Le catholicisme est la principale religion en Espagne puisqu'environ 70 % de la population s'en réclame (dont environ 13% de pratiquants). La présence des autres religions représente moins de 3 % de la population. Enfin, 25 % de la population s'affirme athée ou sans religion.
L'ampleur du phénomène du mégalithisme dans toute l'Europe (environ 50 000 mégalithes supposés en Europe dont 10 000 subsistent), globalement de 5000 à 2000 avant l’ère présente, interroge : utilisations sépulcrales, fins religieuses, observatoires astronomiques, médium artistique. Le culte des pierres semble avoir été souvent la première cible des évangélisateurs, jusqu'à leur destruction ou leur christianisation.
À l'âge du bronze atlantique (1300-700), d'après l'étude des langues paléo-hispaniques, on remarque un remplacement important de la population ancienne de l'Hispanie : Ibères Celtibères.
La culture ou royaume de Tartessos (vers 1200-500, Andalousie) est une des premières à manifester des relations commerciales avec la Phénicie (expansion des comptoirs phéniciens, possessions en Espagne continentale et aux Baléares), puis avec la colonisation et l'expansion grecque en Méditerranée (Phocéens). Ce qui subsiste reste insuffisant pour inférer des pratiques religieuses, à l'exception de quelques nécropoles.
Le polythéisme romain (religion de la Rome antique) s'accommode d'autres pratiques religieuses (Isis, Mithra, Cybèle), dont témoignent des exemples de fanum.
Jacques de Zébédée (saint Jacques, mort en 44) a fait le voyage en Espagne, au moins à Gadès (Cadix). Malgré la légende, Paul de Tarse (saint Paul, mort vers 67) ne l'aurait pas fait. Les sept apôtres de l'Espagne auraient entamé l'évangélisation de la péninsule dès le Ier siècle.
Les invasions barbares (ou grandes migrations) (375-585 environ) signifient pour l'Espagne (chronologie des invasions barbares en Hispanie), le passage de différents peuples (dont les Vandales) et la création de deux royaumes : royaume suève (409-585), royaume wisigoth (418-720). Les Asturies et la Vasconie, qui restent relativement indépendantes, et l'Espagne byzantine (Sud-Est, 552-624) présentent d'autres particularités.
La région connaît deux courants dissidents du christianisme d'avant : arianisme en Espagne (es) et "priscillianisme" (en Espagne).
L'arianisme, doctrine christologique non trinitaire, professée par Arius (250-336), condamnée au premier concile de Nicée (325), propagée durant tout le IVe siècle, principalement en direction des peuples fédérés, principalement germaniques, et adoptée par les dirigeants du Royaume wisigoth. Ossius de Cordoue (257-359) est chargé de régler la question arienne, sans y parvenir
Le "priscillianisme" (priscillianismo (es)) est une doctrine chrétienne issue des discours et écrits de Priscillien (340-385), paulicienne, influencée par le gnosticisme, déclarée hérétique dès le concile de Saragosse et persécutée. Sa dernière condamnation conciliaire, au premier concile de Braga (561) atteste que cette doctrine perdure près de deux siècles, principalement dans la péninsule ibérique.
Au Haut Moyen Âge, la conversion de Récarède Ier (es) (587), roi wisigoth d'Hispanie et de Septimanie (de 586 à 601) de l'arianisme au chalcédonisme est l'événement qui enclenche les persécutions des Juifs en Hispanie wisigothique (es) (507-720). Du IVe concile de Tolède (633) au XVIe concile de Tolède (693), le Royaume wisigoth (418-720) développe l'antisémitisme.
Les Espagnes médiévales sont l'Espagne islamisée Al-Andalus (711-1492) et l'Espagne chrétienne catholique de la Reconquista (722-1492), des rois catholiques d'Espagne, qui se partagent l'Espagne et les Espagnols d'alors pendant presque huit siècles, avec beaucoup de rivalités, de cohabitation parfois, de multiculturalisme de fait, et de métissage au moins culturel.
Depuis le début du royaume des Asturies (718-910) jusqu'à la fin du royaume de Grenade, la péninsule est en guerre, peut-être à part la période de 1350-1460.
Dans la péninsule ibérique, croisade et djihad se font ici et maintenant : foi, guerre, agriculture, élevage, artisanat, art, recherche. L'architecture civile (fortification, forteresse, château, palais, urbanisme, etc.) rivalise avec l'architecture religieuse (mosquée, médersa, minaret, clocher, chapelle, église, monastère, etc.).
