Roger Viry-Babel, né le à Mirecourt et mort en 2006 à Nancy, est un universitaire et un cinéastefrançais. Pionnier de l'enseignement de l'audiovisuel à l'université, il a consacré sa vie à lier un travail cinéphilique, pédagogique et régionaliste. Il se définissait comme un saltimbanque.
Petit-fils d’un luthier et d’une brodeuse de Mirecourt, Roger Viry-Babel naît le dans la commune, quelques mois après la mort accidentelle de son père[1]. Sa mère est institutrice[2]. Son enfance se passe à Nancy, à la cité universitaire dont son père adoptif est directeur. Cette enfance passée au sein de l'université même expliquera en partie son attachement futur à l'université de Nancy.
Il fréquente le lycée Henri-Poincaré, où il obtient son baccalauréat, puis entreprend des études de littérature française qui le conduisent à travailler sur Albert Camus. Durant ses études, en 1965, il devient vice-président du journal étudiant L'Écho des Lettres où il publie ses premières critiques cinématographiques. En 1969, il se marie avec Françoise Charmoillaux dont il a quatre enfants : Jean Viry-Babel, Gérard, François et Anne.
L'année suivante, il devient assistant de littérature française à l'UER Lettres à Nancy. Dans ce cadre, sous la direction de Guy Borelli, il organise le premier colloque sur l'enseignement et le cinéma (Nancy, 1973) et entreprend un travail sur le film La Grande Illusion de Jean Renoir. Il se forge une culture cinéphilique (le scénariste Henri Jeanson le cite dans ses mémoires Soixante-dix ans d'adolescence[Où ?]) et une solide réputation dans l'audiovisuel régional, où il apprend le métier de cinéaste aux côtés du réalisateur Michel Guillet.
En 1974, il participe à la création du Fufu, le Festival universitaire du film underground, à Nancy, dont il devient le premier président.
Cela le conduit à être choisi comme directeur de Radio France Nancy (1983-1985). Il donnera libre antenne à plusieurs jeunes auteurs lorrains dont Lefred-Thouron, Francis Kuntz et Kleude. Durant cette période, avec Noël Nel, il crée des diplômes universitaires en cinéma (licence, maîtrise, puis DEA). Après une thèse d'État sur les femmes chez Jean Renoir et un ouvrage Jean Renoir, le jeu et la règle, il devient professeur des universités en 1987. Il a 42 ans et affirme ses engagements : en 1989, il est conseiller municipal PS de Vandœuvre-lès-Nancy, ainsi qu'en 1992.
Ces travaux ne l'empêchent pas de continuer à publier. En 1993, il obtient d'ailleurs le prix de l'Académie des Beaux-Arts, pour le livre coécrit avec Daniel Corinaut, Travelling du rail. Il devient associé-correspondant de l'Académie de Stanislas[3].
Parallèlement à ses activités universitaires, il s'affirme dans des stratégies de production : producteur de l'émission Continentales (FR3) en 1995, producteur de l'émission Je me souviens de 1990 à 1997, cofondateur de la société Ere production (Nancy) en 1996.
En 2003, il obtient le prix Jacques-Rosenberg (fondation Auschwitz) pour le film, coréalisé avec Régis Latouche, Français pour 42 sous. L'ensemble de sa carrière sera salué en 2005 par sa nomination au titre de chevalier des Arts et Lettres.
2004 : Le Neveu de Rameau - mise en scène Gilles Losseroy, captation André Villeroy et Brice Roustang, théâtre : "Moi", aux côtés de Fabrice Colombero, "lui"
« Il me faut avouer que dans ces années passées, la communication que j’ai tenté d’établir avec un lecteur, un spectateur ou un auditeur toujours anonymes, ne s’est jamais faite qu’avec passion et raison. La passion d’apprendre, mais aussi celle d’enseigner et de distraire (on ne fait bien les choses qu’avec humour), la passion de l’Histoire que m’ont inoculée mes maîtres dans cette université. Mais aussi cette raison qui pousse à démontrer que l’image n’est en rien inférieure (ou supérieure) à l’écrit et que la parole peut ne pas être futile. »
« Le magnétoscope eut aussi des effets pervers. Il fit prendre l'image vidéo comme seule réalité cinématographique, vidant les salles de cinéma, détournant les étudiants du plaisir de voir ensemble dans le noir, de partager un rituel festif qui entrait dans notre plaisir de voyeur cinématographique. »[7]
↑« Éloge du professeur Roger Viry-Babel par Monsieur Louis-Philippe Laprévote », « Éloges funèbres des membres décédés en 2005-2006 », in Mémoires, tome XX, Académie Stanislas, 2006