous enseignent, en outre, que notre prière, souvent faite uniquement de demandes, doit au contraire, être faite avant tout de louange rendue à Dieu pour son amour, pour le don de Jésus-Christ qui nous a apporté force, espérance et salut. »
Le même jour, le pape enseigne aux auditeurs, réunis au Vatican, toujours en se référant à l'Apocalypse et rejoignant ce que Jean-Paul II a enseigné en son temps : la prière doit être "christo-centrique" et l'Esprit y a une place essentielle. Enfin, Benoît XVI explique qu'en comprenant l'essence même de la prière, les personnes comprendront le message du Christ ce qui les conduira sur la voie de la réelle repentance et de la réelle conversion. Persévérant ainsi, le chrétien embrassera finalement l'amour divin et grandira en son sein.