Les Mozarabes sont les chrétiens vivant en Al-Andalus (ou parfois les non-arabes arabisés et islamisés en Al-Andalus) : mozarabe (dialecte roman parlé dans les royaumes musulmans d'Al-Andalous), Chroniques mozarabes, rite mozarabe (liturgie hispanique) (et rite de Braga), aljamiado (utilisation par un non-arabe de l’écriture arabe pour écrire une langue latine). Les Muladis sont les chrétiens convertis à l'islam, et leurs descendants. Les Mudéjars sont les musulmans d'Espagne devenus sujets de royaumes chrétiens (en période de tolérance). La coexistence, avec ou sans conversion (libre ou forcée), semble avoir fonctionné, en dehors d'événements comme les Martyrs de Cordoue (850-859) ou le pogrom de Lisbonne de 1506.
Les arts participent à la manifestation publique des deux fois.
La crise du Moyen Âge espagnol des XIVe et XVe siècles (1350-1460) est achevée : l'ennemi musulman est repoussé, et un nouveau chantier s'ouvre, avec les grandes découvertes et d'abord ce Nouveau Monde à évangéliser. En art : gothique isabélin, art hispano-flamand, style plateresque (1480-1520).
L'Inquisition espagnole veille et sévit contre les nouveaux chrétiens (depuis l'Islam ou le judaïsme), vite suspects, mais aussi contre les anciens chrétiens réformés, érasmistes (humanistes espagnols de la Renaissance), protestants, ou mystiques (Alumbrados), et autres relaps, les poussant à se taire (autocensure), se cacher ou s'exiler : autodafé, bûcher, légende noire espagnole.
Le Siècle d'or espagnol dure longtemps : 1492-1681, en partie en raison des relations économiques entre l'Amérique espagnole et l'Europe : flux des métaux précieux aux XVIe et XVIIe siècles. La population espagnole évolue peu : 8 206 791 en 1594, 9 159 999 en 1769.
La Contre-Réforme catholique, véritable révolution culturelle, trouve son origine dans les travaux du Concile de Trente (1545-1563). L'Église « de la Contre-Réforme », aussi appelée Église « tridentine » (cet adjectif correspondant au nom en latin de la ville de Trente, Tridentium), dure presque jusqu'au concile suivant, Vatican I (1869-1870).
Le siècle semble tourner autour du conflit entre l'anticléricalisme et une forme d'intégrisme catholique, entre autres avec le thème de Unité catholique de l'Espagne. Depuis au moins le (IIIe concile de Tolède (589), et jusqu'à la Constitution espagnole de 1869, le catholicisme est considéré comme la religion unique du pays.
Pour réduire la dette publique, augmenter la richesse nationale, créer une bourgeoisie et une classe moyenne de travailleurs propriétaires, les gouvernements espagnols sont amenés à organiser le désamortissement espagnol (différentes vagues de confiscation, expropriation et privatisation de biens ecclésiastiques dans la période 1798-1924) : Confiscations ecclésiastiques de Mendizábal (en) (1835-1837, Juan Álvarez Mendizábal).
Les repères historiques importants sont :
Quelques repères culturels plus ponctuels :
Quelques repères historiques :
La réforme protestante en Espagne (es) commence vers 1520 à Valladolid (luthéranisme) et Séville (calvinisme). Elle est comme ailleurs précédée par deux mouvements, le catharisme albigeois et le valdéisme (Église évangélique vaudoise, Mouvement vaudois).
L'humanisme en Espagne (es), c'est à partir de la Conférence de Valladolid (1527), l'érasmisme en Espagne (es) (1527-1530), dont Juan de Valdés (1499-1541), Juan de Vergara (1492-1557), et les Béatas, sorte de béguines hispaniques : Isabel de la Cruz, Marina de San Miguel, María Justa de Jesús…
Casiodoro de Reina et Cipriano de Valera (es) fournissent en 1569 et 1602 la première traduction intégrale de la Bible en espagnol : Reina-Valera ou Biblia del Oso (Bible de l'Ours). Mais l'Inquisition espagnole veille et sévit contre érasmistes, protestants et mystiques (Alumbrados), les poussant à se taire (autocensure), se cacher ou s'exiler.
Le concile de Trente (1542) met en place les instruments idéologiques de la Contre-Réforme : réorganisation religieuse des Pays-Bas espagnols.
