Roger Madec | |
Fonctions | |
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Conseiller de Paris | |
En fonction depuis le (35 ans, 6 mois et 17 jours) |
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Élection | 19 mars 1989 |
Réélection | 18 juin 1995 18 mars 2001 9 mars 2008 13 avril 2014 28 juin 2020 |
Circonscription | 19e arrondissement |
Sénateur de Paris | |
– (13 ans) |
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Élection | 26 septembre 2004 |
Réélection | 25 septembre 2011 |
Groupe politique | SOC |
Maire du 19e arrondissement de Paris | |
– (17 ans, 7 mois et 10 jours) |
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Élection | 18 juin 1995 |
Prédécesseur | Michel Bulté |
Successeur | François Dagnaud |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Paris |
Nationalité | Française |
Parti politique | Parti socialiste |
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Roger Madec, né le à Paris, est un homme politique français, conseiller de Paris, ancien maire 19e arrondissement et ancien sénateur de Paris.
Après l'obtention du baccalauréat[1], Roger Madec a commencé sa carrière politique comme secrétaire de section socialiste (19e section Eugène Pottier) à la fin des années 1970, dans le sillage de Manuel Escutia, leader local de ce parti (courant CERES) à l’époque. En , lorsque Manuel Escutia est élu député du 19e arrondissement, celui-ci choisit Roger Madec comme assistant parlementaire.
En 1986, Manuel Escutia est écarté de son mandat parlementaire par la fédération de Paris, qui ne l'investit pas sur la liste pour des élections législatives qui se tiennent, cette fois, à la proportionnelle départementale. Manuel Escutia le reproche à Georges Sarre, leader parisien du courant Socialisme et République, et rompt avec ce courant. Roger Madec, devenu assistant parlementaire de Georges Sarre, s'oppose alors violemment à Manuel Escutia.
Chef d'un courant très minoritaire, Roger Madec pratique un habile jeu d'alliances variées qui lui permet de devenir incontournable et de renforcer rapidement son influence[2].
En , lors des investitures pour de nouvelles élections législatives, de nouveau convoquées en scrutin d'arrondissement, Roger Madec s'allie avec un nouveau venu chez les socialistes et dans le 19e arrondissement : Jean-Christophe Cambadélis, trotskyste historique et, pour cette raison, proche depuis longtemps de Lionel Jospin. Le député sortant, Alain Billon, fabiusien, fait les frais de cette alliance et perd son siège. Roger Madec, après la victoire nationale du PS, est nommé chef de cabinet de Georges Sarre nouveau Secrétaire d'État aux transports dans le gouvernement Rocard[3].
En 1989, lors de la composition des listes socialistes aux élections municipales, Roger Madec rompt son alliance avec Jean-Christophe Cambadélis, s'allie avec A. Billon et les rocardiens, s'oppose au « parachutage » de Claude Estier[4] et arrache la tête d'une liste municipale socialiste homogène. Celle-ci est largement battue par la liste chiraquienne de Jacques Féron (CNI)[5]
Pour les observateurs, cet échec semble scellé d'une marque définitive[6]. En fait, il n'en est rien : dès le congrès de Rennes du PS, R. Madec renforce son courant au sein des sections du XIXe[7]. En fait, s'étant placé au centre de l'échiquier politique local, Roger Madec va pouvoir, bien que très discret et peu connu au sein de la fédération de Paris, s'affirmer désormais comme le leader du PS 19e.
La guerre du Golfe, et la crise que celle-ci provoque au sein du PS, lui permet un astucieux retournement politique. Officiellement aligné sur les positions anti-guerre de Jean-Pierre Chevènement et Georges Sarre, Roger Madec laisse ses militants se mobiliser contre la guerre. Lorsque Jean-Pierre Chevènement démissionne du gouvernement, la crise éclate dans son courant parisien : certains leaders (Michel Charzat, Patrick Bloche) prennent clairement le parti de François Mitterrand ; Georges Sarre hésite, critique d'abord Jean-Pierre Chevènement à qui il reproche d'avoir « mal choisi son moment » pour démissionner, puis finalement choisit de lui rester fidèle. Roger Madec feint d'adopter la même posture ; il parvient ainsi à préserver sa désignation comme candidat éligible aux élections régionales. Une fois celle-ci acquise, il annonce par voie de presse sa rupture avec le courant chevènementiste et son ralliement à la majorité mitterrandiste du PS[8].
Ainsi introduit dans le courant majoritaire du PS, Roger Madec obtient facilement l'investiture aux municipales de 1995. Profitant du premier recul des listes RPR[9], et du maintien au second tour de la liste du Front National, la liste conduite par Roger Madec l'emporte de justesse au second tour[10] et son leader est élu maire du XIXe.
Il est réélu aux municipales de 2001[11], qui permettent à Bertrand Delanoë de devenir maire de Paris. Roger Madec est désigné quelques heures comme adjoint au maire de la mairie centrale. Mais il préfère son fief du XIXe et cède sa place parisienne à son bras droit, François Dagnaud[12].
Élu sénateur de Paris en 2004, Roger Madec tient d'une majorité forte, la section du PS XIXe, ne laissant à Jean-Christophe Cambadélis, son opposant local, que le bénéfice de son mandat de député. Dans la composition de la liste socialiste aux municipales - qui reste sa grande affaire - Roger Madec place ses proches et choisit ses alliés.
En 2008, la liste Roger Madec (PS - PC, mais sans les Verts qui font liste à part[13]) est reconduite aux municipales dès le 1er tour de scrutin[14]. Parti de 23 % aux municipales de 1989, Roger Madec remporte vingt ans plus tard 52 % des suffrages exprimés.
