De maistre Guillaume de Saint Amour (d), Les Jacobins (d), La descorde de l'Université et des Jacobins (d), Brichemer (d), La complainte de maistre Guilliaume de Saint Amor (d)
Il doit probablement son nom au surnom « Rudebœuf » (bœuf vigoureux) qu'il utilise lui-même dans son œuvre[2]. On ne sait quasiment rien de sa vie sauf qu'il était probablement un jongleur avec une formation de clerc car il connaissait le latin. Il serait originaire de Champagne (il a décrit les conflits à Troyes en 1249), mais a vécu adulte à Paris. Son œuvre, très diversifiée, qui rompt avec la tradition de la poésie courtoise des trouvères, comprend des hagiographies (Vie de Sainte Helysabel), du théâtre (Le Miracle de Théophile), des poèmes polémiques et satiriques (Renart le Bestourné ou Dit de l'Herberie) envers les puissants de son temps. Rutebeuf est aussi l'auteur d'une œuvre dont la tonalité est personnelle : il est l'un des premiers à nous parler de ses misères et des difficultés de la vie. Parmi ses vers les plus célèbres, on trouve certainement ceux issus des Poèmes de l’infortune : « Que sont mes amis devenus, que j’avais de si près tenus, et tant aimés… ».
Le Dit des Cordeliers (Li diz des Cordeliers ou Des Cordeliers), été ou automne 1249[5] : Plaidoyer en faveur des Franciscains de Troyes, en conflit avec les curés, les chanoines et les autres établissements monastiques locaux s'opposant à leur installation au centre de la ville[5].
Le Dit du pet au vilain ou Le Pet du vilain, non daté, peut-être une « œuvre de jeunesse » selon Michel Zink[6] : fabliau
L'État du monde (L'Estat du monde), peut-être un peu après 1252[8]
De Monseigneur Ancel de l'Isle, entre 1252 et 1260[9] : complainte déplorant la mort d'Ancel III de l'Isle (+ 1252/60), seigneur de l'Isle-Adam et de Valmondois[9].
Le Testament de l'âne (Li testament de l'asne), vers 1253 ou 1254[10], fabliau ou « conte de l'âne enterré en terre consacrée et dont le prêtre, menacé de prison par l'évêque, révèle que l'âne avait légué une forte somme d'argent à l'évêque, qui est aussitôt apaisé[11] »
La Discorde des Jacobins et de l'Université ou La Discorde de l'Université et des Jacobins (La descorde de l'Université et des Jacobins), hiver 1254-1255[12]
La Complainte de Monseigneur Geoffroy de Sergines, fin 1255 ou en 1256[13]
D'Hypocrisie ou Du Pharisien (à distinguer du Dit d'Hypocrisie), poème qui aurait été composé sur commande pour le [14]
Le Dit de Maître Guillaume de Saint-Amour ou De Maître Guillaume de Saint-Amour, septembre ou [15]
la Complainte de Maître Guillaume de Saint-Amour, en 1258, peut-être au printemps[15]
Le Dit des règles, Des Règles ou Les règles monastiques, printemps 1259[16]
Voici l'une des plus courtes œuvres de Rutebeuf, Le Dit des ribauds de Grève[29] :
Texte original
Ci encoumence li diz des ribaux de grève
Ribaut, or estes vos a point:
Li aubre despoillent lor branches
Et vos n'aveiz de robe point,
Si en aureiz froit a voz hanches.
Queil vos fussent or li porpoint
Et li seurquot forrei a manches!
Vos aleiz en été si joint,
Et en yver aleiz si cranche!
Vostre soleir n'ont mestier d'oint:
Vos faites de vos talons planches.
Les noires mouches vos ont point,
Or vos repoinderont les blanches. Explicit.
Français modernisé
Le dit des Ribauds de Grève
Ribauds, vous voilà bien en point !
Les arbres dépouillent leurs branches
et d'habit vous n'en avez point,
aussi aurez-vous froid aux hanches.
Qu'il vous faudrait maintenant pourpoints,
surcots fourrés avec des manches !
L'été vous gambadez si bien,
l'hiver vous traînez tant la jambe !
Cirer vos souliers ? Pas besoin :
vos talons vous servent de planches.
Les mouches noires vous ont piqués,
À présent, c'est le tour des blanches.
↑Zink 2001, p. 63 : « L'absence de toute doctrine, de toute polémique en dehors du traditionnel mépris des vilains, de tout engagement de l'auteur, laisse supposer qu'il s'agit d'une œuvre de jeunesse ».
↑Zink 2001, p. 213 : « On considère ordinairement que ce poème relève du même esprit que les Griesches [datées de v. 1260 par Zink] et doit avoir été composé vers la même époque ».
↑Rutebeuf, Œuvres complètes (Texte établi, traduit, annoté et présenté avec variantes par Michel Zink), Paris, Bordas (Classiques Garnier), t. 1, 1989, t. 2, 1990. Texte original et traduction française en ligne sans les notes et la présentation : [lire en ligne], [lire en ligne]
Julien Stout, « Une vie en plusieurs exemplaires : observations sur le contexte manuscrit des Poèmes de l’Infortune de Rutebeuf », Études françaises, vol. 48, no 3, , p. 33-58 (lire en ligne)
Œuvres complètes de Rutebeuf (texte original et traduction française), tome 1 et tome 2Publication en ligne sur le site de la BNF du texte original et de la traduction française par Michel Zink (sans les annotations et la présentation) de son édition des œuvres de Rutebeuf de 1989-1990.