L'École de Salamanque est au travail. Et l'histoire de la science et de la technologie en Espagne (es) s'en ressent.
Le protestantisme semble éradiqué d’Espagne vers 1650, avant de réapparaître vers 1850. Et se développent le siècle d'or espagnol et la monarchie catholique espagnole (1492-1681) : art pendant la Réforme protestante et la Contre-Réforme.
Le christianisme orthodoxe en Espagne (es) tient principalement à l'immigration récente (à partir des années 1960) de près d'un million de personnes d'Europe de l'Est : 670 000 Roumains, 120 000 Bulgares, 110 000 Ukrainiens, 80 000 Russes, 20 000 Moldaves,18 000 Géorgiens (etc.), soit environ 1 000 000 d'orthodoxes potentiels relevant des patriarcats de Bucarest, Constantinople ou Moscou : églises orthodoxes d’Espagne (es).
En accompagnement de l'Empire espagnol (comme des autres empires coloniaux) :
L'Espagne est une grande destination de tourisme culturel et de tourisme religieux (tourisme chrétien (es)).
L'expansion de l'islam (à partir de 630) en Occident passe par la conquête musulmane du Maghreb (647-709), puis la conquête musulmane de l'Hispanie (711-726), et se développe ensuite plus au nord en invasion omeyyade en France (719-759) et en invasions sarrasines (830-990).
Après les conquêtes initiales par une minorité guerrière, se lèvent cependant des révoltes des populations locales, mais aussi des luttes internes entre Arabes et Berbères, très fréquentes dans les années qui suivent la conquête. Parmi elles, la famille hispano-romaine Banu Qasi.
Dans la péninsule ibérique, l'émirat de Cordoue (756-929) puis le califat (929-1031) des Omeyyades de Cordoue établissent l'Islam en Espagne (en) : liste d'anciennes mosquées en Espagne (en).
L'islamisation de la société (ici de culture latine ou wisigothique, et globalement chrétienne) n'exige pas la conversion à l'islam, en général. Un Muladi est un chrétien qui abandonne le christianisme, et se convertit à l'islam et vit parmi les musulmans. Un Mozarabe conserve sa religion chrétienne dans une zone sous domination musulmane. Les Chroniques mozarabes (754) rendent compte de la conquête musulmane de l'Espagne.
L'histoire d'al-Andalus (711-1492) est riche : Gharb al-Ândalus, art des Omeyyades de Cordoue, sciences et techniques en al-Andalus, art hispano-mauresque, poésie arabo-andalouse, soufisme en Espagne (es) (880-1200).
L'époque des taïfas (après 1031) se remarque : architecture des royaumes de taïfa, poésie arabe à l'époque des taïfas (es).
La longue reconquête (reconquista, istirdad, 722-1492) laisse émerger le royaume de Grenade (1238-1492), qui s'achève avec le Soupir du Maure (1492).
Les Morisques sont les musulmans convertis au christianisme (et leurs descendants), selon le décret des « rois catholiques » du .
Ces nouveaux chrétiens, convertis (librement ou de force) depuis le judaïsme ou l’islam, sont vite suspects. L'Inquisition espagnole (1478-1834) concerne également les Morisques, auxquels la La fatwa d'Oran (1504) conseille le principe de précaution (taqîya).
La difficile cohabitation et le métissage provoquent la révolte des Alpujarras (Morisques de Grenade, 1568-1571), qui motive en grande partie le décret d'expulsion des morisques d'Espagne (1602). Le départ des Morisques (sans doute au moins 300 000 personnes déstabilise certaines économies régionales en Espagne et au Maghreb (Maroc (République du Bouregreg), Régence d'Alger).
L'Islam se remarque surtout après 2000, avec l'immigration principalement maghrébine et marocaine : immigration en Espagne.
En 2019, la population musulmane d'Espagne serait d'environ 2 000 000, soit un peu plus de 4 % de la population espagnole totale, avec une répartition variable par région.
La présence juive en Espagne serait très ancienne et minime, portée par le commerce maritime, phénicien (Tartessos peut-être), grec, carthaginois, puis romain.
La fin de la première guerre judéo-romaine (66-73), la prise de Jérusalem (70), la destruction du Second Temple de Jérusalem (70), puis l'échec de la révolte de Bar Kokhba (132-135) et ses suites (Jérusalem rasée, interdiction aux Juifs de revenir à Jérusalem), tout cela est à l'origine de la grande dispersion juive de l'époque romaine.