Roger Madec est réélu sénateur de Paris lors du renouvellement de , qui a vu le Sénat basculer à gauche.
En , lorsque se prépare le congrès socialiste de Reims, Roger Madec se range sur la motion du maire de Paris, Bertrand Delanoë[15]. Il s'en distancie, à l'été 2011, en annonçant son soutien à François Hollande[16]. Son arrondissement ne le suit toutefois pas, Martine Aubry emportant au second tour 54,14 % des suffrages exprimés dans le 19e arrondissement[17].
Cette prise de distance à l'égard de Bertrand Delanoë est accompagnée d'autres signaux discrets, qui marquent certains rapprochements avec Jean-Marie Le Guen, député du 13e arrondissement et rival socialiste du maire : soutien tardif[18] mais appuyé[19] à Dominique Strauss-Kahn, approbation du principe de primaires ouvertes à toute la gauche pour la désignation du futur candidat-maire de Paris[20].
Le , Roger Madec annonce pourtant son soutien à Anne Hidalgo[21] pour succéder à Bertrand Delanoë à la Mairie de Paris. Son ami et premier adjoint à la mairie du XIXe arrondissement, François Dagnaud, est l'un des deux noms (avec Jean-Louis Missika) cités par Anne Hidalgo pour diriger sa campagne[22]. Simultanément, Roger Madec prend position pour Jean-Christophe Cambadélis dans la course à la tête du PS, au nom d'une « relation… dense et fructueuse (depuis des années, même si), faite aussi – parfois – de divergences »[23].
Le , il annonce qu'il quitte son poste de maire du 19e arrondissement de Paris[24]. Le , le conseil d'arrondissement élit François Dagnaud pour lui succéder[25]. En , il succède à Jean-Yves Mano à la présidence de Paris Habitat OPH.
Lors de l'élection municipale de 2014 à Paris, il est 3e de la liste PS dans le 19e arrondissement ; il est donc réélu conseiller de Paris.
En , son assistant parlementaire, Yacine Chaouat (qui avait été nommé en secrétaire national adjoint chargé de l'intégration au Parti socialiste puis avait dû démissionner quelques jours plus tard, à la suite de sa condamnation à six mois de prison avec sursis pour violences conjugales aggravées sur sa conjointe d'origine tunisienne, qui l'accusait de l'avoir battue à coups de ceinturon et de l'avoir attachée à un radiateur, l'obligeant à rester dans leur appartement), fait l'objet d'une enquête policière pour apologie du terrorisme sur sa page Facebook avec appels au djihad et des images d'égorgements. L'affaire est révélée par Le Canard enchaîné le [26],[27].
En vue de l'élection présidentielle de 2017, il soutient Emmanuel Macron[28]. Pour les sénatoriales de 2017 il appelle de nouveau à voter pour la liste LREM dans la capitale et dit souhaiter un rassemblement autour de LREM[29] et ne se représente pas. Malgré ce soutien affiché à la majorité présidentielle Roger Madec est de nouveau candidat lors des élections municipales de 2020 à Paris en troisième position sur la liste du maire sortant François Dagnaud dans le 19e arrondissement de Paris. Selon le politologue Rémi Lefebvre, cette candidature suscite de nombreuses critiques internes au sein de la fédération parisienne du Parti socialiste[30].
En , alors que la France doit prendre position sur la demande d'adhésion à l'ONU de la Palestine, Roger Madec signe[31] une « lettre à Nicolas Sarkozy » qui lui demande solennellement de « s'opposer à la résolution visant à imposer de façon unilatérale la reconnaissance d'un État palestinien. » Cette position, qui s'inscrit dans une démarche associant des parlementaires des deux bords, s'oppose alors directement à la position officielle du Parti socialiste[32],[33],[34].
En 2012, il salue toutefois le vote « consacrant la Palestine comme un État observateur » à l'ONU comme un « grand pas pour arriver vers une paix durable », tout en soulignant qu'il comprend « les inquiétudes et doutes que peut ressentir Israël à cette nouvelle »[35].
Roger Madec est favorable au mariage homosexuel, à la procréation médicalement assistée[36] et à la gestation pour autrui[37]. Il a condamné avec violence les positions de l'Église catholique à ce sujet qui, selon lui, « assume sans fausse note cette discrimination qui interdit aux couples de même sexe le mariage. L'Église catholique aurait pu avoir le bon goût, sinon la décence, de s’interdire toute référence aux droits de l’enfant. »[38]. Il a de même dénoncé la position de la philosophe Sylviane Agacinski comme « récidive rétrograde » pour avoir soutenu « une parentalité naturelle, c’est-à-dire fondée sur la différence de sexe[39]. »
Le , lors du tournage dans la salle des mariages de la mairie d'arrondissement d'un numéro de l'émission de France 2 Complément d'enquête, consacré à l'homosexualité, Roger Madec a fait couper l'électricité pendant l'interview de la porte-parole de l'opposition au mariage pour tous, Frigide Barjot. Le maire explique cette réaction en estimant que « les équipes de l'émission avaient été malhonnêtes et qu'il est hors de question que Frigide Barjot puisse venir s'exprimer dans ma mairie » en ne communiquant pas une liste d'invités sincère, ce à quoi Benoît Duquesne, présentateur du programme, rétorque que cette liste est mouvante. Roger Madec écrit au président de France Télévisions pour se plaindre de la méthode employée par les journalistes[40].