René Laforgue

René Laforgue
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René Joseph LaforgueVoir et modifier les données sur Wikidata
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Distinction

René Laforgue ( - ) est un psychiatre et psychanalyste français. Il est notamment à l'origine de la notion de névrose d'échec. Il participe en 1926 à la fondation de la Société psychanalytique de Paris dont il est le premier président.

Né en Alsace, à Thann, le , René Laforgue est mobilisé dans l’armée allemande en 1914-1918. Il étudie la médecine à Berlin, mais il soutient en France en 1919 sa thèse de médecine consacrée à « l'affectivité dans la schizophrénie »[1].

Activités psychanalytiques

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Il fait une psychanalyse avec Eugénie Sokolnicka alors chargée de mission pour Sigmund Freud en France[1]. En 1923, il ouvre la première consultation psychanalytique hospitalière en France, à l’hôpital Sainte-Anne dans le service d'Henri Claude. En 1925, il cofonde la revue L'Évolution psychiatrique.

Il crée avec René Allendy et Édouard Pichon, les premiers cercles freudiens en France, qui donneront naissance en 1926 à la Société psychanalytique de Paris dont il est le premier président[1]. Il participe en 1927 à la fondation de la Revue française de psychanalyse impulsée par Marie Bonaparte[2], aux côtés d'Angelo Hesnard, Charles Odier et Raymond de Saussure.

Il correspond avec Freud, écrit quelques ouvrages de référence, notamment Psychopathologie de l'échec, et analyse de nombreux psychanalystes parisiens, notamment Jean Bergeret, Françoise Dolto ou Ménie Grégoire.

Mise en cause à la Libération

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Son attitude durant la guerre et ses tentatives de collaboration avec l’Institut Göring de Berlin contrôlé par les Nazis lui valent d'être mis en cause après la guerre, par les autres psychanalystes de la Société psychanalytique de Paris qui pour leur part avaient choisi l'exil (Marie Bonaparte) ou la résistance, et dont certains exerçaient clandestinement après la fermeture de la Société en 1940[3].

Il est poursuivi après la guerre, notamment à la demande de ses collègues psychanalystes. Il se défend en indiquant qu'il avait hébergé son ami et éditeur Bernard Steele qui était juif, ainsi que des résistants dans sa propriété de La Roquebrussane, et qu'il avait facilité le passage d'Olivier Freud, un fils de Sigmund Freud et de son épouse par l'Espagne, et dirigé l'analyse d'Eva Freud[4],[5],[6]. Il est acquitté à l'issue d'un procès devant la section d'épuration de la cour d'appel de Paris[7], mais non réhabilité[4].

Sa carrière ne se remit pas de ces événements. Il participe à la revue Psyché de Maryse Choisy, puis en 1953, il quitte la Société psychanalytique de Paris pour la Société française de psychanalyse. Il s'installe en 1956 à Casablanca où il fonde un institut de psychanalyse. Il revient en France en 1956, en lien avec l'indépendance du Maroc[1].

Il meurt le dans le 16e arrondissement de Paris[8].

Théorisation de la névrose d'échec

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René Laforgue est à l'origine de la notion de « névrose d'échec », terme qu'il introduit en psychanalyse dans son ouvrage Psychopathologie de l'échec[9], paru chez Payot en 1939 (d'après la référence bibliographique donnée par Jean Laplanche et Jean-Bertrand Pontalis)[9] ou en 1941 dans Les Cahiers du Sud selon d'autres sources[10]. Selon Laplanche et Pontalis, cette notion est associée à de nombreux travaux de Laforgue consacrés à la fonction du surmoi, aux mécanismes d'auto-punition et à la psychopathologie de l'échec en général[9]. L'auteur repère en effet toutes sortes de syndromes d'échec dans la vie affective de l'individu ainsi que dans des groupes sociaux comme la famille, la classe, le groupe ethnique, en cherchant un ressort commun au fonctionnement de tels groupes  : l'action du surmoi[9].

Publications

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  • La Psychanalyse et les névroses (en collaboration avec René Allendy, préface de Henri Claude). Payot, 1924.
  • L'Échec de Baudelaire, Denoël, 1931
  • Misère de l'homme (Récit), Denoël, 1932
  • Clinique psychanalytique : conférences faites à l'institut de psychanalyse de Paris, Denoël, 1936
  • Relativité de la réalité, Denoël, 1937
  • Psychopathologie de l'échec (1941), Marseille, Les Cahiers du Sud ; Paris, Payot, 1944, nouv. éd. ; Paris, Payot 3e éd. revue, 1950 ; Genève, Édition du Mont-Blanc, revue par Délia Laforgue, 1963 ; puis Guy Trédaniel, 1990, (ISBN 2857076037)
  • Talleyrand (l'homme de la France), Edition Mont-Blanc, 1947
  • Essais sur la schizonoïa (articles de 1923-1929), Edition Mont-Blanc, 1965
  • Au-delà du scientisme (articles parus dans la revue Psyche), Edition Mont-Blanc, 1965
  • Réflexions psychanalytiques (articles parus dans la revue Psyche entre autres), Edition Mont-Blanc, 1965
  • Les Processus d'auto-punition (écrit principalement par Angelo Hesnard), Denoël et Steele, Paris, 1931, 83 p.

