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Raoul Adolphe Georges Rigault, né le à Paris[1] où il est mort le , est un journaliste et homme politique français, surtout connu pour son rôle durant la Commune de Paris de 1871.
Fils d'un conseiller à la préfecture de la Seine, Raoul Rigault, bachelier ès lettres et ès-sciences, prépare l'École polytechnique. Vers 1865, il s'intéresse plus aux mouvements blanquistes qu'à ses études. Son ambition est d'assurer la liaison entre ouvriers et étudiants. Il est alors professeur de mathématiques[2] et rattaché à l'hébertisme ; il fréquente le salon artistique et littéraire de Nina de Villard à Montmartre[3].
Il est arrêté, début 1866, lors d'une réunion au Café de la Renaissance à Saint-Michel, en compagnie de Tridon, des frères Levraud, de Da Costa, A. Verlière, Longuet, Genton, Protot, Largilière, et Landowski[4]. L'avocat Gustave Chaudey prend leur défense[4].
Le jeune homme collabore à plusieurs journaux républicains, hébertistes, blanquistes et athées (La Marseillaise, L'Ami du peuple, La Libre Pensée ...).
En 1868 après avoir renoncé à son journal Le Barbare, l'un de ses articles publié dans le journal étudiant athée Le Démocrite (plutôt proudhonien), lui vaut trois mois de prison. Toutefois, en décembre de la même année, il relance Le Démocrite. Il fait une dizaine de séjours en prison jusqu'en 1870, toujours pour motifs politiques (il y constitue des dossiers sur les commissaires et les indicateurs de police).
À la suite de la révolution du et de la proclamation de la République, il est nommé à la préfecture de police de Paris par Antonin Dubost, dont il avait été le collaborateur à La Marseillaise : bien que n'ayant pas l'âge légal pour ce poste, il reprend le poste de Michel Lagrange en étant nommé commissaire, chargé du service politique. Il prend part aux soulèvements du 31 octobre 1870 et du 22 janvier 1871 contre le Gouvernement de la Défense nationale où il commande, avec son ami Sapia, des gardes nationaux.
Après le début du soulèvement communaliste, il est nommé le à la tête de la préfecture de police. Le , il est élu au Conseil de la Commune par le VIIe arrondissement. Le , il est nommé à la tête de la Commission de Sûreté générale. Profitant des difficultés de la Commune à contrôler son action, il s'arroge des pouvoirs exorbitants et fait réprimer ses adversaires politiques[réf. nécessaire].
Animé par une passion anticléricale, il vise notamment les religieux de Paris, qui font l'objet d'arrestations arbitraires. Rigault mène lui-même les interrogatoires, accablant volontiers les prêtres de remarques méprisantes, et fait mettre au secret de nombreux « suspects ». En sept semaines, Rigault et ses successeurs à la préfecture Cournet et Ferré font arrêter plus de 200 religieux. Il est le responsable de l'arrestation des otages, parmi lesquels Georges Darboy, archevêque de Paris[5], du massacre de la rue Haxo[6],[7] et de nombreuses perquisitions dans les églises de la capitale[8].
Les méthodes de Rigault suscitent la polémique au sein de la Commune : lui-même défend son action devant les autres élus en arguant de la situation d'urgence et de guerre civile que connaît alors la Commune.
Le , il quitte la préfecture de police, et est nommé procureur de la Commune.
Il vote pour la création du Comité de Salut public.
Rigault envoie Benjamin Flotte pour d'obtenir de l'Assemblée versaillaise l'échange des otages de la Commune contre Blanqui et d'autres prisonniers.
Le , au début de la Semaine sanglante, Rigault se rend dans la cellule de Gustave Chaudey à la prison de Sainte-Pélagie et le met en accusation pour avoir ordonné à la troupe de tirer sur les Parisiens insurgés le . Chaudey proteste de son innocence et rappelle son passé socialiste, mais Rigault souhaite venger la mort de son ami Sapia, mort à ses côtés le . Il le fait aussitôt fusiller avec trois gendarmes, ce dont André Slomszynski se dira témoin.
Chaudey avait dit[9] après le à « Ferré et des partisans de la commune qui réclamaient la liberté de Louise Michel et de leurs amis : « Les plus forts fusilleront les autres ». Il mourut peut-être de ce mot ».
Le lendemain, Rigault se bat, en grand uniforme, au Quartier latin sur la barricade de la rue Soufflot. Il est fusillé sans procès, rue Gay-Lussac le sur ordre d'un sergent versaillais qui le reconnait comme un officier communard lorsqu'il dit « Que me voulez vous ? Vive la Commune ! »[10]. Des soldats dépouillent son cadavre des objets de valeur : son corps, laissé sur place, est ensuite malmené par des passants.