Fille d'un contrôleur, ancien comédien et directeur de troupe, et d'une caissière du théâtre de l'Ambigu, elle devient à quinze ans l'élève de Regnier au Conservatoire.
C'est le rôle-titre de Madame Sans-Gêne de Victorien Sardou, créée au théâtre du Vaudeville en 1893, qui lui apporte la célébrité. Cette même année, enceinte de son amant, le comédien et directeur de l'Odéon, Paul Porel, avec lequel elle entretient une liaison depuis plusieurs années (c'est pour elle que Porel avait accepté de créer Germinie Lacerteux), elle l'épouse et lui donne un fils, Jacques, puis une fille, Germaine. Ils s'installent au 25, avenue Franklin-Roosevelt (alors « avenue d'Antin »), dans le 8e arrondissement.
En 1895, sa tournée en Amérique dans le rôle de Madame Sans-Gêne décuple sa notoriété et New York lui fait un triomphe.
En 1898, Albert Besnard fait d'elle un portrait en pied[3]. Le guide Paris-Parisien la considère, en 1899, comme une « notoriété de la vie parisienne », « la plus parisienne des comédiennes »[4].
Elle divorce de Porel en 1905, puis rachète l'année suivante le Nouveau-Théâtre de Lugné-Poe, rue Blanche (9e), qu'elle rebaptise théâtre Réjane après de grands travaux. Elle y donne la première française de L'Oiseau bleu de Maurice Maeterlinck en 1911 et reprend avec le même succès Madame Sans-Gêne. Elle cède la salle en 1918 au producteur Léon Volterra qui lui donne son nom actuel de théâtre de Paris.
Le mondain Gabriel-Louis Pringué l'évoque ainsi : « Je déjeunais de temps à autre chez Mme[Louis] Stern avec Mme Réjane [...] qui arrivait rue du Faubourg-Saint-Honoré dans un équipage particulier : une voiture affectant la forme d'un cab anglais, mais à quatre roues, traînée par des mules harnachées de grelots et de pompons, cadeau du roi d'Espagne, Alphonse XIII, qui admirait la conversation de la célèbre artiste (qui) avait un esprit de vif-argent, sa conversation se montrait un perpétuel feu d'artifice[5]. ».
Elle habitait à Asnières-sur-Seine, au 24, villa Davoust, une « folie » démolie en 1992 malgré l'avis défavorable de l'architecte des Bâtiments de France. À sa place s'élève aujourd'hui l'école maternelle et élémentaire Réjane.
Marcel Proust vit Réjane sur scène pour la première fois le soir de la première de Germinie Lacerteux. Réjane disputait alors à Sarah Bernhardt le titre de plus grande actrice de la Belle Époque. Ces deux grandes comédiennes servirent de modèle au personnage de la Berma auquel rêve le narrateur d'À la recherche du temps perdu.
Jacques Porel, fils de Réjane, et Marcel Proust devinrent bons amis après la Grande Guerre. Réjane invita Proust à occuper un appartement dans sa maison. Le jour où Proust y emménagea, il reçut les premières épreuves du Côté de Guermantes et ajouta certains traits de la personnalité de Réjane au personnage fictif de la Berma.
Réjane et Paul Porel sont les parents de la comédienne Germaine Porel, mariée en 1916 au chirurgien américain Philip Duncan Wilson[10] (1886-1969), et de l'écrivain Jacques Porel (1893-1982), qui épousa en secondes noces la comédienne Jany Holt (1909-2005).
Jacques Porel est le père, avec sa première épouse Anne-Marie Duval (1890-1935), de la comédienne Jacqueline Porel (1918-2012) qui a eu, elle-même, quatre enfants :
François Baudot, Réjane, la Reine du boulevard, Éditions 7L, 2001. Non paginé [82] p. : fig., pl., portr., dépl. ; 38 cm. (ISBN3882437529 et 978-3882437522)
Réjane ou la Belle Époque, Privat/Loin de Paris, 2020, 226p.. Jacques Porel. Préambule par François Baudot, avant-propos par Jean-Marie Périer, Le texte de Jacques Porel est issu de l'ouvrage "Fils de Réjane, souvenirs", Plon, 1951 et le préambule de François Baudot est issu de l'ouvrage "Réjane", 7L, 2001
Les Hommes du jour, n° 205, daté du 23 Décembre 1911. Étude de Maurice Verne et portrait par Poulbot.
Nos jolies actrices photographiées par Reutlinger. Paris : L. Baschet, (1896).- In-4° oblong, 82 p., suite de portraits"Le Panorama", livraisons 1-16 Titre orné en r. et bleu Photogr. de : Gabrielle Réjane-Porel.