À son tour, le réalisme poétique aura une influence importante sur le cinéma néoréaliste Italien et sur la Nouvelle Vague.
Le réalisme poétique se résume à deux tendances :
Des personnages et un environnement populaire (ouvriers surtout, mais aussi soldats, prostituées etc.). Le courant accompagne de près le mouvement du Front populaire en France dont il est en quelque sorte la voix. La quasi-totalité des films se situent dans un cadre urbain, concentré sur l'idée même de la ville et des échanges qui y ont lieu. C'est le côté «réaliste».
Des personnages maudits, souvent marginaux[1] et parias (le déserteur du Quai des brumes par exemple), représentants d'une classe sociale, mais aussi et surtout marqués par un fatalisme qui leur est propre. Le destin et la fatalité ont d'ailleurs une place prépondérante dans ces films. C'est le côté «poétique». Le jour se lève ou La Bête humaine sont, par exemple, entièrement construits sur cette idée.
Le réalisme poétique est le premier grand courant cinématographique français du cinéma parlant. Il romance et met en évidence les enjeux dramatiques, notamment sous l'influence de Prévert. Une grande partie des scènes sont d'ailleurs tournées pour servir ces dialogues, dans le sens où la parole, l'idée exprimée verbalement, devient le centre d'attention. Un traitement issu à la fois du cinéma expressionniste et du documentaire. Les films expressionnistes des années 1920 représentent souvent la ville comme la personnification du vice, les rues sont déformées, les architectures torturées, suggérant ainsi une certaine déviance des milieux bourgeois. Le réalisme poétique reprend cette idée, mais de façon plus souterraine, principalement pour les scènes de nuit (l'éclairage des rues subit des effets plus discrets, les rues sont brumeuses, ombrées, baignant dans une sorte d'entre-deux). Ce travail subtil sur la lumière est sans doute l'élément visuel le plus caractéristique du réalisme poétique. Les scènes de jour sont quant à elle traitées de manière plus naturaliste, à la manière du documentaire[2]. Les décors sont énormément travaillés. Les décorateurs recherchent une sublimation du réel plus qu'un réalisme. Ils créent aussi des structures qui permettent des jeux de lumière et de caméra, notamment des plans inclinés pour des perspectives forcées[3] et ils juxtaposent décors en studios et décors naturels[4].