Le concile d'Elvire (305-306, Grenade) atteste l'existence de communautés juives importantes en Espagne et en plein essor. L'antisémitisme en Espagne (es), relevant en grande partie de l'antijudaïsme chrétien, date au plus tard du IIIe siècle. Le Code de Théodose (438) remet en question le statut des Juifs, et ainsi l'Édit de Caracalla (212) accordant la citoyenneté romaine à tout homme libre de l'Empire qui ne l'avait pas encore acquise.
Au Haut Moyen Âge, la conversion de Récarède Ier (es) (587), roi wisigoth d'Hispanie et de Septimanie (de 586 à 601) de l'arianisme au chalcédonisme est l'événement qui enclenche les persécutions des Juifs en Hispanie wisigothique (es) (507-720). Du IVe concile de Tolède (633) au XVIe concile de Tolède (693), le Royaume wisigoth (418-720) développe l'antisémitisme.
Les relations entre juifs et musulmans (histoire des Juifs en terre d'islam) s'appuient sur le statut de dhimmi (non-musulman sous gouvernement musulman). Après la conquête musulmane de l'Espagne, la longue existence des juiveries d’Espagne (es) indique une certaine coexistence pacifique, malgré quelques tensions, dont le siège de Cordoue (1013) et le massacre de Grenade (1066). Les persécutions anti-juives de 1391 en Espagne sont des pogroms chrétiens de la Couronne de Castille.
La convivencia des chrétiens et des juifs dans Al-Andalus (es), avec le statut de dhimmi permet un véritable essor culturel dans les Espagnes médiévales, et l'âge d'or de la culture juive en Espagne : littérature rabbinique, judéo-espagnol (ladino), judéo-espagnol calque, judéo-catalan, judéo-portugais... La Renaissance du XIIe siècle tient en partie à ce contexte multiculturel d'Al-Andalus et aux traductions latines du XIIe siècle.
La fin de la Reconquista en 1492, Année cruciale est aussi l'expulsion des Juifs d'Espagne, qui entraîne une diaspora massive : diaspora séfarade (es), Séfarades, Megorachim (Afrique du Nord), Granas (Livourne, Italie). Parmi ceux qui choisissent ou essaient de rester en Espagne, le choix se réduit à la conversion, libre ou forcée : converso, anoussim, chuetas, nouveau chrétien (judéo-convers). Le marranisme ou crypto-judaïsme est une solution assez risquée. La promulgation de lois raciales (Limpieza de sangre) entraîne l'Inquisition espagnole (1478-1834), de la légende noire espagnole, et des exils : histoire des Marranes en Angleterre.
Les musées juifs en Espagne offrent une image des réussites : Palais des Olvidados (es), musée de l’inquisition espagnole et de l’histoire juive, musée séfarade de Grenade (es), musée d'Histoire des Juifs de Gérone, synagogue El Tránsito de Tolède...
Les constitutions espagnoles de 1855, 1869 et 1876, et différents décrets établissent la liberté de conscience, puis la liberté de culte (non public), puis la fin des lois raciales.
La réévaluation de l'apport séfarade à la culture espagnole amorce un rapprochement. La Loi de nationalité espagnole pour les Safarades (es) (2015) le confirme. La population juive en Espagne serait vers 2020 d'environ 12 000 individus.
Pour une population d'environ 50 000 000 Espagnols (démographie de l'Espagne en 2018), ces religions représenteraient au mieux 1 ‰, soit 500 000 individus.
D'après une étude réalisée en 2011 par le Centro de Investigaciones Sociológicas (CIS), l'appartenance religieuse de la population est la suivante[2]. Une autre étude de juillet 2015, également menée par le CIS, réactualise les chiffres[3]. Enfin, la quatrième colonne présente l'étude de février 2017[4],[5] :
Religion | Part 2011 | 2015 | 2017 |
---|---|---|---|
Catholicisme | 70,1 % | 70,6 % | 68,4 % |
Sans religion | 16,2 % | 15,1 % | 16,8 % |
Athéisme | 1.5% | 9,7 % | 9,6 % |
Autres religions | 2,7 % | 2,3 % | 2,3% |
Pas de réponse | 2,2 % | 2,3 % | 3 % |
Les résultats du CIS[6] indiquent une évolution importante :