Correspondance

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Notes et références

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  1. a b c et d Jacques Postel, « René Laforgue (1894-1962) », Encyclopædia Universalis, consulté en ligne le 15 janvier 2023.
  2. Jean-Pierre Bourgeron, Marie Bonaparte et la psychanalyse. À travers ses lettres à René Laforgue et les images de son temps, Ed. Champion-Slatkine, 1993, (ISBN 2051009090)
  3. Simon Epstein (2008), Un paradoxe français. Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance, Albin Michel, collection Bibliothèque Histoire, p. 114.
  4. a et b copie du jugement dans Roudinesco, 1994, Histoire de la psychanalyse en France, vol. 2 : annexes, et p. 170–177
  5. Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, « Freud Olivier (1891-1969) », dans Dictionnaire de la psychanalyse, Paris, Fayard, (1re éd. 1997), 1789 p. (ISBN 978-2-253-08854-7, BNF 42534520), p. 524-526.
  6. Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, « Laforgue René (1894-1962) », dans Dictionnaire de la psychanalyse, Paris, Fayard, (1re éd. 1997), 1789 p. (ISBN 978-2-253-08854-7, BNF 42534520), p. 894-899.
  7. Alain de Mijolla, La France et Freud, p. 6.
  8. Base Léonore
  9. a b c et d Jean Laplanche et Jean-Bertrand Pontalis, « Névrose (ou syndrome) d'échec », dans Vocabulaire de la psychanalyse, Paris, Presses universitaires de France, (1re éd. 1967) (ISBN 2 13 038621 0).
  10. Par ex. « Bibliographie générale », in Alain de Mijolla (dir.), Dictionnaire international de psychanalyse, p. 1927 ou encore notice Worldcat [1].

Bibliographie

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  • Jean-Pierre Bourgeron,
    • Marie Bonaparte et la psychanalyse. À travers ses lettres à René Laforgue et les images de son temps, Ed. Champion-Slatkine, 1993, (ISBN 2051009090)
    • « Laforgue, René », dans Alain de Mijolla (dir.), Dictionnaire international de la psychanalyse, Paris, Hachette, (ISBN 201279145X), p. 949-950.
    • « Psychopathologie de l'échec », dans Dictionnaire international de la psychanalyse, Paris, Hachette, (ISBN 201279145X), p. 1400.
  • André Bourguignon,
    • « Un grand médecin, René Laforgue ». La Semaine des Hôpitaux de Paris, Information, 1962, nº 17, p. 4-5.
    • « Préface aux Réflexions psychanalytiques du Dr René Laforgue », Genève, Éditions du Mont Blanc, 1965.
    • « La discussion entre Freud et Laforgue sur la "Scotomisation" », Bulletin de l'association psychanalytique de France, 1967, 3 (2e semestre), p. 243 -249.
    • Les relations épistolaires de Freud et Laforgue, Annales médico-psychologiques, 1968, 126, t. 1, 2, p. 169-176.
  • Jean Laplanche et Jean-Bertrand Pontalis, « Névrose (ou syndrome) d'échec », dans Vocabulaire de la psychanalyse, Paris, Presses universitaires de France, (1re éd. 1967) (ISBN 2 13 038621 0). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Martine Lilamand, René Laforgue, fondateur du mouvement psychanalytique français. Sa vie, son œuvre, thèse non publiée, université de Paris Val-de-Marne, Créteil, 1980.
  • Alain de Mijolla,
    • « Névrose d'échec », dans Dictionnaire international de la psychanalyse, Paris, Hachette, (ISBN 201279145X), p. 1157-1158.
    • Freud et la France, 1885–1945, Presses Universitaires de France, 2010 (ISBN 2130545157)
  • Annick Ohayon, Psychologie et psychanalyse en France. L'impossible rencontre 1919–1969, Paris, La Découverte, 2006, (ISBN 2707147796)
  • Marie-Odile Pisot Poivet, René Laforgue. Sa place originale dans la naissance du mouvement psychanalytique français, 1978, thèse non publiée, université de Paris Val-de-Marne, Créteil
  • Élisabeth Roudinesco,
    • « René Laforgue ou la collaboration manquée Paris/Berlin, 1939-1942. Documents concernant l'histoire de la psychanalyse en France durant l'Occupation », Cahiers Confrontation, 16, automne 1986, p. 243-278.
    • Histoire de la psychanalyse en France. 2 1925-1985, Paris, Fayard, , 781 p. (ISBN 2-213-59360-4), p. 698-.
  • Élisabeth Roudinesco et Michel Plon,
    • « Laforgue René (1894-1962) Psychiatre et psychanalyste français », dans Dictionnaire de la psychanalyse, Paris, Fayard, (1re éd. 1997), 1789 p. (ISBN 978-2-253-08854-7, BNF 42534520), p. 894-899. Document utilisé pour la rédaction de l’article
    • « Freud Olivier (1891-1969), fils de Sigmund Freud », dans Dictionnaire de la psychanalyse, Paris, Fayard, (1re éd. 1997), 1789 p. (ISBN 978-2-253-08854-7, BNF 42534520), p. 524-526. Document utilisé pour la rédaction de l’article

Articles connexes

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Liens externes

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